Chantier 18 PRÉVENTIF- Marcq-en-Barœul

Chantiers archéologiques 

Nord


Marcq-en-Barœul,

« Le Cheval Blanc »


Occupations rurales gauloise et romaine, campement militaire de 1792-1794


Époques :

  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • La Tène finale
  • Antiquité
  • Moyen Âge
  • Temps modernes


Nord


Marcq-en-Barœul,

« Le Cheval Blanc »


Occupations rurales gauloise et romaine, campement militaire de 1792-1794

 


Époques :

  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • La Tène finale
  • Antiquité
  • Moyen Âge
  • Temps modernes

Nord


Marcq-en-Barœul,

« Le Cheval Blanc »


Occupations rurales gauloise et romaine, campement militaire de 1792-1794
 

Époques :

  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • La Tène finale
  • Antiquité
  • Moyen Âge
  • Temps modernes

Le projet d'aménagement de la zone du Pavé Stratégique à Marcq-en-Barœul se rapporte à la construction du siège international de la marque Domyos de Décathlon (nouvellement renommé Oxylane) sur une superficie d'emprise totale de 17,27 hectares. Dans ce cadre, un diagnostic archéologique, dirigé par Benoît Leriche (INRAP), s'est déroulé du 19 au 28 février 2007. Cet espace, entre la rocade Nord-Ouest (RN352), la rue Ducroquet, la rue du Pavé Stratégique et la rue du Général de Gaulle (RN17), se développe en limite des communes de Marcq-en-Barœul, lieu-dit Le Cheval Blanc et de Bondues, lieu-dit Chat de la Folie. Le site est positionné sur une terrasse peu marquée (22,5 m NGF) dominant la vallée de la Marque, sur une légère pente orientée nord-sud et non loin de la confluence de la vallée de la Deûle et la vallée de la Marque.

L'opération de fouille préventive s'est déroulée du 31 mars au 25 août 2008 sur une surface totale de 4,70 ha dont plus de 2,50 ha de fouilles extensives. Les vestiges mis au jour sur le site mettent principalement en valeur une occupation rurale continue et croissante de l'espace qui se développe depuis La Tène ancienne jusqu'au second siècle de notre ère. Six grandes phases, allant du Néolithique à la période contemporaine, ont donc pu être déterminées sur le site, reflétant une logique d'installation, d'évolution et d'organisation d'un terroir.

Le choix d'implantation du site s'est porté vers les plaines humides, non loin des cours d'eau, ce que nous confirme les restes carpologiques et anthracologiques en partie constitués de plantes (rumex des marais) et d'arbres (saule) adeptes de ces milieux humides. La densité de chablis coupés par l'ensemble des structures, marque un besoin de déboisement et de défrichement afin de permettre l'installation des premiers habitants. Même si quelques artefacts datés du Mésolithique et du Néolithique final (phase 1) ont été recueillis sur le site, les prémices de l'occupation apparaissent à La Tène ancienne (phase 2-1) et se caractérisent par un habitat composé de bâtiments sur poteaux (habitat, grenier), d'un fond de cabane et de fosses d'extraction et de rejets et délimité par des fossés et des clôtures. Une certaine structuration de l'espace est notable dès cette période datée entre 475 et 450 avant J.-C.


À La Tène moyenne (phase 2-2), l'abandon des premiers enclos fait place à une organisation particulière de l'espace. En effet, le système d'espaces encadrés par des fossés est modifié et partiellement remplacé par l'emploi de fossés autour desquels s'organisent plus ou moins librement les structures (bâtiments sur poteaux ou sur sablières, fosses d'extraction et de rejets). L'ensemble des tronçons de fossés repérés dessinent une sorte d'arc de cercle. Deux états ont pu être définis principalement grâce au mobilier céramique. La mise en place de l'occupation (état 1) s'opère avec la reprise et l'adaptation d'une partie du système fossoyé antérieur. Puis, le second état marque l'abandon de certaines structures notamment les fosses d'extraction au profit d'autres. La fosse 553, qui a livré un mobilier très intéressant avec une quantité importante de tessons de céramique, de restes fauniques, de fragments de torchis avec des traces du clayonnage, une fibule et deux supposées fibules, un fragment de meule, un fragment de hache polie, des éclats de silex, deux fusaïoles retaillées, deux pesons fragmentés, une perle bleue et une demie perle brune ainsi que de nombreux charbons de bois, appartient à ce second état .


L'installation de La Tène finale (phase 2-3) est caractérisée par l'abandon des anciens systèmes de structuration pour la mise en place d'un enclos rigoureusement tracé et d'un aménagement strict des espaces intérieurs. L'occupation est toujours matérialisée par des fossés mais la distinction est nette entre l'enclos principal et le réseau fossoyé étendu. La définition plus poussée de ces espaces rend l'interprétation des différents ensembles plus aisée. L'enclos principal, quadrangulaire et bipartite couvre une superficie estimée de 3 240 m². Il est délimité par des fossés atteignant jusqu'à 1,80 m de largeur et 0,70 m de profondeur conservée. Il représente le modèle dit « typique » ou « standardisé » de la fin de l'âge du Fer et est daté entre 120 et 90 avant J.-C.


Dans l'évolution des enclos, une mutation s'opère à l'aube de la période gallo-romaine (phase 3) avec le passage de tracés curvilignes à des enclos quadrangulaires ou trapézoïdaux réguliers. Dans ce sens, la taille et la proportion des enclos augmentent jusqu'à l'abandon du site qui intervient à la fin du IIe siècle de notre ère, en passant d'une superficie approximative de 2 600 m² à plus d'un hectare pour la dernière phase gallo-romaine. L'organisation et la composition de l'espace, mises en place à La Tène finale, se poursuivent à la période augustéenne (phase 3-1, 25-20 avant J.-C. à 15-20 après J.-C.), tibéro-claudienne (phase 3-2, 15-20 après J.-C. à 40-45 après J.-C.) et ce jusqu'au milieu du second siècle de notre ère (phase 3-3, 85-90 après J.-C. à environ 150 après J.-C.).


L'espace interne des enclos laténiens et gallo-romains est contraint par une même rigueur dès La Tène finale. Une cour centrale vide permet de circuler et d'accéder aux différentes zones d'habitat ou d'activités. Les bâtiments, quelle que soit leur fonction (grenier, habitat, remise, grange, annexe), sont disposés le long des fossés. Une largeur constante est maintenue entre les fossés et les bâtiments. Ils s'accompagnent de structures liées à l'alimentation en eau (puits, mares), au stockage (greniers, silo), de fosses d'extraction et de rejets. Un fractionnement de l'enclos, grâce à des fossés de partition ou des clôtures, permet de séparer les zones d'habitat des zones d'activités ou des aires de pacage et de culture. L'ensemble du mobilier spécifique recueilli (fusaïoles, pesons, moules à sel, meules, molettes) marque uniquement les besoins quotidiens de l'établissement rural.


L'alimentation en eau du site s'effectue grâce aux mares pour les premières phases puis par le moyen de deux puits pour la dernière phase gallo-romaine (phase 3-3) après comblement définitif des mares. Sur le site, l'établissement des différents enclos et occupations semble prendre en compte l'emplacement des mares. Ces étendues d'eau s'intègrent parfaitement aux différents enclos qui se succèdent depuis La Tène ancienne jusqu'à la période gallo-romaine (phase 3-2).



Le site nous a donc livré l'image de l'installation et de l'évolution d'établissements ruraux à vocation agro-pastorale du milieu du Ve s. avant J.-C. au milieu du IIe s. après J.-C. 

Après un long hiatus, le site est marqué par quelques structures isolées (fosses de rejets et fossés) d'époque médiévale (phase 4, 1300-1400 après J.-C.). Il est ensuite fortement perturbé à la période moderne (phase 5) par deux événements : la campagne militaire de 1792-1794, matérialisée sur le terrain par la présence de fosses de rejets alignées contenant de nombreux charbons de bois et quelques objets spécifiques (boutons militaires,...) qui semblent être les vestiges d'un petit campement militaire français, et la mise en place du parcellaire « napoléonien ». La dernière phase contemporaine (phase 6) est attestée par le présence de fossés appartenant au parcellaire actuel ainsi que de nombreux fossés de drainage et drains liés à l'exploitation agricole du site.

 

Delphine Cense, Responsable d'opération.

Contacter Delphine Cense


ARTICLES :

CENSE D., FLORENT G., OUESLATI T., « L’habitat rural du Ve s. av. J.-C. au IIe s. ap. J.-C. à Marcq-en-Baroeul, Le Cheval Blanc », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, T.91, 2009, N°383, p. 75-153.

 

CENSE D., coll. OUESLATI T., « Un petit campement militaire temporaire au cours du conflit franco-autrichien de 1792-1794 sur le site Marcq-en-Baroeul, Le Cheval Blanc », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, 2011, Tome 92, p. 19-37.


CENSE D., coll. OUESLATI T.,  SAVE S., VAUGHAN-WILLIAMS A., « Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires. L'exemple d'un bivouac du Nord de la France pendant l'hiver 1793 », dans POULAIN M., BRION M., VERBRUGGE A. (éd.), The Archaeology of Conflicts, Early modern military encampments and material culture, BAR International Series, BAR Publishing, Oxford, 2022, p. 189-199.

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Responsable d'opération :

Delphine Cense


Superficie :

47 000 m2


Aménageur :

Decathlon SA


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

Le projet d'aménagement de la zone du Pavé Stratégique à Marcq-en-Barœul se rapporte à la construction du siège international de la marque Domyos de Décathlon (nouvellement renommé Oxylane) sur une superficie d'emprise totale de 17,27 hectares. Dans ce cadre, un diagnostic archéologique, dirigé par Benoît Leriche (INRAP), s'est déroulé du 19 au 28 février 2007. Cet espace, entre la rocade Nord-Ouest (RN352), la rue Ducroquet, la rue du Pavé Stratégique et la rue du Général de Gaulle (RN17), se développe en limite des communes de Marcq-en-Barœul, lieu-dit Le Cheval Blanc et de Bondues, lieu-dit Chat de la Folie. Le site est positionné sur une terrasse peu marquée (22,5 m NGF) dominant la vallée de la Marque, sur une légère pente orientée nord-sud et non loin de la confluence de la vallée de la Deûle et la vallée de la Marque.

L'opération de fouille préventive s'est déroulée du 31 mars au 25 août 2008 sur une surface totale de 4,70 ha dont plus de 2,50 ha de fouilles extensives. Les vestiges mis au jour sur le site mettent principalement en valeur une occupation rurale continue et croissante de l'espace qui se développe depuis La Tène ancienne jusqu'au second siècle de notre ère. Six grandes phases, allant du Néolithique à la période contemporaine, ont donc pu être déterminées sur le site, reflétant une logique d'installation, d'évolution et d'organisation d'un terroir.

Le choix d'implantation du site s'est porté vers les plaines humides, non loin des cours d'eau, ce que nous confirme les restes carpologiques et anthracologiques en partie constitués de plantes (rumex des marais) et d'arbres (saule) adeptes de ces milieux humides. La densité de chablis coupés par l'ensemble des structures, marque un besoin de déboisement et de défrichement afin de permettre l'installation des premiers habitants. Même si quelques artefacts datés du Mésolithique et du Néolithique final (phase 1) ont été recueillis sur le site, les prémices de l'occupation apparaissent à La Tène ancienne (phase 2-1) et se caractérisent par un habitat composé de bâtiments sur poteaux (habitat, grenier), d'un fond de cabane et de fosses d'extraction et de rejets et délimité par des fossés et des clôtures. Une certaine structuration de l'espace est notable dès cette période datée entre 475 et 450 avant J.-C.


À La Tène moyenne (phase 2-2), l'abandon des premiers enclos fait place à une organisation particulière de l'espace. En effet, le système d'espaces encadrés par des fossés est modifié et partiellement remplacé par l'emploi de fossés autour desquels s'organisent plus ou moins librement les structures (bâtiments sur poteaux ou sur sablières, fosses d'extraction et de rejets). L'ensemble des tronçons de fossés repérés dessinent une sorte d'arc de cercle. Deux états ont pu être définis principalement grâce au mobilier céramique. La mise en place de l'occupation (état 1) s'opère avec la reprise et l'adaptation d'une partie du système fossoyé antérieur. Puis, le second état marque l'abandon de certaines structures notamment les fosses d'extraction au profit d'autres. La fosse 553, qui a livré un mobilier très intéressant avec une quantité importante de tessons de céramique, de restes fauniques, de fragments de torchis avec des traces du clayonnage, une fibule et deux supposées fibules, un fragment de meule, un fragment de hache polie, des éclats de silex, deux fusaïoles retaillées, deux pesons fragmentés, une perle bleue et une demie perle brune ainsi que de nombreux charbons de bois, appartient à ce second état .


L'installation de La Tène finale (phase 2-3) est caractérisée par l'abandon des anciens systèmes de structuration pour la mise en place d'un enclos rigoureusement tracé et d'un aménagement strict des espaces intérieurs. L'occupation est toujours matérialisée par des fossés mais la distinction est nette entre l'enclos principal et le réseau fossoyé étendu. La définition plus poussée de ces espaces rend l'interprétation des différents ensembles plus aisée. L'enclos principal, quadrangulaire et bipartite couvre une superficie estimée de 3 240 m². Il est délimité par des fossés atteignant jusqu'à 1,80 m de largeur et 0,70 m de profondeur conservée. Il représente le modèle dit « typique » ou « standardisé » de la fin de l'âge du Fer et est daté entre 120 et 90 avant J.-C.


Dans l'évolution des enclos, une mutation s'opère à l'aube de la période gallo-romaine (phase 3) avec le passage de tracés curvilignes à des enclos quadrangulaires ou trapézoïdaux réguliers. Dans ce sens, la taille et la proportion des enclos augmentent jusqu'à l'abandon du site qui intervient à la fin du IIe siècle de notre ère, en passant d'une superficie approximative de 2 600 m² à plus d'un hectare pour la dernière phase gallo-romaine. L'organisation et la composition de l'espace, mises en place à La Tène finale, se poursuivent à la période augustéenne (phase 3-1, 25-20 avant J.-C. à 15-20 après J.-C.), tibéro-claudienne (phase 3-2, 15-20 après J.-C. à 40-45 après J.-C.) et ce jusqu'au milieu du second siècle de notre ère (phase 3-3, 85-90 après J.-C. à environ 150 après J.-C.).


L'espace interne des enclos laténiens et gallo-romains est contraint par une même rigueur dès La Tène finale. Une cour centrale vide permet de circuler et d'accéder aux différentes zones d'habitat ou d'activités. Les bâtiments, quelle que soit leur fonction (grenier, habitat, remise, grange, annexe), sont disposés le long des fossés. Une largeur constante est maintenue entre les fossés et les bâtiments. Ils s'accompagnent de structures liées à l'alimentation en eau (puits, mares), au stockage (greniers, silo), de fosses d'extraction et de rejets. Un fractionnement de l'enclos, grâce à des fossés de partition ou des clôtures, permet de séparer les zones d'habitat des zones d'activités ou des aires de pacage et de culture. L'ensemble du mobilier spécifique recueilli (fusaïoles, pesons, moules à sel, meules, molettes) marque uniquement les besoins quotidiens de l'établissement rural.


L'alimentation en eau du site s'effectue grâce aux mares pour les premières phases puis par le moyen de deux puits pour la dernière phase gallo-romaine (phase 3-3) après comblement définitif des mares. Sur le site, l'établissement des différents enclos et occupations semble prendre en compte l'emplacement des mares. Ces étendues d'eau s'intègrent parfaitement aux différents enclos qui se succèdent depuis La Tène ancienne jusqu'à la période gallo-romaine (phase 3-2).


Le site nous a donc livré l'image de l'installation et de l'évolution d'établissements ruraux à vocation agro-pastorale du milieu du Ve s. avant J.-C. au milieu du IIe s. après J.-C. 

Après un long hiatus, le site est marqué par quelques structures isolées (fosses de rejets et fossés) d'époque médiévale (phase 4, 1300-1400 après J.-C.). Il est ensuite fortement perturbé à la période moderne (phase 5) par deux événements : la campagne militaire de 1792-1794, matérialisée sur le terrain par la présence de fosses de rejets alignées contenant de nombreux charbons de bois et quelques objets spécifiques (boutons militaires,...) qui semblent être les vestiges d'un petit campement militaire français, et la mise en place du parcellaire « napoléonien ». La dernière phase contemporaine (phase 6) est attestée par le présence de fossés appartenant au parcellaire actuel ainsi que de nombreux fossés de drainage et drains liés à l'exploitation agricole du site.

 

Delphine Cense, Responsable d'opération.

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ARTICLES :

CENSE D., FLORENT G., OUESLATI T., « L’habitat rural du Ve s. av. J.-C. au IIe s. ap. J.-C. à Marcq-en-Baroeul, Le Cheval Blanc », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, T.91, 2009, N°383, p. 75-153.

 

CENSE D., coll. OUESLATI T., « Un petit campement militaire temporaire au cours du conflit franco-autrichien de 1792-1794 sur le site Marcq-en-Baroeul, Le Cheval Blanc », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, 2011, Tome 92, p. 19-37.


CENSE D., coll. OUESLATI T.,  SAVE S., VAUGHAN-WILLIAMS A., « Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires. L'exemple d'un bivouac du Nord de la France pendant l'hiver 1793 », dans POULAIN M., BRION M., VERBRUGGE A. (éd.), The Archaeology of Conflicts, Early modern military encampments and material culture, BAR International Series, BAR Publishing, Oxford, 2022, p. 189-199.


Responsable d'opération :

Delphine Cense

 

Superficie :

47 000 m2


Aménageur :

Decathlon SA


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie


Le projet d'aménagement de la zone du Pavé Stratégique à Marcq-en-Barœul se rapporte à la construction du siège international de la marque Domyos de Décathlon (nouvellement renommé Oxylane) sur une superficie d'emprise totale de 17,27 hectares. Dans ce cadre, un diagnostic archéologique, dirigé par Benoît Leriche (INRAP), s'est déroulé du 19 au 28 février 2007. Cet espace, entre la rocade Nord-Ouest (RN352), la rue Ducroquet, la rue du Pavé Stratégique et la rue du Général de Gaulle (RN17), se développe en limite des communes de Marcq-en-Barœul, lieu-dit Le Cheval Blanc et de Bondues, lieu-dit Chat de la Folie. Le site est positionné sur une terrasse peu marquée (22,5 m NGF) dominant la vallée de la Marque, sur une légère pente orientée nord-sud et non loin de la confluence de la vallée de la Deûle et la vallée de la Marque.

L'opération de fouille préventive s'est déroulée du 31 mars au 25 août 2008 sur une surface totale de 4,70 ha dont plus de 2,50 ha de fouilles extensives. Les vestiges mis au jour sur le site mettent principalement en valeur une occupation rurale continue et croissante de l'espace qui se développe depuis La Tène ancienne jusqu'au second siècle de notre ère. Six grandes phases, allant du Néolithique à la période contemporaine, ont donc pu être déterminées sur le site, reflétant une logique d'installation, d'évolution et d'organisation d'un terroir.

Le choix d'implantation du site s'est porté vers les plaines humides, non loin des cours d'eau, ce que nous confirme les restes carpologiques et anthracologiques en partie constitués de plantes (rumex des marais) et d'arbres (saule) adeptes de ces milieux humides. La densité de chablis coupés par l'ensemble des structures, marque un besoin de déboisement et de défrichement afin de permettre l'installation des premiers habitants. Même si quelques artefacts datés du Mésolithique et du Néolithique final (phase 1) ont été recueillis sur le site, les prémices de l'occupation apparaissent à La Tène ancienne (phase 2-1) et se caractérisent par un habitat composé de bâtiments sur poteaux (habitat, grenier), d'un fond de cabane et de fosses d'extraction et de rejets et délimité par des fossés et des clôtures. Une certaine structuration de l'espace est notable dès cette période datée entre 475 et 450 avant J.-C.

À La Tène moyenne (phase 2-2), l'abandon des premiers enclos fait place à une organisation particulière de l'espace. En effet, le système d'espaces encadrés par des fossés est modifié et partiellement remplacé par l'emploi de fossés autour desquels s'organisent plus ou moins librement les structures (bâtiments sur poteaux ou sur sablières, fosses d'extraction et de rejets). L'ensemble des tronçons de fossés repérés dessinent une sorte d'arc de cercle. Deux états ont pu être définis principalement grâce au mobilier céramique. La mise en place de l'occupation (état 1) s'opère avec la reprise et l'adaptation d'une partie du système fossoyé antérieur. Puis, le second état marque l'abandon de certaines structures notamment les fosses d'extraction au profit d'autres. La fosse 553, qui a livré un mobilier très intéressant avec une quantité importante de tessons de céramique, de restes fauniques, de fragments de torchis avec des traces du clayonnage, une fibule et deux supposées fibules, un fragment de meule, un fragment de hache polie, des éclats de silex, deux fusaïoles retaillées, deux pesons fragmentés, une perle bleue et une demie perle brune ainsi que de nombreux charbons de bois, appartient à ce second état .

L'installation de La Tène finale (phase 2-3) est caractérisée par l'abandon des anciens systèmes de structuration pour la mise en place d'un enclos rigoureusement tracé et d'un aménagement strict des espaces intérieurs. L'occupation est toujours matérialisée par des fossés mais la distinction est nette entre l'enclos principal et le réseau fossoyé étendu. La définition plus poussée de ces espaces rend l'interprétation des différents ensembles plus aisée. L'enclos principal, quadrangulaire et bipartite couvre une superficie estimée de 3 240 m². Il est délimité par des fossés atteignant jusqu'à 1,80 m de largeur et 0,70 m de profondeur conservée. Il représente le modèle dit « typique » ou « standardisé » de la fin de l'âge du Fer et est daté entre 120 et 90 avant J.-C.

Dans l'évolution des enclos, une mutation s'opère à l'aube de la période gallo-romaine (phase 3) avec le passage de tracés curvilignes à des enclos quadrangulaires ou trapézoïdaux réguliers. Dans ce sens, la taille et la proportion des enclos augmentent jusqu'à l'abandon du site qui intervient à la fin du IIe siècle de notre ère, en passant d'une superficie approximative de 2 600 m² à plus d'un hectare pour la dernière phase gallo-romaine. L'organisation et la composition de l'espace, mises en place à La Tène finale, se poursuivent à la période augustéenne (phase 3-1, 25-20 avant J.-C. à 15-20 après J.-C.), tibéro-claudienne (phase 3-2, 15-20 après J.-C. à 40-45 après J.-C.) et ce jusqu'au milieu du second siècle de notre ère (phase 3-3, 85-90 après J.-C. à environ 150 après J.-C.).

L'espace interne des enclos laténiens et gallo-romains est contraint par une même rigueur dès La Tène finale. Une cour centrale vide permet de circuler et d'accéder aux différentes zones d'habitat ou d'activités. Les bâtiments, quelle que soit leur fonction (grenier, habitat, remise, grange, annexe), sont disposés le long des fossés. Une largeur constante est maintenue entre les fossés et les bâtiments. Ils s'accompagnent de structures liées à l'alimentation en eau (puits, mares), au stockage (greniers, silo), de fosses d'extraction et de rejets. Un fractionnement de l'enclos, grâce à des fossés de partition ou des clôtures, permet de séparer les zones d'habitat des zones d'activités ou des aires de pacage et de culture. L'ensemble du mobilier spécifique recueilli (fusaïoles, pesons, moules à sel, meules, molettes) marque uniquement les besoins quotidiens de l'établissement rural.

L'alimentation en eau du site s'effectue grâce aux mares pour les premières phases puis par le moyen de deux puits pour la dernière phase gallo-romaine (phase 3-3) après comblement définitif des mares. Sur le site, l'établissement des différents enclos et occupations semble prendre en compte l'emplacement des mares. Ces étendues d'eau s'intègrent parfaitement aux différents enclos qui se succèdent depuis La Tène ancienne jusqu'à la période gallo-romaine (phase 3-2).

Le site nous a donc livré l'image de l'installation et de l'évolution d'établissements ruraux à vocation agro-pastorale du milieu du Ve s. avant J.-C. au milieu du IIe s. après J.-C. 

Après un long hiatus, le site est marqué par quelques structures isolées (fosses de rejets et fossés) d'époque médiévale (phase 4, 1300-1400 après J.-C.). Il est ensuite fortement perturbé à la période moderne (phase 5) par deux événements : la campagne militaire de 1792-1794, matérialisée sur le terrain par la présence de fosses de rejets alignées contenant de nombreux charbons de bois et quelques objets spécifiques (boutons militaires,...) qui semblent être les vestiges d'un petit campement militaire français, et la mise en place du parcellaire « napoléonien ». La dernière phase contemporaine (phase 6) est attestée par le présence de fossés appartenant au parcellaire actuel ainsi que de nombreux fossés de drainage et drains liés à l'exploitation agricole du site.

 

Delphine Cense, Responsable d'opération.

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ARTICLES :

CENSE D., FLORENT G., OUESLATI T., « L’habitat rural du Ve s. av. J.-C. au IIe s. ap. J.-C. à Marcq-en-Baroeul, Le Cheval Blanc », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, T.91, 2009, N°383, p. 75-153.

 

CENSE D., coll. OUESLATI T., « Un petit campement militaire temporaire au cours du conflit franco-autrichien de 1792-1794 sur le site Marcq-en-Baroeul, Le Cheval Blanc », Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, 2011, Tome 92, p. 19-37.

CENSE D., coll. OUESLATI T.,  SAVE S., VAUGHAN-WILLIAMS A., « Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires. L'exemple d'un bivouac du Nord de la France pendant l'hiver 1793 », dans POULAIN M., BRION M., VERBRUGGE A. (éd.), The Archaeology of Conflicts, Early modern military encampments and material culture, BAR International Series, BAR Publishing, Oxford, 2022, p. 189-199.

 

Responsable d'opération :

Delphine Cense


Superficie :

47 000 m2


Aménageur :

Decathlon SA



Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

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