Chantier 25 PRÉVENTIF- Brissay-Choigny

Chantiers archéologiques 

Aisne

Brissay-Choigny,

« Le Clos Holette »


Paléochenal, habitats médiévaux, activités de pêcherie, moulins


Époques :

  • Protohistoire
  • Antiquité
  • Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine

Aisne


Brissay-Choigny,

« Le Clos Holette »


Paléochenal, habitats médiévaux, activités de pêcherie, moulins

 

Époques :

  • Protohistoire
  • Antiquité
  • Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine

Aisne


Brissay-Choigny,

« Le Clos Holette »


Paléochenal, habitats médiévaux, activités de pêcherie, moulins
 

Époques :

  • Protohistoire
  • Antiquité
  • Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine


Dans le cadre de l’extension de la carrière de granulat de Brissay-Choigny et de Vendeuil, une fouille archéologique a été réalisée sur une superficie d’un peu plus de 4 ha au lieu-dit Le Clos Holette. L’opération a notamment été motivée par la présence d’un paléochenal de la vallée de l’Oise dont le diagnostic, réalisé en 2012, avait révélé qu’il avait bénéficié d’aménagements anthropiques de plusieurs types et de plusieurs habitats médiévaux et modernes. Cette opération s’inscrit dans la continuité de la surveillance de cette carrière depuis 2003 et s’est déroulée en partie de juillet à novembre 2014 puis d’avril à juin 2015 pour la phase terrain.

La vallée de l’Oise, au relief très peu marqué, séparant les communes de Vendeuil et de Brissay-Choigny, est constituée de prairies humides dédiées à l’élevage et fréquemment inondées en hiver. En ce secteur, l’Oise est divisée en deux lits mineurs qui coulent aux pieds des versants en bordure des villages. L’emprise, d’une altitude moyenne de 53 m NGF, se place à 30 m à l’ouest de l’un de ces lits qui longe la commune de Brissay-Choigny. Le sol est constitué de craie appartenant aux étages campaniens (Campanien inférieur et Santonien) enfouie sous des sédiments tertiaires (argiles de Vaux-sur-Laon, sables et grès de Bracheux, Marnes de Sinceny et argiles du Sparmacien) particulièrement visibles en rive droite tandis que la rive gauche est recouverte d’une épaisse couverture loessique. Au niveau de l’emprise, la grave est surmontée de niveaux argileux de couleur variant du gris au jaune à l’orange et au vert. Ces niveaux inférieurs sont surmontés par des limons bruns avec une teneur en particules argileuses plus ou moins élevée.

D’un point de vue géomorphologique (Julienne Piana), au cours du Pléniglaciaire, puis dans la première moitié de l’Holocène, les variations de la dynamique fluviale de l’Oise sont sous contrôle climatique. Au Tardiglacaire, le réchauffement climatique induit un changement dans la balance hydro-sédimentaire. La réponse du cours d’eau à ces nouvelles conditions est une incision importante des dépôts précédents (incision de la grave). Le système à chenaux en tresses fait place à un système à chenaux multiples stables (système de transition) puis au cours de l’holocène à un système à chenal unique (style méandriforme). La transition majeure qui voit la transformation d’un style fluvial à chenaux multiples vers un style à chenal unique sous les effets de la déglaciation intervient précocement dans la vallée de l’Oise.

Les prémices de l’occupation interviennent à la période hallstattienne avec la présence de quelques structures isolées ayant livré un mobilier céramique attribuable à la protohistoire, probablement au Hallstatt D2-D3. Une fosse a livré un petit assemblage de grains de céréales carbonisés, principalement du blé nu, et des charbons de bois. Des tessons ont de même été mis au jour dans le paléochenal et peuvent être datés de la même période chronologique ou de la transition entre le Hallstatt D2-D3 et La Tène ancienne.

Dans le même sens, une « phase » de transition gallo-romaine représentée par du mobilier résiduel et des données géomorphologiques peut être identifiée. L’étude géomorphologique menée par Julienne Piana met en avant un impact anthropique fort touchant le bassin versant avec des apports détritiques polyphasés témoignant de transferts massifs de sédiments dans les fonds de vallée et un alluvionnement grossier conduisant à une aggradation spectaculaire au sein de la plaine alluviale et interprété comme une réponse aux impacts anthropiques. L’image de l’environnement antique est complétée par la mise en valeur d’une régression de la couverture forestière. Cette étape a été datée entre 118 av. J.-C. et 26 ap. J.-C.

La première véritable phase d’occupation intervient à la période médiévale. Elle comprend trois états s’étalant entre le Xe siècle et le XIIIe siècle. Des aménagements en bois liés à un réseau de canaux pouvant matérialiser les vestiges d’éléments de pêcheries et peut-être même de moulins y sont associés. Une détermination effectuée sur l’ensemble des bois a permis de définir plusieurs dizaines d’ensembles pouvant être interprétés comme des renforts de berges, des gords (alignements de pieux en forme de V), des clôtures, des viviers, des barrages...

Les techniques de pêches sont matérialisées par des poids en craie servant de lests disséminés sur toute la surface du chenal et dont certains se placent à proximité de pieux et par au moins une nasse en osier. Un fragment de bief de moulin ainsi que des pales y ont aussi été découverts, de même qu’un mobilier varié comprenant quelques céramiques, des objets métalliques (faucilles, fers à cheval, couteaux), quelques fragments de chaussures et de vaisselle en bois. Les datations radiocarbones entreprises sur 27 pieux révèlent une grande homogénéité et une fourchette comprise entre le milieu du Xe s. et le deuxième tiers du XIIe s. avec une datation plus précise envisageable autour de 1025-1170.

Au cours des XIIIe-XVe s., la mise en place de plusieurs habitats médiévaux avec un déplacement du cours de l’Oise vers l’est pour lequel des petites ramifications actives pourraient encore structurer le site est identifiée. Certains bâtiments prennent d’ailleurs place sur le paléochenal comblé à cette période. Cette évolution est corroborée par les différentes analyses (stratigraphie relative, géomorphologie, céramique, datations radiocarbones). Une reconnaissance des différents habitats a été opérée permettant de caractériser une dizaine de bâtiments. L’apparition de cinq établissements agricoles composés de plusieurs bâtiments et regroupés en deux parties distinctes ou hameaux marque le site à cette période. Ils s’organisent de part et d’autre d’un chemin encavé encadré, au moins dans un premier temps, par des fossés. Il est tentant de rapprocher les hameaux identifiés à des toponymes conservés sur le cadastre de 1825 qui place un premier nom de lieu au sud de la fouille, le « Clos des Isles », et un second au nord de la zone, le « Pressy ». Les hameaux comprennent chacun un ou plusieurs établissements agricoles organisés autour de cours en terre battue et/ou en craie damée et comportant plusieurs bâtiments basés sur des solins et/ou plots en calcaire et dont l’attribution fonctionnelle trouve écho dans l’organisation des fermes aux époques modernes et contemporaines en Picardie, à savoir la maison d’habitation, la grange, l’étable…

Les données carpologiques permettent de mettre en lumière non seulement le paysage médiéval mais aussi les potentielles activités pratiquées. Ainsi, les restes carbonisés correspondent principalement à des grains de céréale, dominés par le blé nu, et quelques légumineuses. Les carporestes imbibés sont très nombreux et soulignent le caractère très humide du secteur. Le nuphar jaune est le taxon le plus représenté. Il nous indique la présence d’eau à faible courant dans les fossés et peut-être aussi dans le chenal. Des espaces boisés semblent attestés à proximité, ainsi que des champs cultivés. Quelques semences de chanvre ont été enregistrées et pourraient suggérer des activités textiles ou sa culture locale. On notera également l’étonnant amas de déjections d’ovin découvert. Il témoigne de l’élevage de chèvres ou de moutons dans le secteur.

Pour finir, une phase moderne correspond à l’abandon du site en vue d’une exploitation agricole des parcelles (fossés de parcellaire, fossés de drainage) tandis que la période contemporaine est marquée par les impacts d’obus.

 

Delphine Cense, Responsable d'opération.

Contacter Delphine Cense

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Responsables d'opération :

Delphine Cense  (post-fouille),

Christine Denimal (fouille)

 

Superficie :

43 200 m2


Aménageur :

Carrière et Ballastières de Picardie (CBP)



Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

Dans le cadre de l’extension de la carrière de granulat de Brissay-Choigny et de Vendeuil, une fouille archéologique a été réalisée sur une superficie d’un peu plus de 4 ha au lieu-dit Le Clos Holette. L’opération a notamment été motivée par la présence d’un paléochenal de la vallée de l’Oise dont le diagnostic, réalisé en 2012, avait révélé qu’il avait bénéficié d’aménagements anthropiques de plusieurs types et de plusieurs habitats médiévaux et modernes. Cette opération s’inscrit dans la continuité de la surveillance de cette carrière depuis 2003 et s’est déroulée en partie de juillet à novembre 2014 puis d’avril à juin 2015 pour la phase terrain.

La vallée de l’Oise, au relief très peu marqué, séparant les communes de Vendeuil et de Brissay-Choigny, est constituée de prairies humides dédiées à l’élevage et fréquemment inondées en hiver. En ce secteur, l’Oise est divisée en deux lits mineurs qui coulent aux pieds des versants en bordure des villages. L’emprise, d’une altitude moyenne de 53 m NGF, se place à 30 m à l’ouest de l’un de ces lits qui longe la commune de Brissay-Choigny. Le sol est constitué de craie appartenant aux étages campaniens (Campanien inférieur et Santonien) enfouie sous des sédiments tertiaires (argiles de Vaux-sur-Laon, sables et grès de Bracheux, Marnes de Sinceny et argiles du Sparmacien) particulièrement visibles en rive droite tandis que la rive gauche est recouverte d’une épaisse couverture loessique. Au niveau de l’emprise, la grave est surmontée de niveaux argileux de couleur variant du gris au jaune à l’orange et au vert. Ces niveaux inférieurs sont surmontés par des limons bruns avec une teneur en particules argileuses plus ou moins élevée.

D’un point de vue géomorphologique (Julienne Piana), au cours du Pléniglaciaire, puis dans la première moitié de l’Holocène, les variations de la dynamique fluviale de l’Oise sont sous contrôle climatique. Au Tardiglacaire, le réchauffement climatique induit un changement dans la balance hydro-sédimentaire. La réponse du cours d’eau à ces nouvelles conditions est une incision importante des dépôts précédents (incision de la grave). Le système à chenaux en tresses fait place à un système à chenaux multiples stables (système de transition) puis au cours de l’holocène à un système à chenal unique (style méandriforme). La transition majeure qui voit la transformation d’un style fluvial à chenaux multiples vers un style à chenal unique sous les effets de la déglaciation intervient précocement dans la vallée de l’Oise.

Les prémices de l’occupation interviennent à la période hallstattienne avec la présence de quelques structures isolées ayant livré un mobilier céramique attribuable à la protohistoire, probablement au Hallstatt D2-D3. Une fosse a livré un petit assemblage de grains de céréales carbonisés, principalement du blé nu, et des charbons de bois. Des tessons ont de même été mis au jour dans le paléochenal et peuvent être datés de la même période chronologique ou de la transition entre le Hallstatt D2-D3 et La Tène ancienne.

Dans le même sens, une « phase » de transition gallo-romaine représentée par du mobilier résiduel et des données géomorphologiques peut être identifiée. L’étude géomorphologique menée par Julienne Piana met en avant un impact anthropique fort touchant le bassin versant avec des apports détritiques polyphasés témoignant de transferts massifs de sédiments dans les fonds de vallée et un alluvionnement grossier conduisant à une aggradation spectaculaire au sein de la plaine alluviale et interprété comme une réponse aux impacts anthropiques. L’image de l’environnement antique est complétée par la mise en valeur d’une régression de la couverture forestière. Cette étape a été datée entre 118 av. J.-C. et 26 ap. J.-C.

La première véritable phase d’occupation intervient à la période médiévale. Elle comprend trois états s’étalant entre le Xe siècle et le XIIIe siècle. Des aménagements en bois liés à un réseau de canaux pouvant matérialiser les vestiges d’éléments de pêcheries et peut-être même de moulins y sont associés. Une détermination effectuée sur l’ensemble des bois a permis de définir plusieurs dizaines d’ensembles pouvant être interprétés comme des renforts de berges, des gords (alignements de pieux en forme de V), des clôtures, des viviers, des barrages...

Les techniques de pêches sont matérialisées par des poids en craie servant de lests disséminés sur toute la surface du chenal et dont certains se placent à proximité de pieux et par au moins une nasse en osier. Un fragment de bief de moulin ainsi que des pales y ont aussi été découverts, de même qu’un mobilier varié comprenant quelques céramiques, des objets métalliques (faucilles, fers à cheval, couteaux), quelques fragments de chaussures et de vaisselle en bois. Les datations radiocarbones entreprises sur 27 pieux révèlent une grande homogénéité et une fourchette comprise entre le milieu du Xe s. et le deuxième tiers du XIIe s. avec une datation plus précise envisageable autour de 1025-1170.

Au cours des XIIIe-XVe s., la mise en place de plusieurs habitats médiévaux avec un déplacement du cours de l’Oise vers l’est pour lequel des petites ramifications actives pourraient encore structurer le site est identifiée. Certains bâtiments prennent d’ailleurs place sur le paléochenal comblé à cette période. Cette évolution est corroborée par les différentes analyses (stratigraphie relative, géomorphologie, céramique, datations radiocarbones). Une reconnaissance des différents habitats a été opérée permettant de caractériser une dizaine de bâtiments. L’apparition de cinq établissements agricoles composés de plusieurs bâtiments et regroupés en deux parties distinctes ou hameaux marque le site à cette période. Ils s’organisent de part et d’autre d’un chemin encavé encadré, au moins dans un premier temps, par des fossés. Il est tentant de rapprocher les hameaux identifiés à des toponymes conservés sur le cadastre de 1825 qui place un premier nom de lieu au sud de la fouille, le « Clos des Isles », et un second au nord de la zone, le « Pressy ». Les hameaux comprennent chacun un ou plusieurs établissements agricoles organisés autour de cours en terre battue et/ou en craie damée et comportant plusieurs bâtiments basés sur des solins et/ou plots en calcaire et dont l’attribution fonctionnelle trouve écho dans l’organisation des fermes aux époques modernes et contemporaines en Picardie, à savoir la maison d’habitation, la grange, l’étable…

Les données carpologiques permettent de mettre en lumière non seulement le paysage médiéval mais aussi les potentielles activités pratiquées. Ainsi, les restes carbonisés correspondent principalement à des grains de céréale, dominés par le blé nu, et quelques légumineuses. Les carporestes imbibés sont très nombreux et soulignent le caractère très humide du secteur. Le nuphar jaune est le taxon le plus représenté. Il nous indique la présence d’eau à faible courant dans les fossés et peut-être aussi dans le chenal. Des espaces boisés semblent attestés à proximité, ainsi que des champs cultivés. Quelques semences de chanvre ont été enregistrées et pourraient suggérer des activités textiles ou sa culture locale. On notera également l’étonnant amas de déjections d’ovin découvert. Il témoigne de l’élevage de chèvres ou de moutons dans le secteur.

Pour finir, une phase moderne correspond à l’abandon du site en vue d’une exploitation agricole des parcelles (fossés de parcellaire, fossés de drainage) tandis que la période contemporaine est marquée par les impacts d’obus.

 

Delphine Cense, Responsable d'opération.

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Christine Denimal (fouille)

 

Superficie :

43 200 m2


Aménageur :

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Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

Dans le cadre de l’extension de la carrière de granulat de Brissay-Choigny et de Vendeuil, une fouille archéologique a été réalisée sur une superficie d’un peu plus de 4 ha au lieu-dit Le Clos Holette. L’opération a notamment été motivée par la présence d’un paléochenal de la vallée de l’Oise dont le diagnostic, réalisé en 2012, avait révélé qu’il avait bénéficié d’aménagements anthropiques de plusieurs types et de plusieurs habitats médiévaux et modernes. Cette opération s’inscrit dans la continuité de la surveillance de cette carrière depuis 2003 et s’est déroulée en partie de juillet à novembre 2014 puis d’avril à juin 2015 pour la phase terrain.

La vallée de l’Oise, au relief très peu marqué, séparant les communes de Vendeuil et de Brissay-Choigny, est constituée de prairies humides dédiées à l’élevage et fréquemment inondées en hiver. En ce secteur, l’Oise est divisée en deux lits mineurs qui coulent aux pieds des versants en bordure des villages. L’emprise, d’une altitude moyenne de 53 m NGF, se place à 30 m à l’ouest de l’un de ces lits qui longe la commune de Brissay-Choigny. Le sol est constitué de craie appartenant aux étages campaniens (Campanien inférieur et Santonien) enfouie sous des sédiments tertiaires (argiles de Vaux-sur-Laon, sables et grès de Bracheux, Marnes de Sinceny et argiles du Sparmacien) particulièrement visibles en rive droite tandis que la rive gauche est recouverte d’une épaisse couverture loessique. Au niveau de l’emprise, la grave est surmontée de niveaux argileux de couleur variant du gris au jaune à l’orange et au vert. Ces niveaux inférieurs sont surmontés par des limons bruns avec une teneur en particules argileuses plus ou moins élevée.

D’un point de vue géomorphologique (Julienne Piana), au cours du Pléniglaciaire, puis dans la première moitié de l’Holocène, les variations de la dynamique fluviale de l’Oise sont sous contrôle climatique. Au Tardiglacaire, le réchauffement climatique induit un changement dans la balance hydro-sédimentaire. La réponse du cours d’eau à ces nouvelles conditions est une incision importante des dépôts précédents (incision de la grave). Le système à chenaux en tresses fait place à un système à chenaux multiples stables (système de transition) puis au cours de l’holocène à un système à chenal unique (style méandriforme). La transition majeure qui voit la transformation d’un style fluvial à chenaux multiples vers un style à chenal unique sous les effets de la déglaciation intervient précocement dans la vallée de l’Oise.

Les prémices de l’occupation interviennent à la période hallstattienne avec la présence de quelques structures isolées ayant livré un mobilier céramique attribuable à la protohistoire, probablement au Hallstatt D2-D3. Une fosse a livré un petit assemblage de grains de céréales carbonisés, principalement du blé nu, et des charbons de bois. Des tessons ont de même été mis au jour dans le paléochenal et peuvent être datés de la même période chronologique ou de la transition entre le Hallstatt D2-D3 et La Tène ancienne.

Dans le même sens, une « phase » de transition gallo-romaine représentée par du mobilier résiduel et des données géomorphologiques peut être identifiée. L’étude géomorphologique menée par Julienne Piana met en avant un impact anthropique fort touchant le bassin versant avec des apports détritiques polyphasés témoignant de transferts massifs de sédiments dans les fonds de vallée et un alluvionnement grossier conduisant à une aggradation spectaculaire au sein de la plaine alluviale et interprété comme une réponse aux impacts anthropiques. L’image de l’environnement antique est complétée par la mise en valeur d’une régression de la couverture forestière. Cette étape a été datée entre 118 av. J.-C. et 26 ap. J.-C.

La première véritable phase d’occupation intervient à la période médiévale. Elle comprend trois états s’étalant entre le Xe siècle et le XIIIe siècle. Des aménagements en bois liés à un réseau de canaux pouvant matérialiser les vestiges d’éléments de pêcheries et peut-être même de moulins y sont associés. Une détermination effectuée sur l’ensemble des bois a permis de définir plusieurs dizaines d’ensembles pouvant être interprétés comme des renforts de berges, des gords (alignements de pieux en forme de V), des clôtures, des viviers, des barrages...

Les techniques de pêches sont matérialisées par des poids en craie servant de lests disséminés sur toute la surface du chenal et dont certains se placent à proximité de pieux et par au moins une nasse en osier. Un fragment de bief de moulin ainsi que des pales y ont aussi été découverts, de même qu’un mobilier varié comprenant quelques céramiques, des objets métalliques (faucilles, fers à cheval, couteaux), quelques fragments de chaussures et de vaisselle en bois. Les datations radiocarbones entreprises sur 27 pieux révèlent une grande homogénéité et une fourchette comprise entre le milieu du Xe s. et le deuxième tiers du XIIe s. avec une datation plus précise envisageable autour de 1025-1170.

Au cours des XIIIe-XVe s., la mise en place de plusieurs habitats médiévaux avec un déplacement du cours de l’Oise vers l’est pour lequel des petites ramifications actives pourraient encore structurer le site est identifiée. Certains bâtiments prennent d’ailleurs place sur le paléochenal comblé à cette période. Cette évolution est corroborée par les différentes analyses (stratigraphie relative, géomorphologie, céramique, datations radiocarbones). Une reconnaissance des différents habitats a été opérée permettant de caractériser une dizaine de bâtiments. L’apparition de cinq établissements agricoles composés de plusieurs bâtiments et regroupés en deux parties distinctes ou hameaux marque le site à cette période. Ils s’organisent de part et d’autre d’un chemin encavé encadré, au moins dans un premier temps, par des fossés. Il est tentant de rapprocher les hameaux identifiés à des toponymes conservés sur le cadastre de 1825 qui place un premier nom de lieu au sud de la fouille, le « Clos des Isles », et un second au nord de la zone, le « Pressy ». Les hameaux comprennent chacun un ou plusieurs établissements agricoles organisés autour de cours en terre battue et/ou en craie damée et comportant plusieurs bâtiments basés sur des solins et/ou plots en calcaire et dont l’attribution fonctionnelle trouve écho dans l’organisation des fermes aux époques modernes et contemporaines en Picardie, à savoir la maison d’habitation, la grange, l’étable…

Les données carpologiques permettent de mettre en lumière non seulement le paysage médiéval mais aussi les potentielles activités pratiquées. Ainsi, les restes carbonisés correspondent principalement à des grains de céréale, dominés par le blé nu, et quelques légumineuses. Les carporestes imbibés sont très nombreux et soulignent le caractère très humide du secteur. Le nuphar jaune est le taxon le plus représenté. Il nous indique la présence d’eau à faible courant dans les fossés et peut-être aussi dans le chenal. Des espaces boisés semblent attestés à proximité, ainsi que des champs cultivés. Quelques semences de chanvre ont été enregistrées et pourraient suggérer des activités textiles ou sa culture locale. On notera également l’étonnant amas de déjections d’ovin découvert. Il témoigne de l’élevage de chèvres ou de moutons dans le secteur.

Pour finir, une phase moderne correspond à l’abandon du site en vue d’une exploitation agricole des parcelles (fossés de parcellaire, fossés de drainage) tandis que la période contemporaine est marquée par les impacts d’obus.

 

Delphine Cense, Responsable d'opération.

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Responsables d'opération :

Delphine Cense (post-fouille),

Christine Denimal (fouille)

Superficie :

43 200 m2


Aménageur :

Carrière et Ballastières de Picardie (CBP)



Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

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