Chantier 10 PRÉVENTIF- Authevernes (27)

Chantiers archéologiques 

Eure



Authevernes,

 « Les Mureaux »


Occupation laténienne et fanum gallo-romain

Époques :

  • La Tène finale
  • Haut-Empire

Eure


Authevernes,

 « Les Mureaux »

Occupation  laténienne et fanum gallo-romain



Époques :

  • La Tène finale
  • Haut-Empire

Eure


Authevernes,

 « Les Mureaux »


Occupation laténienne et fanum gallo-romain
 

Époques :

  • La Tène finale
  • Haut-Empire


S ‘inscrivant dans une exploration systématique de l’enceinte de la carrière des Mureaux à Authevernes, l’opération archéologique menée par Archéopole s’est déroulée de fin novembre 2008 à fin mai 2009 (avec une interruption due aux conditions météorologiques défavorables entre fin janvier et début mars 2009).

Le site des Mureaux est en position dominante au-dessus de la vallée de l’Epte et offre un important point de vue à la fois sur le Vexin Normand et sur le Vexin Français. L’occupation antique autour du site est caractérisée notamment par le passage de la voie Paris/Rouen au pied de la carrière, au sud. Plusieurs occupations de la fin de la période de La Tène et de la période gallo-romaine sont en outre connues, par des prospections pédestres ou par les fouilles de la déviation routière de Saint-Clair-sur-Epte.

Sur le site même de la carrière, plusieurs opérations archéologiques se sont succédées entre 1996 et 2007, menées successivement par l’Inrap et le SRA de Haute-Normandie. Elles ont permis la mise au jour de plusieurs occupations. La partie nord de la carrière a vu l’installation durant la période de La Tène d’une exploitation agricole, caractérisée par un ensemble de bâtiments associé à un enclos fossoyé quadrangulaire. D’autres vestiges fossoyés, situés vers le nord-ouest, pourraient se rattacher à cet ensemble. Le tout serait daté du Ier siècle avant J.‑C. L’occupation gallo-romaine du site était attesté jusqu’aux fouilles de 2008-2009 par deux larges fosses interprétées comme d’anciennes carrières, dont le fonctionnement daterait du Ier siècle de notre ère. L’une d’elles a ensuite été utilisée en zone cultuelle, par le dépôt de squelettes animaux et de céramiques, au cours des IIe et IIIe siècles de notre ère. Un four de tuilier, de type « four-canal » témoigne en outre de cette occupation antique. Les diagnostics successifs sur la zone explorée en 2008-2009 laissaient envisager l’existence d’un fanum ou d’une villa, dont la construction et l’occupation serait contemporaine du fonctionnement des deux carrières et du four de tuilier.

La zone fouillée lors de l’opération de 2008-2009 couvre une superficie de 1,6 ha. Les vestiges mis au jour témoignent de l’existence d’un petit sanctuaire. Ils sont organisés autour d’un édifice quadrangulaire, entouré d’une série de bâtiments et fossés périphériques, qui marquent pour la plupart l’extension maximale du site. En effet aucun vestige n’a été découvert au-delà de ces bâtiments et fossés vers le sud, l’ouest et l’est. La limite nord du site pose par contre encore question, puisqu’une partie des terrains localisés entre la fouille de 2008-2009 et la fouille du four de tuiliers en 2000 a disparu lors de l’exploitation de la carrière. Entre ces structures périphériques et le bâtiment central, plusieurs ensembles de fosses ont été mis au jour.

 

Localisé presque au centre du site, mais légèrement décalé vers l’angle sud-est, le bâtiment principal est situé sur une rupture de pente du terrain. Il est mal conservé dans sa partie sud-est (installée dans la pente). L’angle sud-ouest a lui aussi été abimé, cette fois par le passage d’une des tranchées de diagnostic. Cet édifice présente un plan typique de fanum. De forme rectangulaire, il est formé d’une cella mesurant 7 m sur 7 hors tout pour une surface interne de 27,5 m². Celle-ci est entourée d’une galerie qui mesure 1,5 à 2 m de largeur interne. Le tout forme un quadrilatère de 12,5 sur 13 m, pour une surface totale d’un peu plus de 160 m². Les fondations de cet édifice sont posées sur un remblai de limon, installé en préalable à la construction du bâtiment pour aplanir le terrain. Sur ce remblai, un dépôt d’ossements animaux et l’inhumation de deux enfants (sujets apriori périnataux dont les ossements ont été placés dans une urne, elle-même accompagnée de deux vases miniatures) ont été déposés avant la construction de l’édifice.

Les bâtiments périphériques sont organisés en plusieurs ensembles. Un premier groupe est localisé en bordure ouest du site. Il est constitué d’au moins trois bâtiments alignés sur un axe nord-sud. Un second ensemble est situé au nord, et les différents édifices qui le constituent suivent une direction globale ouest-est. Un bâtiment isolé est localisé au sud-est de la fouille. Enfin, un cellier et deux zones d’épandage, qui témoignent vraisemblablement de la destruction de deux édifices, sont situés en limite sud du sanctuaire. Ces bâtiments sont bâtis sur des fondations de pierres calcaire, posées soit directement sur le terrain naturel calcaire, soit sur un remblai d’installation constitué de limon. La plupart de ces édifices sont très arasés, mais l’un d’entre eux a révélé une stratigraphique qui témoigne de plusieurs états de fonctionnement, avec des agrandissements successifs. Peu de vestiges nous permettent d’envisager l’élévation de ces bâtiments. Quelques fragments d’enduits peints suggèrent des murs aux couleurs variées et plutôt vives (essentiellement du rouge et du blanc). Des tuiles entières ou fragmentées témoignent de la toiture des édifices.

 

Au sud et à l’est, ces édifices sont installés par dessus un fossé. Celui-ci est creusé dans le calcaire et a été comblé avant la construction de ces bâtiments. Il pourrait témoigner d’une première limite du site, matérialisée soit par un fossé ouvert soit par l’existence d’une palissade en matériaux périssables. Ce premier état est ensuite remplacé par l’ensemble de bâtiments en dur.

 

Plusieurs ensembles de fosses ont été mis au jour. Celles-ci sont assez variées dans leur forme, et leur fonction première reste difficile à appréhender. Cependant, leur comblement témoigne d’une fonction secondaire de fosses de rejets, et la stratigraphie de ces comblements les associent à la fois au fonctionnement et à la démolition des édifices proches.

Sur le plan chronologique, un premier état, antérieur au sanctuaire antique, constitué d’un fossé curviligne, d’un ensemble de trous de poteau, et d’une vaste fosse comprenant un dépôt apparemment volontaire, pourrait dater de La Tène finale au règne de Tibère. Le dépôt en question, composé notamment de 9 fibules, et de faune en connexion (porc), matérialise vraisemblablement une première occupation cultuelle du site. Ces éléments sont par ailleurs accompagnés d’un corpus conséquent de monnaies gauloises. Dès lors, comme c’est souvent le cas, on peut envisager un sanctuaire antérieur, gaulois, dont le changement de configuration, aboutissant à la construction d’un véritable fanum, positionné sur un promontoire, peut avoir eu lien à l’époque tibéro-claudienne. Son plan classique est rapidement complété de bâtiments périphériques, à partir de la seconde moitié du Ier siècle et jusqu’au IIe siècle. Son abandon paraît effectif au tout début du IIIe siècle, à l’instar de nombreux sanctuaires situés dans la région.

 

Sur le plan organisationnel, on note de grandes proportions de céramiques, parfois mutilées, et d’offrandes animales, souvent passées par le feu, à hauteur des bâtiments périphériques. Leur nature diversifiée et le gabarit de certains individus suggèrent la présence de banquets et une romanisation manifeste qui pourrait s’apparenter à un contexte de villa. Ce sanctuaire se caractérise par une position dominante, en bordure d’un axe de circulation majeur au sud, depuis lequel il était visible.

 

Myriam MICHEL, Responsable d'opération

 

ARTICLE :

MICHEL. M., ADRIAN Y.-M., DOYEN J.-M., HANOTTE A., OUESLATI T., ROUDIE N., COLL. DEMAREST M., LEBIS F., MALETTE C., « Pratiques religieuses dans un sanctuaire véliocasse : les Mureaux à Authevernes (Eure) » dans Gallia, 71-2-2014, CNRS éditions, Paris, 2015, p. 189-259.

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Responsable d'opération :

Myriam Michel


Superficie :

16 000 m2


Aménageur :

Carrières et Ballastières de Normandie


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Normandie, Service Régional de l'Archéologie

 

S ‘inscrivant dans une exploration systématique de l’enceinte de la carrière des Mureaux à Authevernes, l’opération archéologique menée par Archéopole s’est déroulée de fin novembre 2008 à fin mai 2009 (avec une interruption due aux conditions météorologiques défavorables entre fin janvier et début mars 2009).

Le site des Mureaux est en position dominante au-dessus de la vallée de l’Epte et offre un important point de vue à la fois sur le Vexin Normand et sur le Vexin Français. L’occupation antique autour du site est caractérisée notamment par le passage de la voie Paris/Rouen au pied de la carrière, au sud. Plusieurs occupations de la fin de la période de La Tène et de la période gallo-romaine sont en outre connues, par des prospections pédestres ou par les fouilles de la déviation routière de Saint-Clair-sur-Epte.

Sur le site même de la carrière, plusieurs opérations archéologiques se sont succédées entre 1996 et 2007, menées successivement par l’Inrap et le SRA de Haute-Normandie. Elles ont permis la mise au jour de plusieurs occupations. La partie nord de la carrière a vu l’installation durant la période de La Tène d’une exploitation agricole, caractérisée par un ensemble de bâtiments associé à un enclos fossoyé quadrangulaire. D’autres vestiges fossoyés, situés vers le nord-ouest, pourraient se rattacher à cet ensemble. Le tout serait daté du Ier siècle avant J.‑C. L’occupation gallo-romaine du site était attesté jusqu’aux fouilles de 2008-2009 par deux larges fosses interprétées comme d’anciennes carrières, dont le fonctionnement daterait du Ier siècle de notre ère. L’une d’elles a ensuite été utilisée en zone cultuelle, par le dépôt de squelettes animaux et de céramiques, au cours des IIe et IIIe siècles de notre ère. Un four de tuilier, de type « four-canal » témoigne en outre de cette occupation antique. Les diagnostics successifs sur la zone explorée en 2008-2009 laissaient envisager l’existence d’un fanum ou d’une villa, dont la construction et l’occupation serait contemporaine du fonctionnement des deux carrières et du four de tuilier.

La zone fouillée lors de l’opération de 2008-2009 couvre une superficie de 1,6 ha. Les vestiges mis au jour témoignent de l’existence d’un petit sanctuaire. Ils sont organisés autour d’un édifice quadrangulaire, entouré d’une série de bâtiments et fossés périphériques, qui marquent pour la plupart l’extension maximale du site. En effet aucun vestige n’a été découvert au-delà de ces bâtiments et fossés vers le sud, l’ouest et l’est. La limite nord du site pose par contre encore question, puisqu’une partie des terrains localisés entre la fouille de 2008-2009 et la fouille du four de tuiliers en 2000 a disparu lors de l’exploitation de la carrière. Entre ces structures périphériques et le bâtiment central, plusieurs ensembles de fosses ont été mis au jour.

 

Localisé presque au centre du site, mais légèrement décalé vers l’angle sud-est, le bâtiment principal est situé sur une rupture de pente du terrain. Il est mal conservé dans sa partie sud-est (installée dans la pente). L’angle sud-ouest a lui aussi été abimé, cette fois par le passage d’une des tranchées de diagnostic. Cet édifice présente un plan typique de fanum. De forme rectangulaire, il est formé d’une cella mesurant 7 m sur 7 hors tout pour une surface interne de 27,5 m². Celle-ci est entourée d’une galerie qui mesure 1,5 à 2 m de largeur interne. Le tout forme un quadrilatère de 12,5 sur 13 m, pour une surface totale d’un peu plus de 160 m². Les fondations de cet édifice sont posées sur un remblai de limon, installé en préalable à la construction du bâtiment pour aplanir le terrain. Sur ce remblai, un dépôt d’ossements animaux et l’inhumation de deux enfants (sujets apriori périnataux dont les ossements ont été placés dans une urne, elle-même accompagnée de deux vases miniatures) ont été déposés avant la construction de l’édifice.

Les bâtiments périphériques sont organisés en plusieurs ensembles. Un premier groupe est localisé en bordure ouest du site. Il est constitué d’au moins trois bâtiments alignés sur un axe nord-sud. Un second ensemble est situé au nord, et les différents édifices qui le constituent suivent une direction globale ouest-est. Un bâtiment isolé est localisé au sud-est de la fouille. Enfin, un cellier et deux zones d’épandage, qui témoignent vraisemblablement de la destruction de deux édifices, sont situés en limite sud du sanctuaire. Ces bâtiments sont bâtis sur des fondations de pierres calcaire, posées soit directement sur le terrain naturel calcaire, soit sur un remblai d’installation constitué de limon. La plupart de ces édifices sont très arasés, mais l’un d’entre eux a révélé une stratigraphique qui témoigne de plusieurs états de fonctionnement, avec des agrandissements successifs. Peu de vestiges nous permettent d’envisager l’élévation de ces bâtiments. Quelques fragments d’enduits peints suggèrent des murs aux couleurs variées et plutôt vives (essentiellement du rouge et du blanc). Des tuiles entières ou fragmentées témoignent de la toiture des édifices.

 

Au sud et à l’est, ces édifices sont installés par dessus un fossé. Celui-ci est creusé dans le calcaire et a été comblé avant la construction de ces bâtiments. Il pourrait témoigner d’une première limite du site, matérialisée soit par un fossé ouvert soit par l’existence d’une palissade en matériaux périssables. Ce premier état est ensuite remplacé par l’ensemble de bâtiments en dur.

 

Plusieurs ensembles de fosses ont été mis au jour. Celles-ci sont assez variées dans leur forme, et leur fonction première reste difficile à appréhender. Cependant, leur comblement témoigne d’une fonction secondaire de fosses de rejets, et la stratigraphie de ces comblements les associent à la fois au fonctionnement et à la démolition des édifices proches.

 

Sur le plan chronologique, un premier état, antérieur au sanctuaire antique, constitué d’un fossé curviligne, d’un ensemble de trous de poteau, et d’une vaste fosse comprenant un dépôt apparemment volontaire, pourrait dater de La Tène finale au règne de Tibère. Le dépôt en question, composé notamment de 9 fibules, et de faune en connexion (porc), matérialise vraisemblablement une première occupation cultuelle du site. Ces éléments sont par ailleurs accompagnés d’un corpus conséquent de monnaies gauloises. Dès lors, comme c’est souvent le cas, on peut envisager un sanctuaire antérieur, gaulois, dont le changement de configuration, aboutissant à la construction d’un véritable fanum, positionné sur un promontoire, peut avoir eu lien à l’époque tibéro-claudienne. Son plan classique est rapidement complété de bâtiments périphériques, à partir de la seconde moitié du Ier siècle et jusqu’au IIe siècle. Son abandon paraît effectif au tout début du IIIe siècle, à l’instar de nombreux sanctuaires situés dans la région.

Sur le plan organisationnel, on note de grandes proportions de céramiques, parfois mutilées, et d’offrandes animales, souvent passées par le feu, à hauteur des bâtiments périphériques. Leur nature diversifiée et le gabarit de certains individus suggèrent la présence de banquets et une romanisation manifeste qui pourrait s’apparenter à un contexte de villa. Ce sanctuaire se caractérise par une position dominante, en bordure d’un axe de circulation majeur au sud, depuis lequel il était visible.

 

Myriam MICHEL, Responsable d'opération



ARTICLE :

MICHEL. M., ADRIAN Y.-M., DOYEN J.-M., HANOTTE A., OUESLATI T., ROUDIE N., COLL. DEMAREST M., LEBIS F., MALETTE C., « Pratiques religieuses dans un sanctuaire véliocasse : les Mureaux à Authevernes (Eure) » dans Gallia, 71-2-2014, CNRS éditions, Paris, 2015, p. 189-259.

Responsable d'opération :

Myriam Michel


Superficie :

16 000 m2


Aménageur :

Carrières et Ballastières de Normandie



Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Normandie, Service Régional de l'Archéologie

 

S ‘inscrivant dans une exploration systématique de l’enceinte de la carrière des Mureaux à Authevernes, l’opération archéologique menée par Archéopole s’est déroulée de fin novembre 2008 à fin mai 2009 (avec une interruption due aux conditions météorologiques défavorables entre fin janvier et début mars 2009).

Le site des Mureaux est en position dominante au-dessus de la vallée de l’Epte et offre un important point de vue à la fois sur le Vexin Normand et sur le Vexin Français. L’occupation antique autour du site est caractérisée notamment par le passage de la voie Paris/Rouen au pied de la carrière, au sud. Plusieurs occupations de la fin de la période de La Tène et de la période gallo-romaine sont en outre connues, par des prospections pédestres ou par les fouilles de la déviation routière de Saint-Clair-sur-Epte.

Sur le site même de la carrière, plusieurs opérations archéologiques se sont succédées entre 1996 et 2007, menées successivement par l’Inrap et le SRA de Haute-Normandie. Elles ont permis la mise au jour de plusieurs occupations. La partie nord de la carrière a vu l’installation durant la période de La Tène d’une exploitation agricole, caractérisée par un ensemble de bâtiments associé à un enclos fossoyé quadrangulaire. D’autres vestiges fossoyés, situés vers le nord-ouest, pourraient se rattacher à cet ensemble. Le tout serait daté du Ie siècle avant J.‑C. L’occupation gallo-romaine du site était attesté jusqu’aux fouilles de 2008-2009 par deux larges fosses interprétées comme d’anciennes carrières, dont le fonctionnement daterait du Ier siècle de notre ère. L’une d’elles a ensuite été utilisée en zone cultuelle, par le dépôt de squelettes animaux et de céramiques, au cours des IIe et IIIe siècles de notre ère. Un four de tuilier, de type « four-canal » témoigne en outre de cette occupation antique. Les diagnostics successifs sur la zone explorée en 2008-2009 laissaient envisager l’existence d’un fanum ou d’une villa, dont la construction et l’occupation serait contemporaine du fonctionnement des deux carrières et du four de tuilier.


La zone fouillée lors de l’opération de 2008-2009 couvre une superficie de 1,6 ha. Les vestiges mis au jour témoignent de l’existence d’un petit sanctuaire. Ils sont organisés autour d’un édifice quadrangulaire, entouré d’une série de bâtiments et fossés périphériques, qui marquent pour la plupart l’extension maximale du site. En effet aucun vestige n’a été découvert au-delà de ces bâtiments et fossés vers le sud, l’ouest et l’est. La limite nord du site pose par contre encore question, puisqu’une partie des terrains localisés entre la fouille de 2008-2009 et la fouille du four de tuiliers en 2000 a disparu lors de l’exploitation de la carrière. Entre ces structures périphériques et le bâtiment central, plusieurs ensembles de fosses ont été mis au jour.

 

Localisé presque au centre du site, mais légèrement décalé vers l’angle sud-est, le bâtiment principal est situé sur une rupture de pente du terrain. Il est mal conservé dans sa partie sud-est (installée dans la pente). L’angle sud-ouest a lui aussi été abimé, cette fois par le passage d’une des tranchées de diagnostic. Cet édifice présente un plan typique de fanum. De forme rectangulaire, il est formé d’une cella mesurant 7 m sur 7 hors tout pour une surface interne de 27,5 m². Celle-ci est entourée d’une galerie qui mesure 1,5 à 2 m de largeur interne. Le tout forme un quadrilatère de 12,5 sur 13 m, pour une surface totale d’un peu plus de 160 m². Les fondations de cet édifice sont posées sur un remblai de limon, installé en préalable à la construction du bâtiment pour aplanir le terrain. Sur ce remblai, un dépôt d’ossements animaux et l’inhumation de deux enfants (sujets apriori périnataux dont les ossements ont été placés dans une urne, elle-même accompagnée de deux vases miniatures) ont été déposés avant la construction de l’édifice.


Les bâtiments périphériques sont organisés en plusieurs ensembles. Un premier groupe est localisé en bordure ouest du site. Il est constitué d’au moins trois bâtiments alignés sur un axe nord-sud. Un second ensemble est situé au nord, et les différents édifices qui le constituent suivent une direction globale ouest-est. Un bâtiment isolé est localisé au sud-est de la fouille. Enfin, un cellier et deux zones d’épandage, qui témoignent vraisemblablement de la destruction de deux édifices, sont situés en limite sud du sanctuaire. Ces bâtiments sont bâtis sur des fondations de pierres calcaire, posées soit directement sur le terrain naturel calcaire, soit sur un remblai d’installation constitué de limon. La plupart de ces édifices sont très arasés, mais l’un d’entre eux a révélé une stratigraphique qui témoigne de plusieurs états de fonctionnement, avec des agrandissements successifs. Peu de vestiges nous permettent d’envisager l’élévation de ces bâtiments. Quelques fragments d’enduits peints suggèrent des murs aux couleurs variées et plutôt vives (essentiellement du rouge et du blanc). Des tuiles entières ou fragmentées témoignent de la toiture des édifices.

 

Au sud et à l’est, ces édifices sont installés par dessus un fossé. Celui-ci est creusé dans le calcaire et a été comblé avant la construction de ces bâtiments. Il pourrait témoigner d’une première limite du site, matérialisée soit par un fossé ouvert soit par l’existence d’une palissade en matériaux périssables. Ce premier état est ensuite remplacé par l’ensemble de bâtiments en dur.

 

Plusieurs ensembles de fosses ont été mis au jour. Celles-ci sont assez variées dans leur forme, et leur fonction première reste difficile à appréhender. Cependant, leur comblement témoigne d’une fonction secondaire de fosses de rejets, et la stratigraphie de ces comblements les associent à la fois au fonctionnement et à la démolition des édifices proches.


Sur le plan chronologique, un premier état, antérieur au sanctuaire antique, constitué d’un fossé curviligne, d’un ensemble de trous de poteau, et d’une vaste fosse comprenant un dépôt apparemment volontaire, pourrait dater de La Tène finale au règne de Tibère. Le dépôt en question, composé notamment de 9 fibules, et de faune en connexion (porc), matérialise vraisemblablement une première occupation cultuelle du site. Ces éléments sont par ailleurs accompagnés d’un corpus conséquent de monnaies gauloises. Dès lors, comme c’est souvent le cas, on peut envisager un sanctuaire antérieur, gaulois, dont le changement de configuration, aboutissant à la construction d’un véritable fanum, positionné sur un promontoire, peut avoir eu lien à l’époque tibéro-claudienne. Son plan classique est rapidement complété de bâtiments périphériques, à partir de la seconde moitié du Ier siècle et jusqu’au IIe siècle. Son abandon paraît effectif au tout début du IIIe siècle, à l’instar de nombreux sanctuaires situés dans la région.

 

Sur le plan organisationnel, on note de grandes proportions de céramiques, parfois mutilées, et d’offrandes animales, souvent passées par le feu, à hauteur des bâtiments périphériques. Leur nature diversifiée et le gabarit de certains individus suggèrent la présence de banquets et une romanisation manifeste qui pourrait s’apparenter à un contexte de villa. Ce sanctuaire se caractérise par une position dominante, en bordure d’un axe de circulation majeur au sud, depuis lequel il était visible.


Myriam MICHEL, Responsable d'opération


ARTICLE :

MICHEL. M., ADRIAN Y.-M., DOYEN J.-M., HANOTTE A., OUESLATI T., ROUDIE N., COLL. DEMAREST M., LEBIS F., MALETTE C., « Pratiques religieuses dans un sanctuaire véliocasse : les Mureaux à Authevernes (Eure) » dans Gallia, 71-2-2014, CNRS éditions, Paris, 2015, p. 189-259.


Responsable d'opération :

Myriam Michel


Superficie :

16 000 m2


Aménageur :

Carrières et Ballastières de Normandie



Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Normandie, Service Régional de l'Archéologie

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