Chantier 1 PRÉVENTIF- Dourges

Chantiers archéologiques 

Pas-de-Calais

Dourges,

 « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 - Lot 2 »

Occupations rurales diachroniques
 

Époques :

  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • Haut-Empire
  • Bas-Empire
  • Haut Moyen Âge
  • Moyen Âge

Pas-de-Calais


Dourges,

 « Extension de la plate-forme Delta 3 – Lot 2 »


Occupations rurales diachroniques
 

Époques :

  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
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  • Moyen Âge
  • City skyline

    Hypothèse de restitution de l'enclos de La Tène ancienne. 

    © Aquarelle S. Fiévet, Archéopole 2018

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  • Pas-de-Calais

    

    Dourges,

     « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 – Lot 2 »


    Occupations rurales diachroniques
     

    Époques :

    • La Tène ancienne
    • La Tène moyenne
    • Haut-Empire
    • Bas-Empire
    • Haut Moyen Âge
    • Moyen Âge

    Dans le cadre de l'extension de la plate-forme multimodale Delta 3 à Dourges (62) et à l'issue d'un vaste diagnostic de 100 hectares, plusieurs secteurs ont fait l'objet d'une prescription pour une fouille archéologique. L'opération menée par Archéopole sur le lot 2 s'est déroulée du 15 juillet au 18 septembre 2015 sur une surface approximative de 1,20 ha.

     

    La Tène ancienne

    Dès La Tène ancienne, les débuts de l'occupation se matérialisent par la mise en place d'un réseau fossoyé structurant les différents espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités. Deux types d'installation se distinguent géographiquement et morphologiquement. Localisée dans la moitié nord-ouest de l’emprise, la première comprend de nombreux bâtiments sur poteaux et est intégrée à un enclos fossoyé tandis que la seconde rassemble plutôt des fosses, une crémation et une cuvette colmatée et s'étend en aire ouverte au sud du site. Dix unités construites ont été déterminées au sein de l’enclos en fonction de l'agencement des différents poteaux, du mobilier et des datations radiocarbones recueillis et de l'organisation générale de l'occupation. La plupart des bâtiments reposent sur 4 poteaux et se rattachent d'un point de vue typologique aux exemplaires fréquemment rencontrés de greniers surélevés à 4 poteaux porteurs. La surface au sol pouvant être un élément discriminant pour orienter l'interprétation, les structures de moins de 10 m² auraient une vocation de grenier tandis que les unités dépassant 10 m² seraient potentiellement destinées à d'autres utilisations (annexe, grange) ou à l’habitat pour les plus imposantes. Contrairement à l’îlot septentrional, aucune délimitation n'a été observée au sud, l'espace étant considéré comme une installation en aire ouverte. Une organisation particulière semble se dessiner puisque l'ensemble des creusements paraissent être contraints le long d'un tracé formant un arc de cercle.

     

    La Tène moyenne

    À La Tène moyenne, le site est réinvesti par la mise en place d'un nouvel enclos comprenant quelques bâtiments et des fosses au même emplacement que le précédent. Ils sont accompagnés à l'extérieur par un bâtiment, quelques autres structures et tronçons de fossés. Plusieurs indices nous laissent supposer qu'une certaine continuité existe entre l'abandon de la première occupation (phase I.1) et l’installation de cet établissement (phase I.2). Par contre, si les différentes composantes architecturales de La Tène ancienne nous laissent envisager la présence d'une activité agricole prédominante à travers notamment le stockage de denrées, la dévolution de l'enclos de La Tène moyenne semble changer d'orientation vers une primauté de l'habitat. Dans ce sens, si peu de mobilier avait été recueilli dans l'enclos à La Tène ancienne, le bâtiment principal et la portion de fossé longeant le bâtiment concentrent plus de 75 % du mobilier céramique récolté (94 tessons sur 123) ainsi que du mobilier métallique d'importance et des vestiges fauniques spécifiques. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un petit assemblage de 22 restes caractérisé par la présence majoritaire du bœuf accompagné de quelques ossements de porc, de chien et de cheval. L'absence des restes de gibier et d'oiseaux est notable. Pour le porc, une demi-tête d’un porcin âgé de 24-30 mois et une tête quasiment entière d’un verrat légèrement plus jeune (20-22 mois) sont attestées. Ces vestiges témoignent d’un dépôt volontaire et primaire au regard de l’excellent état de conservation et l’absence de destruction par les chiens contrairement aux autres restes fauniques recueillis. La découverte symptomatique pour cette phase concerne la mise au jour d'une épée celtique dans le fossé d'enclos, à proximité de l'unité d'habitation. Cette épée présente de nombreuses traces de coups, de torsions latérales et de déformations, la lame ayant été pliée sur elle-même à au moins 3 reprises. Ces altérations et pliures de la lame ne laissent pas de doute sur le caractère volontaire de ces mutilations. Cette épée possède des caractéristiques morphologiques des exemplaires rattachables à la phase La Tène C2/D1. Si sa présence est récurrente dans les tombes de guerriers et dans les sanctuaires, les découvertes en contexte d'habitat sont rares et concernent généralement des fragments souvent de très petite taille ce qui permet de mettre en lumière le caractère exceptionnel de notre exemplaire par sa découverte mais surtout par le dépôt de ce dernier dans le fond du fossé d'enclos dans un cadre similaire à un rituel funéraire. Il paraît donc possible que la phase d'implantation intervienne autour du IIIe s. avant J.-C. et que l'occupation se développe et perdure jusqu'à la fin du IIe s. ou le début du Ier s. av. J.-C.

     

    Le Haut-Empire

    À partir de la fin du Ier s. av. J.-C., le site semble à nouveau activement occupé par différentes installations qui sont délimitées par des enclos et des réseaux fossoyés à l'intérieur desquels de multiples structures s'organisent sur le modèle établi à la période laténienne. Deux états ont pu être définis et marquent une évolution dans la structuration du terroir depuis la période gallo-romaine précoce (phase II.1) et jusqu'au milieu du IIe siècle de notre ère (phase II.2). Les débuts de l'installation gallo-romaine se matérialisent par la mise en place d'un réseau fossoyé relativement dense structurant plusieurs espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités différenciées grâce à des fossés de partition et des éléments de clôture. À l'intérieur des espaces, six unités construites ont été déterminées et sont majoritairement localisées à proximité des fossés d'enclos et/ou de partition et réparties de manière homogène laissant des aires centrales vides pouvant être identifiées comme des zones de cour, de jardin... Quelques fosses ont été relevées autour des bâtiments sans qu'on puisse avec certitude leur attribuer une fonction en dehors de certaines pouvant, au regard de leurs caractéristiques morphologiques notamment, être interprétées comme des silos ou des puits. Le mobilier céramique gallo-romain précoce de Dourges peut être rattaché au premier horizon antique du Douaisis en associant une majorité de catégories de vaisselle façonnée à la main et quelques individus en céramique belge. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un assemblage caractérisé par la domination du bœuf accompagné de porc et de caprinés au sein desquels seul le mouton a été identifié. Le cheval et le chien sont bien représentés. Aucun reste d’équidé n’a livré des traces de découpe contrairement au chien pour lequel un tibia a livré un impact de couperet ainsi qu’une strie de couteau invitant à considérer la pratique de la cynophagie. L’absence de gibier et d’oiseaux de basse-cour est à nouveau notable. Un escargot des haies, adepte des arbres et arbustes, a été découvert et donne des indications sur le couvert végétal. Cette installation semble pouvoir être de 5-1 av. J.-C. à 40-45 ap. J.-C.

    Dans la continuité de la phase précédente, l'occupation se développe et trouve son apogée lors de cette deuxième phase gallo-romaine (phase II.2). Elle se matérialise par la mise en place d'un nouveau réseau fossoyé relativement dense et plus imposant structurant différents espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités. Les établissements anciens sont réinvestis totalement par l'implantation d'un nouvel enclos plus vaste comprenant quelques bâtiments, un nombre relativement important de fosses et des mares. Ils sont accompagnés à l'extérieur par deux ensembles de fosses. À l'intérieur de l'enclos, deux fossés et une longue clôture participent au découpage des différents secteurs et probablement à la séparation des activités. Cette dernière présente quelques particularités d’un point de vue morphologique qui permettent de la comparer à un type d'aménagement palissadé qui se rencontre régulièrement dans la région et semble plutôt être lié à des établissements d'une certaine importance et notamment les villae même s’il est attesté sur des établissements gallo-romains plus modestes. Au niveau des unités construites, une nette diminution est notable par rapport aux états précédents, seuls cinq bâtiments ayant été déterminés et rattachés à cet état parmi lesquels trois sont interprétés comme des greniers et deux s’apparentent à une forme d’habitat. Un édifice se démarque des autres par sa structuration et peut être considéré comme le bâtiment principal d’autant plus qu’à proximité des vestiges spécifiques ont été récoltés pouvant mettre en lumière le statut des occupants (restes de sanglier et de coq, mobilier lié à l’habitat…). Le mobilier recueilli concerne essentiellement des tessons de céramique et de vestiges fauniques ainsi que quelques objets en fer, en alliage cuivreux, en pierre, en terre cuite et en os. Pour la céramique, la terre sigillée est toujours aussi peu fréquente. Les mortiers à collerette Gose 455-62 font leur apparition à ce moment. Dans le même temps, les cruches s'imposent au travers du type à bord mouluré et évasé Tong. 386-88. La céramique rugueuse sombre conserve un répertoire globalement identique à celui de l'horizon précédent. En ce qui concerne les vestiges fauniques, la phase se caractérise par la prédominance des restes de bovins, l’omniprésence des chiens et des équidés mais on voit apparaître, dans la faune, le gibier avec six restes de sanglier et la basse-cour avec le coq. Tous les deux sont recensés au sein d'une même structure à proximité du bâtiment principal. Ces vestiges renseignent sur un statut élevé des consommateurs à l’origine de ce rejet primaire. Parallèlement, un nombre important d'objets majoritairement métalliques ont été recueillis. Les domaines de l'artisanat, de la parure et du vêtement, de la serrurerie et de l'huisserie, de l'ameublement et des activités agro-pastorales sont concernés. Sont notamment recensés une paumelle, les clous d’une semelle complète de chaussure en position d’utilisation, une fusaïole et une monnaie, un as de Trajan. Les différentes données chronologiques déterminées permettent de proposer un intervalle cohérent entre le milieu du Ier s. et la première moitié du IIe s. ap. J.-C. L'apogée de l'occupation gallo-romaine intervient donc au cours des Ier – IIe s. ap. J. C. avec une restructuration complète du terroir en lien avec la mise en place d'un enclos compartimenté et principalement dédié aux activités agricoles et/ou artisanales (phase II.2). La plupart des structures semblent comblées à la fin de cette période et un probable hiatus est donc observable entre la principale phase gallo-romaine et ce dernier état marquant l'abandon définitif du terroir.

     

    Le Bas-Empire

    Le site est tout de même plus ou moins réinvesti au IVe s. ap. J.-C. (phase II.3). Cet état, particulièrement décelable par le mobilier recueilli et la stratigraphie, est marqué par quelques réaménagements mais surtout un remblaiement général du terrain perceptible au niveau des fossés ou des ensembles de fosses antérieurs. À plusieurs endroits sur le site, des structures informes et peu profondes ont été relevées et peuvent être interprétées comme des niveaux de colmatage ou des cuvettes colmatées ayant emprisonné du mobilier rattaché à cette phase d'occupation. Une dernière structure isolée au sud constitue une crémation contenant assurément les esquilles osseuses d'au moins un individu, un adulte, et peut-être d'un second, un enfant. Le mobilier recueilli concerne essentiellement des tessons de céramique et des vestiges fauniques accompagnés de quelques objets métalliques (clous, tiges), d'un élément de peigne en os et de trois monnaies. Pour la céramique, la composition du complexe, qui peut être rattaché à un intervalle compris entre le milieu et la fin du IVe s. ap. J.-C., est de même fortement impactée par le mobilier résiduel. Pour autant, les indices sont suffisants pour identifier une modification des approvisionnements en vaisselle à Dourges, la terre sigillée provenant désormais des ateliers argonnais par exemple. La vaisselle à feu témoigne également de profondes mutations, du fait de l'introduction de la céramique rugueuse claire et de la modification de la typologie des récipients en céramique rugueuse sombre. La première catégorie est importée du massif de l'Eifel. En ce qui concerne les vestiges fauniques, la dernière phase d’occupation romaine affiche toujours la prédominance du bœuf, un équilibre entre le porc et les caprinés. La présence d’un bois de cerf est notable de même qu'un dépôt primaire de restes d'un bovin âgé entre un et deux ans. L'abandon probable de cet état intervient entre le premier tiers et le milieu du IVe s. ap. J.-C. Cette hypothèse est renforcée par la découverte d'une monnaie, une imitation de Constantinopolis, témoignant de la première moitié du IVe s.

     

    La période mérovingienne

    À la suite de l'abandon de l'occupation gallo-romaine au IVe s. ap. J.-C., aucun vestige n'est recensé avant la période mérovingienne. Sur l'emprise de fouille, un hiatus est donc observable pour la fin du Bas-Empire et le début du premier Moyen Âge. À partir du début du VIIe s. ap. J.-C., le site est à nouveau occupé par diverses installations délimitées par un réseau fossoyé étendu à l'intérieur duquel différentes structures s'organisent liées à la sphère des vivants mais aussi au monde des morts (phase III.1). Comparativement aux établissements antérieurs, l'occupation médiévale est plus dispersée et révèle une certaine désertification du secteur qui va se confirmer lors de la phase suivante. Pour le monde des vivants, un petit réseau de fossés peu dense se développe en bordure orientale de l'emprise de fouille. Des interruptions dans leur tracé permettent de circuler entre les différentes zones délimitées. Seuls deux espaces présentent des bâtiments sur poteaux, un supposé fond de cabane et quelques fosses. Pour la première fois, l'alimentation en eau est assurée par la construction d'au moins un puits cuvelé.

    Pour le monde des morts, les fouilles récentes ont permis d'établir, pour le haut Moyen Âge, une diversité dans les pratiques funéraires. Si les nécropoles mérovingiennes s'implantent à proximité du monde des vivants, il arrive très régulièrement que des inhumations isolées ou des petits groupes de sépultures soient découverts au sein même de l'habitat ou dans une sphère domestique proche. Au sein de notre emprise de fouille, 9 fosses à inhumation ont été comptabilisées et sont séparées en deux groupes distincts. L'ensemble occidental comprend 3 tombes tandis que l'unité orientale rassemblent 6 sépultures. Elles semblent être implantées en fonction des éléments structurants du paysage comme l'habitat, les cheminements et les fossés. Si aucun recoupement n'a été observé, quelques indices de pillage ont par contre été relevés notamment pour le groupe occidental. Au total, 7 tombes présentent des anomalies qui pourraient illustrer une pratique du pillage, soit environ 77,77 % des sépultures fouillées. En dépit d'une conservation médiocre des vestiges sur le terrain, il a été possible d'observer quelques éléments attestant de la présence de contenants en bois dans les sépultures. Les individus sont allongés en décubitus dorsal avec la tête à l'ouest ou au sud-ouest, les membres supérieurs en extension ou légèrement fléchis et les membres inférieurs en extension. Seules 3 tombes ont livré au moins un objet, soit 1/3 des sépultures. Il est intéressant de noter que les dépôts concernent uniquement le groupe oriental. Les rares exemples conservés dévoilent des gestes funéraires et des dépôts rencontrés dans les autres nécropoles régionales. Les objets d'armement (scramasaxe) et le mobilier lié à la parure ou à l'habillement (boucle, plaques-boucles, collier) demeurent isolés bien que largement représentatifs du VIIe s. Le mobilier semble essentiellement déposé au sein du contenant et sur le défunt, rarement à l'extérieur. Sur les 10 objets ou fragments d'objets recensés, 80 % (8 occurrences) concernent du mobilier métallique en fer. Ils sont accompagnés de 2 éléments en pâte de verre (perles).

    Même si le mobilier recueilli concerne essentiellement la présence de tessons de céramique et de vestiges fauniques en nombre de restes, les objets déposés dans les sépultures sont plus pertinents et représentatifs de la période. Pour la céramique, un pot à bord en collerette, accompagné d'un fragment de bec, peut être attaché à la fin du VIIe s. ou au début du VIIIe s. En outre, deux tessons consistent en des parois de récipient non tourné à dégraissant de chamotte rouge caractéristique de la période mérovingienne. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un petit assemblage de 20 restes caractérisé par la domination du bœuf accompagné de porc et d'équidés. D'un point de vue chronologique, la confrontation des données (datations radiocarbones et dendrochronologiques, typochronologie du mobilier) permet de caractériser une occupation mérovingienne jouxtée de deux petits ensembles funéraires et datée du VIIe s.

     

    La période carolingienne

    Après un hiatus de deux ou trois siècles, seules quatre structures isolées, plus ou moins alignées sur un axe légèrement nord-est/sud-ouest, sont recensées au sein de l'emprise. Au moins un puits cuvelé est attesté et construit selon un modèle identique à la phase précédente en dehors du fait que plusieurs individus ont récoltés pour la fabrication des planches procédant d’un débit par fendage tangentiel. Aucune délimitation, enclos ou ensemble de fossés, n'est attesté pour cette phase. L’occupation semble s’être déplacée vers le cœur du village ancien de Dourges au regard des quelques découvertes archéologiques. Les vestiges paraissent pouvoir être rattachés à une phase carolingienne comprise entre le début du IXe s. et la seconde moitié du Xe s. La fourchette chronologique ne peut être précisée du fait du manque de données, de mobilier et de l’impossibilité de réaliser une datation dendrochronologique sur les bois du cuvelage du bois.

    Par la suite, il apparaît clairement qu'à partir du bas Moyen Âge le site est entièrement déserté et probablement (re)mis en jachère et/ou destiné à des activités agricoles au sens large. Les quelques structures relevées (cuvette colmatée, alignement de piquets, traces de labours) semblent clairement liées à l’exploitation agricole des terres jouxtant la Ferme de Wavrechin au moins jusqu’au début du XXe s.

     

    Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération

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    ARTICLE :

    CENSE-BACQUET D., avec la coll. de FLORENT G., « Évolution morphologique d’une occupation à La Tène ancienne à Dourges (62) » dans LEROY-LANGELIN E. et LORIN Y. (dir.), Approches multiscalaires des types et formes d’occupation du territoire dans l’Europe du nord-ouest de la fin du Néolithique à La Tène ancienne, Actes du colloque HABATA, Revue du Nord, Hors-série, Villeneuve d’Ascq, n° 29, 2021, p. 359-371.

     

    POSTERS :

    CENSE-BACQUET D., « Évolution morphologique d’une occupation au cours de La Tène ancienne sur le site de Dourges, « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 » (lot 2) », poster présenté au colloque HABATA, Approches multiscalaires des types et formes d’occupation du territoire dans l’Europe du nord-ouest de la fin du Néolithique à La Tène ancienne, Lille, Université de Lille, 3-4 octobre 2019.

     

    CENSE-BACQUET D., coll. DUCHEMIN J.-P., « Discussion autour de la découverte d’une épée dans un contexte d’habitat de La Tène moyenne sur le site de Dourges (Pas-de-Calais) », poster présenté au colloque Armes et Guerriers, Continuités et changements dans l’équipement du guerrier en Europe et au Proche et Moyen-Orient de l’âge du Bronze au Moyen Âge, Paris, Institut d’Art et d’Archéologie, 29 octobre 2019.

     

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    Responsable d'opération :

    Delphine Cense-Bacquet


    Superficie :

    12 700 m2


    Aménageur :

    SPLA DELTA 3

    

    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

     

    • Poster présenté au colloque HABATA, 2019
    • Poster présenté aux 41e Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM, 2020

    Dans le cadre de l'extension de la plate-forme multimodale Delta 3 à Dourges (62) et à l'issue d'un vaste diagnostic de 100 hectares, plusieurs secteurs ont fait l'objet d'une prescription pour une fouille archéologique. L'opération menée par Archéopole sur le lot 2 s'est déroulée du 15 juillet au 18 septembre 2015 sur une surface approximative de 1,20 ha.

     

    La Tène ancienne

    Dès La Tène ancienne, les débuts de l'occupation se matérialisent par la mise en place d'un réseau fossoyé structurant les différents espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités. Deux types d'installation se distinguent géographiquement et morphologiquement. Localisée dans la moitié nord-ouest de l’emprise, la première comprend de nombreux bâtiments sur poteaux et est intégrée à un enclos fossoyé tandis que la seconde rassemble plutôt des fosses, une crémation et une cuvette colmatée et s'étend en aire ouverte au sud du site. Dix unités construites ont été déterminées au sein de l’enclos en fonction de l'agencement des différents poteaux, du mobilier et des datations radiocarbones recueillis et de l'organisation générale de l'occupation. La plupart des bâtiments reposent sur 4 poteaux et se rattachent d'un point de vue typologique aux exemplaires fréquemment rencontrés de greniers surélevés à 4 poteaux porteurs. La surface au sol pouvant être un élément discriminant pour orienter l'interprétation, les structures de moins de 10 m² auraient une vocation de grenier tandis que les unités dépassant 10 m² seraient potentiellement destinées à d'autres utilisations (annexe, grange) ou à l’habitat pour les plus imposantes. Contrairement à l’îlot septentrional, aucune délimitation n'a été observée au sud, l'espace étant considéré comme une installation en aire ouverte. Une organisation particulière semble se dessiner puisque l'ensemble des creusements paraissent être contraints le long d'un tracé formant un arc de cercle.

     

    La Tène moyenne

    À La Tène moyenne, le site est réinvesti par la mise en place d'un nouvel enclos comprenant quelques bâtiments et des fosses au même emplacement que le précédent. Ils sont accompagnés à l'extérieur par un bâtiment, quelques autres structures et tronçons de fossés. Plusieurs indices nous laissent supposer qu'une certaine continuité existe entre l'abandon de la première occupation (phase I.1) et l’installation de cet établissement (phase I.2). Par contre, si les différentes composantes architecturales de La Tène ancienne nous laissent envisager la présence d'une activité agricole prédominante à travers notamment le stockage de denrées, la dévolution de l'enclos de La Tène moyenne semble changer d'orientation vers une primauté de l'habitat. Dans ce sens, si peu de mobilier avait été recueilli dans l'enclos à La Tène ancienne, le bâtiment principal et la portion de fossé longeant le bâtiment concentrent plus de 75 % du mobilier céramique récolté (94 tessons sur 123) ainsi que du mobilier métallique d'importance et des vestiges fauniques spécifiques. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un petit assemblage de 22 restes caractérisé par la présence majoritaire du bœuf accompagné de quelques ossements de porc, de chien et de cheval. L'absence des restes de gibier et d'oiseaux est notable. Pour le porc, une demi-tête d’un porcin âgé de 24-30 mois et une tête quasiment entière d’un verrat légèrement plus jeune (20-22 mois) sont attestées. Ces vestiges témoignent d’un dépôt volontaire et primaire au regard de l’excellent état de conservation et l’absence de destruction par les chiens contrairement aux autres restes fauniques recueillis. La découverte symptomatique pour cette phase concerne la mise au jour d'une épée celtique dans le fossé d'enclos, à proximité de l'unité d'habitation. Cette épée présente de nombreuses traces de coups, de torsions latérales et de déformations, la lame ayant été pliée sur elle-même à au moins 3 reprises. Ces altérations et pliures de la lame ne laissent pas de doute sur le caractère volontaire de ces mutilations. Cette épée possède des caractéristiques morphologiques des exemplaires rattachables à la phase La Tène C2/D1. Si sa présence est récurrente dans les tombes de guerriers et dans les sanctuaires, les découvertes en contexte d'habitat sont rares et concernent généralement des fragments souvent de très petite taille ce qui permet de mettre en lumière le caractère exceptionnel de notre exemplaire par sa découverte mais surtout par le dépôt de ce dernier dans le fond du fossé d'enclos dans un cadre similaire à un rituel funéraire. Il paraît donc possible que la phase d'implantation intervienne autour du IIIe s. avant J.-C. et que l'occupation se développe et perdure jusqu'à la fin du IIe s. ou le début du  Ier s. av. J.-C.

     

    Le Haut-Empire

    À partir de la fin du Ier s. av. J.-C., le site semble à nouveau activement occupé par différentes installations qui sont délimitées par des enclos et des réseaux fossoyés à l'intérieur desquels de multiples structures s'organisent sur le modèle établi à la période laténienne. Deux états ont pu être définis et marquent une évolution dans la structuration du terroir depuis la période gallo-romaine précoce (phase II.1) et jusqu'au milieu du IIe siècle de notre ère (phase II.2). Les débuts de l'installation gallo-romaine se matérialisent par la mise en place d'un réseau fossoyé relativement dense structurant plusieurs espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités différenciées grâce à des fossés de partition et des éléments de clôture. À l'intérieur des espaces, six unités construites ont été déterminées et sont majoritairement localisées à proximité des fossés d'enclos et/ou de partition et réparties de manière homogène laissant des aires centrales vides pouvant être identifiées comme des zones de cour, de jardin... Quelques fosses ont été relevées autour des bâtiments sans qu'on puisse avec certitude leur attribuer une fonction en dehors de certaines pouvant, au regard de leurs caractéristiques morphologiques notamment, être interprétées comme des silos ou des puits. Le mobilier céramique gallo-romain précoce de Dourges peut être rattaché au premier horizon antique du Douaisis en associant une majorité de catégories de vaisselle façonnée à la main et quelques individus en céramique belge. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un assemblage caractérisé par la domination du bœuf accompagné de porc et de caprinés au sein desquels seul le mouton a été identifié. Le cheval et le chien sont bien représentés. Aucun reste d’équidé n’a livré des traces de découpe contrairement au chien pour lequel un tibia a livré un impact de couperet ainsi qu’une strie de couteau invitant à considérer la pratique de la cynophagie. L’absence de gibier et d’oiseaux de basse-cour est à nouveau notable. Un escargot des haies, adepte des arbres et arbustes, a été découvert et donne des indications sur le couvert végétal. Cette installation semble pouvoir être de 5-1 av. J.-C. à 40-45 ap. J.-C.

    Dans la continuité de la phase précédente, l'occupation se développe et trouve son apogée lors de cette deuxième phase gallo-romaine (phase II.2). Elle se matérialise par la mise en place d'un nouveau réseau fossoyé relativement dense et plus imposant structurant différents espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités. Les établissements anciens sont réinvestis totalement par l'implantation d'un nouvel enclos plus vaste comprenant quelques bâtiments, un nombre relativement important de fosses et des mares. Ils sont accompagnés à l'extérieur par deux ensembles de fosses. À l'intérieur de l'enclos, deux fossés et une longue clôture participent au découpage des différents secteurs et probablement à la séparation des activités. Cette dernière présente quelques particularités d’un point de vue morphologique qui permettent de la comparer à un type d'aménagement palissadé qui se rencontre régulièrement dans la région et semble plutôt être lié à des établissements d'une certaine importance et notamment les villae même s’il est attesté sur des établissements gallo-romains plus modestes. Au niveau des unités construites, une nette diminution est notable par rapport aux états précédents, seuls cinq bâtiments ayant été déterminés et rattachés à cet état parmi lesquels trois sont interprétés comme des greniers et deux s’apparentent à une forme d’habitat. Un édifice se démarque des autres par sa structuration et peut être considéré comme le bâtiment principal d’autant plus qu’à proximité des vestiges spécifiques ont été récoltés pouvant mettre en lumière le statut des occupants (restes de sanglier et de coq, mobilier lié à l’habitat…). Le mobilier recueilli concerne essentiellement des tessons de céramique et de vestiges fauniques ainsi que quelques objets en fer, en alliage cuivreux, en pierre, en terre cuite et en os. Pour la céramique, la terre sigillée est toujours aussi peu fréquente. Les mortiers à collerette Gose 455-62 font leur apparition à ce moment. Dans le même temps, les cruches s'imposent au travers du type à bord mouluré et évasé Tong. 386-88. La céramique rugueuse sombre conserve un répertoire globalement identique à celui de l'horizon précédent. En ce qui concerne les vestiges fauniques, la phase se caractérise par la prédominance des restes de bovins, l’omniprésence des chiens et des équidés mais on voit apparaître, dans la faune, le gibier avec six restes de sanglier et la basse-cour avec le coq. Tous les deux sont recensés au sein d'une même structure à proximité du bâtiment principal. Ces vestiges renseignent sur un statut élevé des consommateurs à l’origine de ce rejet primaire. Parallèlement, un nombre important d'objets majoritairement métalliques ont été recueillis. Les domaines de l'artisanat, de la parure et du vêtement, de la serrurerie et de l'huisserie, de l'ameublement et des activités agro-pastorales sont concernés. Sont notamment recensés une paumelle, les clous d’une semelle complète de chaussure en position d’utilisation, une fusaïole et une monnaie, un as de Trajan. Les différentes données chronologiques déterminées permettent de proposer un intervalle cohérent entre le milieu du Ier s. et la première moitié du  IIe s. ap. J.-C. L'apogée de l'occupation gallo-romaine intervient donc au cours des Ier – IIe s. ap. J. C. avec une restructuration complète du terroir en lien avec la mise en place d'un enclos compartimenté et principalement dédié aux activités agricoles et/ou artisanales (phase II.2). La plupart des structures semblent comblées à la fin de cette période et un probable hiatus est donc observable entre la principale phase gallo-romaine et ce dernier état marquant l'abandon définitif du terroir.

     

    Le Bas-Empire

    Le site est tout de même plus ou moins réinvesti au  IVe s. ap. J.-C. (phase II.3). Cet état, particulièrement décelable par le mobilier recueilli et la stratigraphie, est marqué par quelques réaménagements mais surtout un remblaiement général du terrain perceptible au niveau des fossés ou des ensembles de fosses antérieurs. À plusieurs endroits sur le site, des structures informes et peu profondes ont été relevées et peuvent être interprétées comme des niveaux de colmatage ou des cuvettes colmatées ayant emprisonné du mobilier rattaché à cette phase d'occupation. Une dernière structure isolée au sud constitue une crémation contenant assurément les esquilles osseuses d'au moins un individu, un adulte, et peut-être d'un second, un enfant. Le mobilier recueilli concerne essentiellement des tessons de céramique et des vestiges fauniques accompagnés de quelques objets métalliques (clous, tiges), d'un élément de peigne en os et de trois monnaies. Pour la céramique, la composition du complexe, qui peut être rattaché à un intervalle compris entre le milieu et la fin du IVe s. ap. J.-C., est de même fortement impactée par le mobilier résiduel. Pour autant, les indices sont suffisants pour identifier une modification des approvisionnements en vaisselle à Dourges, la terre sigillée provenant désormais des ateliers argonnais par exemple. La vaisselle à feu témoigne également de profondes mutations, du fait de l'introduction de la céramique rugueuse claire et de la modification de la typologie des récipients en céramique rugueuse sombre. La première catégorie est importée du massif de l'Eifel. En ce qui concerne les vestiges fauniques, la dernière phase d’occupation romaine affiche toujours la prédominance du bœuf, un équilibre entre le porc et les caprinés. La présence d’un bois de cerf est notable de même qu'un dépôt primaire de restes d'un bovin âgé entre un et deux ans. L'abandon probable de cet état intervient entre le premier tiers et le milieu du IVe s. ap. J.-C. Cette hypothèse est renforcée par la découverte d'une monnaie, une imitation de Constantinopolis, témoignant de la première moitié du IVe s.

     

    La période mérovingienne

    À la suite de l'abandon de l'occupation gallo-romaine au IVes. ap. J.-C., aucun vestige n'est recensé avant la période mérovingienne. Sur l'emprise de fouille, un hiatus est donc observable pour la fin du Bas-Empire et le début du premier Moyen Âge. À partir du début du VIIe s. ap. J.-C., le site est à nouveau occupé par diverses installations délimitées par un réseau fossoyé étendu à l'intérieur duquel différentes structures s'organisent liées à la sphère des vivants mais aussi au monde des morts (phase III.1). Comparativement aux établissements antérieurs, l'occupation médiévale est plus dispersée et révèle une certaine désertification du secteur qui va se confirmer lors de la phase suivante. Pour le monde des vivants, un petit réseau de fossés peu dense se développe en bordure orientale de l'emprise de fouille. Des interruptions dans leur tracé permettent de circuler entre les différentes zones délimitées. Seuls deux espaces présentent des bâtiments sur poteaux, un supposé fond de cabane et quelques fosses. Pour la première fois, l'alimentation en eau est assurée par la construction d'au moins un puits cuvelé.

    Pour le monde des morts, les fouilles récentes ont permis d'établir, pour le haut Moyen Âge, une diversité dans les pratiques funéraires. Si les nécropoles mérovingiennes s'implantent à proximité du monde des vivants, il arrive très régulièrement que des inhumations isolées ou des petits groupes de sépultures soient découverts au sein même de l'habitat ou dans une sphère domestique proche. Au sein de notre emprise de fouille, 9 fosses à inhumation ont été comptabilisées et sont séparées en deux groupes distincts. L'ensemble occidental comprend 3 tombes tandis que l'unité orientale rassemblent 6 sépultures. Elles semblent être implantées en fonction des éléments structurants du paysage comme l'habitat, les cheminements et les fossés. Si aucun recoupement n'a été observé, quelques indices de pillage ont par contre été relevés notamment pour le groupe occidental. Au total, 7 tombes présentent des anomalies qui pourraient illustrer une pratique du pillage, soit environ 77,77 % des sépultures fouillées. En dépit d'une conservation médiocre des vestiges sur le terrain, il a été possible d'observer quelques éléments attestant de la présence de contenants en bois dans les sépultures. Les individus sont allongés en décubitus dorsal avec la tête à l'ouest ou au sud-ouest, les membres supérieurs en extension ou légèrement fléchis et les membres inférieurs en extension. Seules 3 tombes ont livré au moins un objet, soit 1/3 des sépultures. Il est intéressant de noter que les dépôts concernent uniquement le groupe oriental. Les rares exemples conservés dévoilent des gestes funéraires et des dépôts rencontrés dans les autres nécropoles régionales. Les objets d'armement (scramasaxe) et le mobilier lié à la parure ou à l'habillement (boucle, plaques-boucles, collier) demeurent isolés bien que largement représentatifs du VIIe s. Le mobilier semble essentiellement déposé au sein du contenant et sur le défunt, rarement à l'extérieur. Sur les 10 objets ou fragments d'objets recensés, 80 % (8 occurrences) concernent du mobilier métallique en fer. Ils sont accompagnés de 2 éléments en pâte de verre (perles).

    Même si le mobilier recueilli concerne essentiellement la présence de tessons de céramique et de vestiges fauniques en nombre de restes, les objets déposés dans les sépultures sont plus pertinents et représentatifs de la période. Pour la céramique, un pot à bord en collerette, accompagné d'un fragment de bec, peut être attaché à la fin du  VIIe s. ou au début du VIIIe s. En outre, deux tessons consistent en des parois de récipient non tourné à dégraissant de chamotte rouge caractéristique de la période mérovingienne. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un petit assemblage de 20 restes caractérisé par la domination du bœuf accompagné de porc et d'équidés. D'un point de vue chronologique, la confrontation des données (datations radiocarbones et dendrochronologiques, typochronologie du mobilier) permet de caractériser une occupation mérovingienne jouxtée de deux petits ensembles funéraires et datée du VIIe s.

     

    La période carolingienne

    Après un hiatus de deux ou trois siècles, seules quatre structures isolées, plus ou moins alignées sur un axe légèrement nord-est/sud-ouest, sont recensées au sein de l'emprise. Au moins un puits cuvelé est attesté et construit selon un modèle identique à la phase précédente en dehors du fait que plusieurs individus ont récoltés pour la fabrication des planches procédant d’un débit par fendage tangentiel. Aucune délimitation, enclos ou ensemble de fossés, n'est attesté pour cette phase. L’occupation semble s’être déplacée vers le cœur du village ancien de Dourges au regard des quelques découvertes archéologiques. Les vestiges paraissent pouvoir être rattachés à une phase carolingienne comprise entre le début du IXe s. et la seconde moitié du Xe s. La fourchette chronologique ne peut être précisée du fait du manque de données, de mobilier et de l’impossibilité de réaliser une datation dendrochronologique sur les bois du cuvelage du bois.

    Par la suite, il apparaît clairement qu'à partir du bas Moyen Âge le site est entièrement déserté et probablement (re)mis en jachère et/ou destiné à des activités agricoles au sens large. Les quelques structures relevées (cuvette colmatée, alignement de piquets, traces de labours) semblent clairement liées à l’exploitation agricole des terres jouxtant la Ferme de Wavrechin au moins jusqu’au début du XXe s.

     

    Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'Opération

    Contacter Delphine Cense

    

    ARTICLE :

    CENSE-BACQUET D., avec la coll. de FLORENT G., « Évolution morphologique d’une occupation à La Tène ancienne à Dourges (62) » dans LEROY-LANGELIN E. et LORIN Y. (dir.), Approches multiscalaires des types et formes d’occupation du territoire dans l’Europe du nord-ouest de la fin du Néolithique à La Tène ancienne, Actes du colloque HABATA, Revue du Nord, Hors-série, Villeneuve d’Ascq, n° 29, 2021, p. 359-371.

     

    POSTERS : 

    CENSE-BACQUET D., « Évolution morphologique d’une occupation au cours de La Tène ancienne sur le site de Dourges, « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 » (lot 2) », poster présenté au colloque HABATA, Approches multiscalaires des types et formes d’occupation du territoire dans l’Europe du nord-ouest de la fin du Néolithique à La Tène ancienne, Lille, Université de Lille, 3-4 octobre 2019.

     

    CENSE-BACQUET D., coll. DUCHEMIN J.-P., « Discussion autour de la découverte d’une épée dans un contexte d’habitat de La Tène moyenne sur le site de Dourges (Pas-de-Calais) », poster présenté au colloque Armes et Guerriers, Continuités et changements dans l’équipement du guerrier en Europe et au Proche et Moyen-Orient de l’âge du Bronze au Moyen Âge, Paris, Institut d’Art et d’Archéologie, 29 octobre 2019.



    Responsable d'opération :

    Delphine Cense-Bacquet


    Superficie :

    12 700 m2


    Aménageur :

    SPLA DELTA 3


    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

     


    • Poster présenté au colloque HABATA, 2019


    • Poster présenté aux 41Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM, 2020

    Dans le cadre de l'extension de la plate-forme multimodale Delta 3 à Dourges (62) et à l'issue d'un vaste diagnostic de 100 hectares, plusieurs secteurs ont fait l'objet d'une prescription pour une fouille archéologique. L'opération menée par Archéopole sur le lot 2 s'est déroulée du 15 juillet au 18 septembre 2015 sur une surface approximative de 1,20 ha.

     

    La Tène ancienne

    Dès La Tène ancienne, les débuts de l'occupation se matérialisent par la mise en place d'un réseau fossoyé structurant les différents espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités. Deux types d'installation se distinguent géographiquement et morphologiquement. Localisée dans la moitié nord-ouest de l’emprise, la première comprend de nombreux bâtiments sur poteaux et est intégrée à un enclos fossoyé tandis que la seconde rassemble plutôt des fosses, une crémation et une cuvette colmatée et s'étend en aire ouverte au sud du site. Dix unités construites ont été déterminées au sein de l’enclos en fonction de l'agencement des différents poteaux, du mobilier et des datations radiocarbones recueillis et de l'organisation générale de l'occupation. La plupart des bâtiments reposent sur 4 poteaux et se rattachent d'un point de vue typologique aux exemplaires fréquemment rencontrés de greniers surélevés à 4 poteaux porteurs. La surface au sol pouvant être un élément discriminant pour orienter l'interprétation, les structures de moins de 10 m² auraient une vocation de grenier tandis que les unités dépassant 10 m² seraient potentiellement destinées à d'autres utilisations (annexe, grange) ou à l’habitat pour les plus imposantes. Contrairement à l’îlot septentrional, aucune délimitation n'a été observée au sud, l'espace étant considéré comme une installation en aire ouverte. Une organisation particulière semble se dessiner puisque l'ensemble des creusements paraissent être contraints le long d'un tracé formant un arc de cercle.

     

    La Tène moyenne

    À La Tène moyenne, le site est réinvesti par la mise en place d'un nouvel enclos comprenant quelques bâtiments et des fosses au même emplacement que le précédent. Ils sont accompagnés à l'extérieur par un bâtiment, quelques autres structures et tronçons de fossés. Plusieurs indices nous laissent supposer qu'une certaine continuité existe entre l'abandon de la première occupation (phase I.1) et l’installation de cet établissement (phase I.2). Par contre, si les différentes composantes architecturales de La Tène ancienne nous laissent envisager la présence d'une activité agricole prédominante à travers notamment le stockage de denrées, la dévolution de l'enclos de La Tène moyenne semble changer d'orientation vers une primauté de l'habitat. Dans ce sens, si peu de mobilier avait été recueilli dans l'enclos à La Tène ancienne, le bâtiment principal et la portion de fossé longeant le bâtiment concentrent plus de 75 % du mobilier céramique récolté (94 tessons sur 123) ainsi que du mobilier métallique d'importance et des vestiges fauniques spécifiques. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un petit assemblage de 22 restes caractérisé par la présence majoritaire du bœuf accompagné de quelques ossements de porc, de chien et de cheval. L'absence des restes de gibier et d'oiseaux est notable. Pour le porc, une demi-tête d’un porcin âgé de 24-30 mois et une tête quasiment entière d’un verrat légèrement plus jeune (20-22 mois) sont attestées. Ces vestiges témoignent d’un dépôt volontaire et primaire au regard de l’excellent état de conservation et l’absence de destruction par les chiens contrairement aux autres restes fauniques recueillis. La découverte symptomatique pour cette phase concerne la mise au jour d'une épée celtique dans le fossé d'enclos, à proximité de l'unité d'habitation. Cette épée présente de nombreuses traces de coups, de torsions latérales et de déformations, la lame ayant été pliée sur elle-même à au moins 3 reprises. Ces altérations et pliures de la lame ne laissent pas de doute sur le caractère volontaire de ces mutilations. Cette épée possède des caractéristiques morphologiques des exemplaires rattachables à la phase La Tène C2/D1. Si sa présence est récurrente dans les tombes de guerriers et dans les sanctuaires, les découvertes en contexte d'habitat sont rares et concernent généralement des fragments souvent de très petite taille ce qui permet de mettre en lumière le caractère exceptionnel de notre exemplaire par sa découverte mais surtout par le dépôt de ce dernier dans le fond du fossé d'enclos dans un cadre similaire à un rituel funéraire. Il paraît donc possible que la phase d'implantation intervienne autour du IIIe s. avant J.-C. et que l'occupation se développe et perdure jusqu'à la fin du IIe s. ou le début du  Ier s. av. J.-C.

     

    Le Haut-Empire

    À partir de la fin du Ier s. av. J.-C., le site semble à nouveau activement occupé par différentes installations qui sont délimitées par des enclos et des réseaux fossoyés à l'intérieur desquels de multiples structures s'organisent sur le modèle établi à la période laténienne. Deux états ont pu être définis et marquent une évolution dans la structuration du terroir depuis la période gallo-romaine précoce (phase II.1) et jusqu'au milieu du IIe  siècle de notre ère (phase II.2). Les débuts de l'installation gallo-romaine se matérialisent par la mise en place d'un réseau fossoyé relativement dense structurant plusieurs espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités différenciées grâce à des fossés de partition et des éléments de clôture. À l'intérieur des espaces, six unités construites ont été déterminées et sont majoritairement localisées à proximité des fossés d'enclos et/ou de partition et réparties de manière homogène laissant des aires centrales vides pouvant être identifiées comme des zones de cour, de jardin... Quelques fosses ont été relevées autour des bâtiments sans qu'on puisse avec certitude leur attribuer une fonction en dehors de certaines pouvant, au regard de leurs caractéristiques morphologiques notamment, être interprétées comme des silos ou des puits. Le mobilier céramique gallo-romain précoce de Dourges peut être rattaché au premier horizon antique du Douaisis en associant une majorité de catégories de vaisselle façonnée à la main et quelques individus en céramique belge. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un assemblage caractérisé par la domination du bœuf accompagné de porc et de caprinés au sein desquels seul le mouton a été identifié. Le cheval et le chien sont bien représentés. Aucun reste d’équidé n’a livré des traces de découpe contrairement au chien pour lequel un tibia a livré un impact de couperet ainsi qu’une strie de couteau invitant à considérer la pratique de la cynophagie. L’absence de gibier et d’oiseaux de basse-cour est à nouveau notable. Un escargot des haies, adepte des arbres et arbustes, a été découvert et donne des indications sur le couvert végétal. Cette installation semble pouvoir être de 5-1 av. J.-C. à 40-45 ap. J.-C.

    Dans la continuité de la phase précédente, l'occupation se développe et trouve son apogée lors de cette deuxième phase gallo-romaine (phase II.2). Elle se matérialise par la mise en place d'un nouveau réseau fossoyé relativement dense et plus imposant structurant différents espaces au sein desquels se développent des zones d'habitat et d'activités. Les établissements anciens sont réinvestis totalement par l'implantation d'un nouvel enclos plus vaste comprenant quelques bâtiments, un nombre relativement important de fosses et des mares. Ils sont accompagnés à l'extérieur par deux ensembles de fosses. À l'intérieur de l'enclos, deux fossés et une longue clôture participent au découpage des différents secteurs et probablement à la séparation des activités. Cette dernière présente quelques particularités d’un point de vue morphologique qui permettent de la comparer à un type d'aménagement palissadé qui se rencontre régulièrement dans la région et semble plutôt être lié à des établissements d'une certaine importance et notamment les villae même s’il est attesté sur des établissements gallo-romains plus modestes. Au niveau des unités construites, une nette diminution est notable par rapport aux états précédents, seuls cinq bâtiments ayant été déterminés et rattachés à cet état parmi lesquels trois sont interprétés comme des greniers et deux s’apparentent à une forme d’habitat. Un édifice se démarque des autres par sa structuration et peut être considéré comme le bâtiment principal d’autant plus qu’à proximité des vestiges spécifiques ont été récoltés pouvant mettre en lumière le statut des occupants (restes de sanglier et de coq, mobilier lié à l’habitat…). Le mobilier recueilli concerne essentiellement des tessons de céramique et de vestiges fauniques ainsi que quelques objets en fer, en alliage cuivreux, en pierre, en terre cuite et en os. Pour la céramique, la terre sigillée est toujours aussi peu fréquente. Les mortiers à collerette Gose 455-62 font leur apparition à ce moment. Dans le même temps, les cruches s'imposent au travers du type à bord mouluré et évasé Tong. 386-88. La céramique rugueuse sombre conserve un répertoire globalement identique à celui de l'horizon précédent. En ce qui concerne les vestiges fauniques, la phase se caractérise par la prédominance des restes de bovins, l’omniprésence des chiens et des équidés mais on voit apparaître, dans la faune, le gibier avec six restes de sanglier et la basse-cour avec le coq. Tous les deux sont recensés au sein d'une même structure à proximité du bâtiment principal. Ces vestiges renseignent sur un statut élevé des consommateurs à l’origine de ce rejet primaire. Parallèlement, un nombre important d'objets majoritairement métalliques ont été recueillis. Les domaines de l'artisanat, de la parure et du vêtement, de la serrurerie et de l'huisserie, de l'ameublement et des activités agro-pastorales sont concernés. Sont notamment recensés une paumelle, les clous d’une semelle complète de chaussure en position d’utilisation, une fusaïole et une monnaie, un as de Trajan. Les différentes données chronologiques déterminées permettent de proposer un intervalle cohérent entre le milieu du Ier s. et la première moitié du  IIe s. ap. J.-C. L'apogée de l'occupation gallo-romaine intervient donc au cours des Ier – IIe s. ap. J. C. avec une restructuration complète du terroir en lien avec la mise en place d'un enclos compartimenté et principalement dédié aux activités agricoles et/ou artisanales (phase II.2). La plupart des structures semblent comblées à la fin de cette période et un probable hiatus est donc observable entre la principale phase gallo-romaine et ce dernier état marquant l'abandon définitif du terroir.

     

    Le Bas-Empire

    Le site est tout de même plus ou moins réinvesti au  IVe s. ap. J.-C. (phase II.3). Cet état, particulièrement décelable par le mobilier recueilli et la stratigraphie, est marqué par quelques réaménagements mais surtout un remblaiement général du terrain perceptible au niveau des fossés ou des ensembles de fosses antérieurs. À plusieurs endroits sur le site, des structures informes et peu profondes ont été relevées et peuvent être interprétées comme des niveaux de colmatage ou des cuvettes colmatées ayant emprisonné du mobilier rattaché à cette phase d'occupation. Une dernière structure isolée au sud constitue une crémation contenant assurément les esquilles osseuses d'au moins un individu, un adulte, et peut-être d'un second, un enfant. Le mobilier recueilli concerne essentiellement des tessons de céramique et des vestiges fauniques accompagnés de quelques objets métalliques (clous, tiges), d'un élément de peigne en os et de trois monnaies. Pour la céramique, la composition du complexe, qui peut être rattaché à un intervalle compris entre le milieu et la fin du IVe s. ap. J.-C., est de même fortement impactée par le mobilier résiduel. Pour autant, les indices sont suffisants pour identifier une modification des approvisionnements en vaisselle à Dourges, la terre sigillée provenant désormais des ateliers argonnais par exemple. La vaisselle à feu témoigne également de profondes mutations, du fait de l'introduction de la céramique rugueuse claire et de la modification de la typologie des récipients en céramique rugueuse sombre. La première catégorie est importée du massif de l'Eifel. En ce qui concerne les vestiges fauniques, la dernière phase d’occupation romaine affiche toujours la prédominance du bœuf, un équilibre entre le porc et les caprinés. La présence d’un bois de cerf est notable de même qu'un dépôt primaire de restes d'un bovin âgé entre un et deux ans. L'abandon probable de cet état intervient entre le premier tiers et le milieu du IVe s. ap. J.-C. Cette hypothèse est renforcée par la découverte d'une monnaie, une imitation de Constantinopolis, témoignant de la première moitié du IVe s.

     

    La période mérovingienne

    À la suite de l'abandon de l'occupation gallo-romaine au IVe s. ap. J.-C., aucun vestige n'est recensé avant la période mérovingienne. Sur l'emprise de fouille, un hiatus est donc observable pour la fin du Bas-Empire et le début du premier Moyen Âge. À partir du début du VIIe s. ap. J.-C., le site est à nouveau occupé par diverses installations délimitées par un réseau fossoyé étendu à l'intérieur duquel différentes structures s'organisent liées à la sphère des vivants mais aussi au monde des morts (phase III.1). Comparativement aux établissements antérieurs, l'occupation médiévale est plus dispersée et révèle une certaine désertification du secteur qui va se confirmer lors de la phase suivante. Pour le monde des vivants, un petit réseau de fossés peu dense se développe en bordure orientale de l'emprise de fouille. Des interruptions dans leur tracé permettent de circuler entre les différentes zones délimitées. Seuls deux espaces présentent des bâtiments sur poteaux, un supposé fond de cabane et quelques fosses. Pour la première fois, l'alimentation en eau est assurée par la construction d'au moins un puits cuvelé.

    Pour le monde des morts, les fouilles récentes ont permis d'établir, pour le haut Moyen Âge, une diversité dans les pratiques funéraires. Si les nécropoles mérovingiennes s'implantent à proximité du monde des vivants, il arrive très régulièrement que des inhumations isolées ou des petits groupes de sépultures soient découverts au sein même de l'habitat ou dans une sphère domestique proche. Au sein de notre emprise de fouille, 9 fosses à inhumation ont été comptabilisées et sont séparées en deux groupes distincts. L'ensemble occidental comprend 3 tombes tandis que l'unité orientale rassemblent 6 sépultures. Elles semblent être implantées en fonction des éléments structurants du paysage comme l'habitat, les cheminements et les fossés. Si aucun recoupement n'a été observé, quelques indices de pillage ont par contre été relevés notamment pour le groupe occidental. Au total, 7 tombes présentent des anomalies qui pourraient illustrer une pratique du pillage, soit environ 77,77 % des sépultures fouillées. En dépit d'une conservation médiocre des vestiges sur le terrain, il a été possible d'observer quelques éléments attestant de la présence de contenants en bois dans les sépultures. Les individus sont allongés en décubitus dorsal avec la tête à l'ouest ou au sud-ouest, les membres supérieurs en extension ou légèrement fléchis et les membres inférieurs en extension. Seules 3 tombes ont livré au moins un objet, soit 1/3 des sépultures. Il est intéressant de noter que les dépôts concernent uniquement le groupe oriental. Les rares exemples conservés dévoilent des gestes funéraires et des dépôts rencontrés dans les autres nécropoles régionales. Les objets d'armement (scramasaxe) et le mobilier lié à la parure ou à l'habillement (boucle, plaques-boucles, collier) demeurent isolés bien que largement représentatifs du VIIe s. Le mobilier semble essentiellement déposé au sein du contenant et sur le défunt, rarement à l'extérieur. Sur les 10 objets ou fragments d'objets recensés, 80 % (8 occurrences) concernent du mobilier métallique en fer. Ils sont accompagnés de 2 éléments en pâte de verre (perles).

    Même si le mobilier recueilli concerne essentiellement la présence de tessons de céramique et de vestiges fauniques en nombre de restes, les objets déposés dans les sépultures sont plus pertinents et représentatifs de la période. Pour la céramique, un pot à bord en collerette, accompagné d'un fragment de bec, peut être attaché à la fin du VIIe s. ou au début du VIIIe s. En outre, deux tessons consistent en des parois de récipient non tourné à dégraissant de chamotte rouge caractéristique de la période mérovingienne. En ce qui concerne les vestiges fauniques, cette période a livré un petit assemblage de 20 restes caractérisé par la domination du bœuf accompagné de porc et d'équidés. D'un point de vue chronologique, la confrontation des données (datations radiocarbones et dendrochronologiques, typochronologie du mobilier) permet de caractériser une occupation mérovingienne jouxtée de deux petits ensembles funéraires et datée du VIIe s.

     

    La période carolingienne

    Après un hiatus de deux ou trois siècles, seules quatre structures isolées, plus ou moins alignées sur un axe légèrement nord-est/sud-ouest, sont recensées au sein de l'emprise. Au moins un puits cuvelé est attesté et construit selon un modèle identique à la phase précédente en dehors du fait que plusieurs individus ont récoltés pour la fabrication des planches procédant d’un débit par fendage tangentiel. Aucune délimitation, enclos ou ensemble de fossés, n'est attesté pour cette phase. L’occupation semble s’être déplacée vers le cœur du village ancien de Dourges au regard des quelques découvertes archéologiques. Les vestiges paraissent pouvoir être rattachés à une phase carolingienne comprise entre le début du IXe s. et la seconde moitié du Xe s. La fourchette chronologique ne peut être précisée du fait du manque de données, de mobilier et de l’impossibilité de réaliser une datation dendrochronologique sur les bois du cuvelage du bois.

    Par la suite, il apparaît clairement qu'à partir du bas Moyen Âge le site est entièrement déserté et probablement (re)mis en jachère et/ou destiné à des activités agricoles au sens large. Les quelques structures relevées (cuvette colmatée, alignement de piquets, traces de labours) semblent clairement liées à l’exploitation agricole des terres jouxtant la Ferme de Wavrechin au moins jusqu’au début du XXe s.

     

    Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération

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    ARTICLE :

    CENSE-BACQUET D., avec la coll. de FLORENT G., « Évolution morphologique d’une occupation à La Tène ancienne à Dourges (62) » dans LEROY-LANGELIN E. et LORIN Y. (dir.), Approches multiscalaires des types et formes d’occupation du territoire dans l’Europe du nord-ouest de la fin du Néolithique à La Tène ancienne, Actes du colloque HABATA, Revue du Nord, Hors-série, Villeneuve d’Ascq, n° 29, 2021, p. 359-371.

     

    POSTERS :

    CENSE-BACQUET D., « Évolution morphologique d’une occupation au cours de La Tène ancienne sur le site de Dourges, « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 » (lot 2) », poster présenté au colloque HABATA, Approches multiscalaires des types et formes d’occupation du territoire dans l’Europe du nord-ouest de la fin du Néolithique à La Tène ancienne, Lille, Université de Lille, 3-4 octobre 2019.

     

    CENSE-BACQUET D., coll. DUCHEMIN J.-P., « Discussion autour de la découverte d’une épée dans un contexte d’habitat de La Tène moyenne sur le site de Dourges (Pas-de-Calais) », poster présenté au colloque Armes et Guerriers, Continuités et changements dans l’équipement du guerrier en Europe et au Proche et Moyen-Orient de l’âge du Bronze au Moyen Âge, Paris, Institut d’Art et d’Archéologie, 29 octobre 2019.

    Responsable d'opération :

    Delphine Cense-Bacquet


    Superficie :

    12 700 m2


    Aménageur :

    SPLA DELTA 3

    

    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

    • Poster présenté au colloque HABATA, 2019
    • Poster présenté aux 41e Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM, 2020
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