Chantier 9 PRÉVENTIF- Dourges lot 1

Chantiers archéologiques 

Pas-de-Calais



Dourges,

 « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 - Lot 1 »


Occupation rurale laténienne et villa gallo-romaine
 

Époques :

  • Hallstatt
  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • Haut-Empire
  • Bas-Empire
  • Bas Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine

Pas-de-Calais


Dourges,

 « Extension de la plate-forme Delta 3 – Lot 1 »


Occupation rurale laténienne et villa gallo-romaine
 

Époques :

  • Hallstatt
  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • Haut-Empire
  • Bas-Empire
  • Bas Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine

Pas-de-Calais


Dourges,

 « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 – Lot 1 »



Occupation rurale laténienne et villa gallo-romaine
 

Époques :

  • Hallstatt
  • La Tène ancienne
  • La Tène moyenne
  • Haut-Empire
  • Bas-Empire
  • Bas Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine
  • Le projet d'extension de la plate-forme multimodale Delta 3 sur les communes de Dourges (62) et d'Ostricourt (59) a motivé la prescription d'un diagnostic archéologique dont la conduite a été confiée en 2013 à l'Inrap. Les 100 hectares investigués ont alors généré la prescription de six lots répartis entre trois différents opérateurs archéologiques. La fouille du lot 1 couvre une surface de 10,5 hectares et a été réalisée de juillet à novembre 2015, puis de février à juillet 2016 par Archéopole, sous la direction de Stéphane Leplus, puis celle de Jérôme Georges.

     

    La campagne de 2015 est localisée sur les secteurs A et B de l'emprise, tandis que celle de 2016 s'est focalisée sur la zone C. Les différentes parties du site sont séparées par une bande non prescrite entre les secteurs A et B et par une route, décapée pour les besoins de la fouille, entre les zones B et C.

     

    Les vestiges archéologiques répertoriés sur les différents secteurs de fouille ont permis de mettre en évidence 3 866 faits archéologiques, répartis sur les trois zones du site. La zone A a livré un nombre total de 625 faits, la zone B 1 100 et la zone C 2 139. Au total, 1 415 structures ont été assimilées à des chablis. Même si leur synchronisme n'est pas certifié, il est probable que cet ensemble arboré soit antérieur aux occupations anthropiques du site.

     

    Une grande partie des vestiges fouillés a pu être rattachée à l'une des sept phases historiques définies sur le site. Exceptées de rares traces d'occupations antérieures (phase I), la première implantation significative mise en place se développe durant le premier âge du Fer (phase II) jusqu'à La Tène moyenne (phase III b). L'analyse du mobilier céramique tend a démontrer un hiatus suite à la phase III b. Le site est alors réoccupé massivement dès le début de l'Antiquité, avec la mise en place d'un vaste réseau fossoyé qui évolue rapidement et constamment du Ier au IIe s. de notre ère pour aboutir à une villa monumentale (phase IV a à IV f). Le site semble par la suite abandonné au IVe s. Enfin, quelques structures du Moyen Âge (phase V) ont été retrouvées ainsi que des éléments modernes (phase VI) et contemporains (phase VII).

     

    Concernant les indices d'occupation préhistorique, il sont matérialisés par un corpus de 244 pièces lithiques qui attestent d'une présence humaine dès le Mésolithique. Ces éléments résiduels ne sont toutefois pas associés à des vestiges.

    Un enclos circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre a également été découvert. En dépit d'un curage total, aucun mobilier n'y a été collecté aussi son rattachement au Néolithique final repose uniquement sur une datation radiocarbone qu'il convient de prendre avec précaution.

     

    Les éléments protohistoriques les plus anciens (Hallstatt final) sont répartis sur l'ensemble des trois zones de la fouille sur un axe est-ouest. Aucune organisation particulière ne se dégage, en raison du petit nombre d'éléments structurants le paysage. Avec un seul tronçon de fossé, dont la fonction réelle n'a pu être déterminée, cette occupation du premier âge du Fer n'est donc contrainte par aucune limite physique. Bien qu'aucun bâtiment n'ait pu être associé à cette période, les trous de poteau ainsi que les fosses localisées plus au sud sur la partie haute du site, seraient les témoignages d'une zone d'habitat en aire ouverte. La localisation d'un puits, plus au nord, tire profit de la topographie des lieux, avec une implantation sur les zones basses facilitant l’accès aux nappes phréatiques affleurantes. Le seul élément structurant véritablement l'espace demeure l'enclos carré F.3537. Localisé dans un secteur assez pauvre en structures archéologiques, les indices quant à sa fonction réelle sont inexistants. Structure agraire, funéraire ou cultuelle, la question reste ouverte.

     

    Pour La Tène ancienne, l'occupation mise en avant se caractérise par une implantation diffuse des structures sur l'ensemble des zones A, B et C. Un examen attentif du plan permet toutefois de remarquer deux pôles d'implantation qui, au regard de la distance qui les sépare (environ 300 m), peuvent être considérés comme deux entités distinctes. La première localisée à l'ouest de l'emprise, sur la zone C, s'établit sur une superficie d'environ 21 000 m². À cet endroit et de façon plus ou moins homogène, sont disséminés environ 94 faits archéologiques. Ceux-ci sont exclusivement des structures en creux, fosses, silos, trous de poteau qui témoignent d'une activité humaine conséquente et organisée. Le second pôle comprend 48 faits répartis sur la zone A du site. Il faut noter la présence avérée de trois bâtiments sur poteaux orientés selon le même axe nord-nord-est/sud-sud-ouest et regroupés dans la partie orientale. Des fosses, des silos ainsi qu'une possible tombe/silo (F.1425) y sont associés.

     

    Du point de vue fonctionnel et au vu des éléments collectés lors de la fouille, on peut affirmer que ces occupations s'apparentent à des établissements agricoles mêlant de l'habitat à des éléments de stockage des denrées (grenier, silos). Leur activité repose sur une économie agraire, comme en témoignent les restes carpologiques étudiés dans les fosses F.5478 et F.6432.

     

    D'après les données collectées sur le terrain et analysées en post-fouille, une rupture semble exister entre l'abandon de la première occupation de La Tène ancienne et l'occupation à La Tène moyenne. Cette césure se manifeste par un déplacement géographique vers l'est, en zone A et un changement de modèle économique. Les composantes architecturales de La Tène ancienne laissaient envisager la présence d'une activité agricole basée sur le stockage de denrées associée à un habitat et se développant sur un espace peu ou pas contraint par des limites physiques. Ce qui n'est pas le cas à La Tène moyenne, puisque l'utilisation systématique des enclos ainsi que le faible nombre d'unités construites semble plaider pour une économie agropastorale. Cependant, les artefacts (pesons, couteaux, force, meule) témoignant de ce type d'activité sont ici quasi inexistants, à l'exception de quelques fragments de meule retrouvés en situation de rejet.

     

    La période romaine est caractérisée par une occupation dense dès le début de la Conquête. On observe dès cette période une rationalisation de l'occupation avec la mise en place d'un parcellaire rigoureux localisé principalement sur les zones A et C de l'emprise. Ce quadrillage systématique de l'espace est abandonné avec la mise en place successive dès le milieu du Ier siècle de notre ère d'enclos rectangulaires de plus en plus grands. L'aboutissement de cette dynamique d'occupation est matérialisée au IIe siècle par un vaste enclos de 4,5 hectares associé à de nombreuses fosses, ainsi que des bâtiments sur poteaux de grandes tailles, tous orientés selon le même axe. Trois grandes mares, dont une aménagée d'un quai sur pilotis, jouxtent ces fossés d'enclos.

     

    Vers la fin du IIe siècle, l'établissement rural du site de Dourges lot 1 change de physionomie. Les fossés, mares, collecteurs sont comblés et après une probable césure chronologique, une villa monumentale est édifiée. Cette phase ultime caractérise la villa de Dourges et se superpose par endroits aux occupations précédentes, cependant le paysage local est remanié en profondeur. Cette nouvelle organisation est matérialisée par l'implantation de bâtiments en dur qui suivent une logique d'aménagement qui contourne les contraintes géographiques du site. Le fort dénivelé du sud vers le nord est compensé par la mise en place d'un remblai d’exhaussement qui permet de combler les différences de niveau entre les bâtiments les plus septentrionaux et ceux plus en hauteur de la partie sud de la villa. Six bâtiments sur semelle de craie et contreforts, un mur de séparation, un bassin ainsi que des reliquats de fondation ont été décapés. Ils sont répartis à l'intérieur d'un quadrilatère d'une surface de 23 000 m². Trois édifices (B01b, B02b et B03) se situent dans la zone B du site, tandis que le reste des éléments de la villa est localisé dans la zone C. L'observation en plan de ces constructions montre un schéma d'implantation régulier avec deux alignements de bâtiments qui encadrent un vaste espace allongé qui correspond à la partie agricole de la villa. Une première aile, orientée nord-est/sud-ouest, est composée des bâtiments C04, C05, B01b et B02b constituant la limite nord de l'exploitation agricole. Ils sont disposés tous les 27,50 m sur une longueur totale de 178,00 m. L'alignement méridional, long de 102 m, comprend deux bâtiments (C03 et B03) orientés est-ouest et distants l'un de l'autre de 52 m. Les autres éléments localisés à l'ouest, sont associés à la partie résidentielle de la villa. En raison d'un fort arasement, il ne subsiste de cette partie qu'un mur de séparation, quelques lambeaux de soubassements ainsi qu'un bassin.

     

    L'abandon du site semble effectif dès la fin du IVe siècle, avec la présence de quelques fosses détritiques et de deux niveaux d'abandon richement pourvus en mobilier. Les vestiges postérieurs à l'Antiquité sont deux fours médiévaux (Xe siècle), des limites de parcelles du XVIIe siècle, un parcellaire contemporain ainsi que plusieurs impacts d'obus.

     

    La fouille du lot 1 de l'extension de la plate-forme multimodale de Dourges a permis d'apprécier les dynamiques d'occupation au sein d'un terroir restreint. Le contexte archéologique de Dourges, très riche, est étroitement lié à sa situation géographique exceptionnelle qui en fait un lieu de passage privilégié à l’échelle locale et régionale.

     

    L'étude diachronique menée lors de l'opération et en post fouille a permis de constater et de comprendre les changements et transformations des différents établissements agricoles qui se sont succédés depuis La Tène ancienne. Dès La Tène moyenne et en adéquation avec ce qui peut être observé à l'échelle régionale, une exploitation et une structuration de plus en plus rationnelle des sols se met en place. Ces modifications dans le paysage s’accélèrent au changement d'ère avec une progression de limites physiques de plus en plus marquées, qui s'expliquent par des changements démographiques, économiques et sociaux, et par la Conquête romaine.

     

    À ce titre, le site de Dourges, de par son ampleur et ses caractéristiques, contribue significativement à la compréhension d'un territoire dont les mutations et les dynamiques de peuplement commencent à être bien cernées. Un travail synthétique reste à mener afin d'établir à terme un panorama le plus complet possible sur l'évolution de ce territoire rural.


    Jérôme Georges, Responsable d'opération

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    Responsables d'opération :

    Stéphane Leplus, Jérôme Georges

    Superficie :

    105 000 m2

    Aménageur :

    SPLA DELTA 3

    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

     

    Le projet d'extension de la plate-forme multimodale Delta 3 sur les communes de Dourges (62) et d'Ostricourt (59) a motivé la prescription d'un diagnostic archéologique dont la conduite a été confiée en 2013 à l'Inrap. Les 100 hectares investigués ont alors généré la prescription de six lots répartis entre trois différents opérateurs archéologiques. La fouille du lot 1 couvre une surface de 10,5 hectares et a été réalisée de juillet à novembre 2015, puis de février à juillet 2016 par Archéopole, sous la direction de Stéphane Leplus, puis celle de Jérôme Georges.

     

    La campagne de 2015 est localisée sur les secteurs A et B de l'emprise, tandis que celle de 2016 s'est focalisée sur la zone C. Les différentes parties du site sont séparées par une bande non prescrite entre les secteurs A et B et par une route, décapée pour les besoins de la fouille, entre les zones B et C.

     

    Les vestiges archéologiques répertoriés sur les différents secteurs de fouille ont permis de mettre en évidence 3 866 faits archéologiques, répartis sur les trois zones du site. La zone A a livré un nombre total de 625 faits, la zone B 1 100 et la zone C 2 139. Au total, 1 415 structures ont été assimilées à des chablis. Même si leur synchronisme n'est pas certifié, il est probable que cet ensemble arboré soit antérieur aux occupations anthropiques du site.

     

    Une grande partie des vestiges fouillés a pu être rattachée à l'une des sept phases historiques définies sur le site. Exceptées de rares traces d'occupations antérieures (phase I), la première implantation significative mise en place se développe durant le premier âge du Fer (phase II) jusqu'à La Tène moyenne (phase III b). L'analyse du mobilier céramique tend a démontrer un hiatus suite à la phase III b. Le site est alors réoccupé massivement dès le début de l'Antiquité, avec la mise en place d'un vaste réseau fossoyé qui évolue rapidement et constamment du Ier au IIe s. de notre ère pour aboutir à une villa monumentale (phase IV a à IV f). Le site semble par la suite abandonné au IVe s. Enfin, quelques structures du Moyen Âge (phase V) ont été retrouvées ainsi que des éléments modernes (phase VI) et contemporains (phase VII).

     

    Concernant les indices d'occupation préhistorique, il sont matérialisés par un corpus de 244 pièces lithiques qui attestent d'une présence humaine dès le Mésolithique. Ces éléments résiduels ne sont toutefois pas associés à des vestiges.

    Un enclos circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre a également été découvert. En dépit d'un curage total, aucun mobilier n'y a été collecté aussi son rattachement au Néolithique final repose uniquement sur une datation radiocarbone qu'il convient de prendre avec précaution.

     

    Les éléments protohistoriques les plus anciens (Hallstatt final) sont répartis sur l'ensemble des trois zones de la fouille sur un axe est-ouest. Aucune organisation particulière ne se dégage, en raison du petit nombre d'éléments structurants le paysage. Avec un seul tronçon de fossé, dont la fonction réelle n'a pu être déterminée, cette occupation du premier âge du Fer n'est donc contrainte par aucune limite physique. Bien qu'aucun bâtiment n'ait pu être associé à cette période, les trous de poteau ainsi que les fosses localisées plus au sud sur la partie haute du site, seraient les témoignages d'une zone d'habitat en aire ouverte. La localisation d'un puits, plus au nord, tire profit de la topographie des lieux, avec une implantation sur les zones basses facilitant l’accès aux nappes phréatiques affleurantes. Le seul élément structurant véritablement l'espace demeure l'enclos carré F.3537. Localisé dans un secteur assez pauvre en structures archéologiques, les indices quant à sa fonction réelle sont inexistants. Structure agraire, funéraire ou cultuelle, la question reste ouverte.

     

    Pour La Tène ancienne, l'occupation mise en avant se caractérise par une implantation diffuse des structures sur l'ensemble des zones A, B et C. Un examen attentif du plan permet toutefois de remarquer deux pôles d'implantation qui, au regard de la distance qui les sépare (environ 300 m), peuvent être considérés comme deux entités distinctes. La première localisée à l'ouest de l'emprise, sur la zone C, s'établit sur une superficie d'environ 21 000 m². À cet endroit et de façon plus ou moins homogène, sont disséminés environ 94 faits archéologiques. Ceux-ci sont exclusivement des structures en creux, fosses, silos, trous de poteau qui témoignent d'une activité humaine conséquente et organisée. Le second pôle comprend 48 faits répartis sur la zone A du site. Il faut noter la présence avérée de trois bâtiments sur poteaux orientés selon le même axe nord-nord-est/sud-sud-ouest et regroupés dans la partie orientale. Des fosses, des silos ainsi qu'une possible tombe/silo (F.1425) y sont associés.

     

    Du point de vue fonctionnel et au vu des éléments collectés lors de la fouille, on peut affirmer que ces occupations s'apparentent à des établissements agricoles mêlant de l'habitat à des éléments de stockage des denrées (grenier, silos). Leur activité repose sur une économie agraire, comme en témoignent les restes carpologiques étudiés dans les fosses F.5478 et F.6432.

     

    D'après les données collectées sur le terrain et analysées en post-fouille, une rupture semble exister entre l'abandon de la première occupation de La Tène ancienne et l'occupation à La Tène moyenne. Cette césure se manifeste par un déplacement géographique vers l'est, en zone A et un changement de modèle économique. Les composantes architecturales de La Tène ancienne laissaient envisager la présence d'une activité agricole basée sur le stockage de denrées associée à un habitat et se développant sur un espace peu ou pas contraint par des limites physiques. Ce qui n'est pas le cas à La Tène moyenne, puisque l'utilisation systématique des enclos ainsi que le faible nombre d'unités construites semble plaider pour une économie agropastorale. Cependant, les artefacts (pesons, couteaux, force, meule) témoignant de ce type d'activité sont ici quasi inexistants, à l'exception de quelques fragments de meule retrouvés en situation de rejet.

     

    La période romaine est caractérisée par une occupation dense dès le début de la Conquête. On observe dès cette période une rationalisation de l'occupation avec la mise en place d'un parcellaire rigoureux localisé principalement sur les zones A et C de l'emprise. Ce quadrillage systématique de l'espace est abandonné avec la mise en place successive dès le milieu du Ier siècle de notre ère d'enclos rectangulaires de plus en plus grands. L'aboutissement de cette dynamique d'occupation est matérialisée au IIe siècle par un vaste enclos de 4,5 hectares associé à de nombreuses fosses, ainsi que des bâtiments sur poteaux de grandes tailles, tous orientés selon le même axe. Trois grandes mares, dont une aménagée d'un quai sur pilotis, jouxtent ces fossés d'enclos.

     

    Vers la fin du IIe siècle, l'établissement rural du site de Dourges lot 1 change de physionomie. Les fossés, mares, collecteurs sont comblés et après une probable césure chronologique, une villa monumentale est édifiée. Cette phase ultime caractérise la villa de Dourges et se superpose par endroits aux occupations précédentes, cependant le paysage local est remanié en profondeur. Cette nouvelle organisation est matérialisée par l'implantation de bâtiments en dur qui suivent une logique d'aménagement qui contourne les contraintes géographiques du site. Le fort dénivelé du sud vers le nord est compensé par la mise en place d'un remblai d’exhaussement qui permet de combler les différences de niveau entre les bâtiments les plus septentrionaux et ceux plus en hauteur de la partie sud de la villa. Six bâtiments sur semelle de craie et contreforts, un mur de séparation, un bassin ainsi que des reliquats de fondation ont été décapés. Ils sont répartis à l'intérieur d'un quadrilatère d'une surface de 23 000 m². Trois édifices (B01b, B02b et B03) se situent dans la zone B du site, tandis que le reste des éléments de la villa est localisé dans la zone C. L'observation en plan de ces constructions montre un schéma d'implantation régulier avec deux alignements de bâtiments qui encadrent un vaste espace allongé qui correspond à la partie agricole de la villa. Une première aile, orientée nord-est/sud-ouest, est composée des bâtiments C04, C05, B01b et B02b constituant la limite nord de l'exploitation agricole. Ils sont disposés tous les 27,50 m sur une longueur totale de 178,00 m. L'alignement méridional, long de 102 m, comprend deux bâtiments (C03 et B03) orientés est-ouest et distants l'un de l'autre de 52 m. Les autres éléments localisés à l'ouest, sont associés à la partie résidentielle de la villa. En raison d'un fort arasement, il ne subsiste de cette partie qu'un mur de séparation, quelques lambeaux de soubassements ainsi qu'un bassin.

     

    L'abandon du site semble effectif dès la fin du IVe siècle, avec la présence de quelques fosses détritiques et de deux niveaux d'abandon richement pourvus en mobilier. Les vestiges postérieurs à l'Antiquité sont deux fours médiévaux (Xe siècle), des limites de parcelles du XVIIe siècle, un parcellaire contemporain ainsi que plusieurs impacts d'obus.

     

    La fouille du lot 1 de l'extension de la plate-forme multimodale de Dourges a permis d'apprécier les dynamiques d'occupation au sein d'un terroir restreint. Le contexte archéologique de Dourges, très riche, est étroitement lié à sa situation géographique exceptionnelle qui en fait un lieu de passage privilégié à l’échelle locale et régionale.

     

    L'étude diachronique menée lors de l'opération et en post fouille a permis de constater et de comprendre les changements et transformations des différents établissements agricoles qui se sont succédés depuis La Tène ancienne. Dès La Tène moyenne et en adéquation avec ce qui peut être observé à l'échelle régionale, une exploitation et une structuration de plus en plus rationnelle des sols se met en place. Ces modifications dans le paysage s’accélèrent au changement d'ère avec une progression de limites physiques de plus en plus marquées, qui s'expliquent par des changements démographiques, économiques et sociaux, et par la Conquête romaine.

     

    À ce titre, le site de Dourges, de par son ampleur et ses caractéristiques, contribue significativement à la compréhension d'un territoire dont les mutations et les dynamiques de peuplement commencent à être bien cernées. Un travail synthétique reste à mener afin d'établir à terme un panorama le plus complet possible sur l'évolution de ce territoire rural.

     

    Jérôme Georges, Responsable d'Opération



    Responsables d'opération :

    Stéphane Leplus, Jérôme Georges


    Superficie :

    105 000 m2


    Aménageur :

    SPLA DELTA 3


    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

     


    Le projet d'extension de la plate-forme multimodale Delta 3 sur les communes de Dourges (62) et d'Ostricourt (59) a motivé la prescription d'un diagnostic archéologique dont la conduite a été confiée en 2013 à l'Inrap. Les 100 hectares investigués ont alors généré la prescription de six lots répartis entre trois différents opérateurs archéologiques. La fouille du lot 1 couvre une surface de 10,5 hectares et a été réalisée de juillet à novembre 2015, puis de février à juillet 2016 par Archéopole, sous la direction de Stéphane Leplus, puis celle de Jérôme Georges.

     

    La campagne de 2015 est localisée sur les secteurs A et B de l'emprise, tandis que celle de 2016 s'est focalisée sur la zone C. Les différentes parties du site sont séparées par une bande non prescrite entre les secteurs A et B et par une route, décapée pour les besoins de la fouille, entre les zones B et C.

     

    Les vestiges archéologiques répertoriés sur les différents secteurs de fouille ont permis de mettre en évidence 3 866 faits archéologiques, répartis sur les trois zones du site. La zone A a livré un nombre total de 625 faits, la zone B 1 100 et la zone C 2 139. Au total, 1 415 structures ont été assimilées à des chablis. Même si leur synchronisme n'est pas certifié, il est probable que cet ensemble arboré soit antérieur aux occupations anthropiques du site.

     

    Une grande partie des vestiges fouillés a pu être rattachée à l'une des sept phases historiques définies sur le site. Exceptées de rares traces d'occupations antérieures (phase I), la première implantation significative mise en place se développe durant le premier âge du Fer (phase II) jusqu'à La Tène moyenne (phase III b). L'analyse du mobilier céramique tend a démontrer un hiatus suite à la phase III b. Le site est alors réoccupé massivement dès le début de l'Antiquité, avec la mise en place d'un vaste réseau fossoyé qui évolue rapidement et constamment du Ier au IIe s. de notre ère pour aboutir à une villa monumentale (phase IV a à IV f). Le site semble par la suite abandonné au IVe s. Enfin, quelques structures du Moyen Âge (phase V) ont été retrouvées ainsi que des éléments modernes (phase VI) et contemporains (phase VII).

     

    Concernant les indices d'occupation préhistorique, il sont matérialisés par un corpus de 244 pièces lithiques qui attestent d'une présence humaine dès le Mésolithique. Ces éléments résiduels ne sont toutefois pas associés à des vestiges.

    Un enclos circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre a également été découvert. En dépit d'un curage total, aucun mobilier n'y a été collecté aussi son rattachement au Néolithique final repose uniquement sur une datation radiocarbone qu'il convient de prendre avec précaution.

     

    Les éléments protohistoriques les plus anciens (Hallstatt final) sont répartis sur l'ensemble des trois zones de la fouille sur un axe est-ouest. Aucune organisation particulière ne se dégage, en raison du petit nombre d'éléments structurants le paysage. Avec un seul tronçon de fossé, dont la fonction réelle n'a pu être déterminée, cette occupation du premier âge du Fer n'est donc contrainte par aucune limite physique. Bien qu'aucun bâtiment n'ait pu être associé à cette période, les trous de poteau ainsi que les fosses localisées plus au sud sur la partie haute du site, seraient les témoignages d'une zone d'habitat en aire ouverte. La localisation d'un puits, plus au nord, tire profit de la topographie des lieux, avec une implantation sur les zones basses facilitant l’accès aux nappes phréatiques affleurantes. Le seul élément structurant véritablement l'espace demeure l'enclos carré F.3537. Localisé dans un secteur assez pauvre en structures archéologiques, les indices quant à sa fonction réelle sont inexistants. Structure agraire, funéraire ou cultuelle, la question reste ouverte.

     

    Pour La Tène ancienne, l'occupation mise en avant se caractérise par une implantation diffuse des structures sur l'ensemble des zones A, B et C. Un examen attentif du plan permet toutefois de remarquer deux pôles d'implantation qui, au regard de la distance qui les sépare (environ 300 m), peuvent être considérés comme deux entités distinctes. La première localisée à l'ouest de l'emprise, sur la zone C, s'établit sur une superficie d'environ 21 000 m². À cet endroit et de façon plus ou moins homogène, sont disséminés environ 94 faits archéologiques. Ceux-ci sont exclusivement des structures en creux, fosses, silos, trous de poteau qui témoignent d'une activité humaine conséquente et organisée. Le second pôle comprend 48 faits répartis sur la zone A du site. Il faut noter la présence avérée de trois bâtiments sur poteaux orientés selon le même axe nord-nord-est/sud-sud-ouest et regroupés dans la partie orientale. Des fosses, des silos ainsi qu'une possible tombe/silo (F.1425) y sont associés.

     

    Du point de vue fonctionnel et au vu des éléments collectés lors de la fouille, on peut affirmer que ces occupations s'apparentent à des établissements agricoles mêlant de l'habitat à des éléments de stockage des denrées (grenier, silos). Leur activité repose sur une économie agraire, comme en témoignent les restes carpologiques étudiés dans les fosses F.5478 et F.6432.

     

    D'après les données collectées sur le terrain et analysées en post-fouille, une rupture semble exister entre l'abandon de la première occupation de La Tène ancienne et l'occupation à La Tène moyenne. Cette césure se manifeste par un déplacement géographique vers l'est, en zone A et un changement de modèle économique. Les composantes architecturales de La Tène ancienne laissaient envisager la présence d'une activité agricole basée sur le stockage de denrées associée à un habitat et se développant sur un espace peu ou pas contraint par des limites physiques. Ce qui n'est pas le cas à La Tène moyenne, puisque l'utilisation systématique des enclos ainsi que le faible nombre d'unités construites semble plaider pour une économie agropastorale. Cependant, les artefacts (pesons, couteaux, force, meule) témoignant de ce type d'activité sont ici quasi inexistants, à l'exception de quelques fragments de meule retrouvés en situation de rejet.

     

    La période romaine est caractérisée par une occupation dense dès le début de la Conquête. On observe dès cette période une rationalisation de l'occupation avec la mise en place d'un parcellaire rigoureux localisé principalement sur les zones A et C de l'emprise. Ce quadrillage systématique de l'espace est abandonné avec la mise en place successive dès le milieu du Ier siècle de notre ère d'enclos rectangulaires de plus en plus grands. L'aboutissement de cette dynamique d'occupation est matérialisée au IIe siècle par un vaste enclos de 4,5 hectares associé à de nombreuses fosses, ainsi que des bâtiments sur poteaux de grandes tailles, tous orientés selon le même axe. Trois grandes mares, dont une aménagée d'un quai sur pilotis, jouxtent ces fossés d'enclos.

     

    Vers la fin du IIe siècle, l'établissement rural du site de Dourges lot 1 change de physionomie. Les fossés, mares, collecteurs sont comblés et après une probable césure chronologique, une villa monumentale est édifiée. Cette phase ultime caractérise la villa de Dourges et se superpose par endroits aux occupations précédentes, cependant le paysage local est remanié en profondeur. Cette nouvelle organisation est matérialisée par l'implantation de bâtiments en dur qui suivent une logique d'aménagement qui contourne les contraintes géographiques du site. Le fort dénivelé du sud vers le nord est compensé par la mise en place d'un remblai d’exhaussement qui permet de combler les différences de niveau entre les bâtiments les plus septentrionaux et ceux plus en hauteur de la partie sud de la villa. Six bâtiments sur semelle de craie et contreforts, un mur de séparation, un bassin ainsi que des reliquats de fondation ont été décapés. Ils sont répartis à l'intérieur d'un quadrilatère d'une surface de 23 000 m². Trois édifices (B01b, B02b et B03) se situent dans la zone B du site, tandis que le reste des éléments de la villa est localisé dans la zone C. L'observation en plan de ces constructions montre un schéma d'implantation régulier avec deux alignements de bâtiments qui encadrent un vaste espace allongé qui correspond à la partie agricole de la villa. Une première aile, orientée nord-est/sud-ouest, est composée des bâtiments C04, C05, B01b et B02b constituant la limite nord de l'exploitation agricole. Ils sont disposés tous les 27,50 m sur une longueur totale de 178,00 m. L'alignement méridional, long de 102 m, comprend deux bâtiments (C03 et B03) orientés est-ouest et distants l'un de l'autre de 52 m. Les autres éléments localisés à l'ouest, sont associés à la partie résidentielle de la villa. En raison d'un fort arasement, il ne subsiste de cette partie qu'un mur de séparation, quelques lambeaux de soubassements ainsi qu'un bassin.

     

    L'abandon du site semble effectif dès la fin du IVe siècle, avec la présence de quelques fosses détritiques et de deux niveaux d'abandon richement pourvus en mobilier. Les vestiges postérieurs à l'Antiquité sont deux fours médiévaux (Xe siècle), des limites de parcelles du XVIIe siècle, un parcellaire contemporain ainsi que plusieurs impacts d'obus.

     

    La fouille du lot 1 de l'extension de la plate-forme multimodale de Dourges a permis d'apprécier les dynamiques d'occupation au sein d'un terroir restreint. Le contexte archéologique de Dourges, très riche, est étroitement lié à sa situation géographique exceptionnelle qui en fait un lieu de passage privilégié à l’échelle locale et régionale.

     

    L'étude diachronique menée lors de l'opération et en post fouille a permis de constater et de comprendre les changements et transformations des différents établissements agricoles qui se sont succédés depuis La Tène ancienne. Dès La Tène moyenne et en adéquation avec ce qui peut être observé à l'échelle régionale, une exploitation et une structuration de plus en plus rationnelle des sols se met en place. Ces modifications dans le paysage s’accélèrent au changement d'ère avec une progression de limites physiques de plus en plus marquées, qui s'expliquent par des changements démographiques, économiques et sociaux, et par la Conquête romaine.

     

    À ce titre, le site de Dourges, de par son ampleur et ses caractéristiques, contribue significativement à la compréhension d'un territoire dont les mutations et les dynamiques de peuplement commencent à être bien cernées. Un travail synthétique reste à mener afin d'établir à terme un panorama le plus complet possible sur l'évolution de ce territoire rural.


    Jérôme Georges, Responsable d'opération


    Responsables d'opération :

    Stéphane Leplus, Jérôme Georges.


    Superficie :

    105 000 m2


    Aménageur :

    SPLA DELTA 3

    

    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

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