Chantier 16 PRÉVENTIF- La Calotterie

Chantiers archéologiques 

Pas-de-Calais


La Calotterie,

Chemin de Visemarais, « Les Prés à l'Eau » et « Le Visemarais Est »


Port de Quentovic, artisanat et habitat du haut Moyen Âge


Époques :

  • Haut Moyen Âge



Pas-de-Calais


La Calotterie,

Chemin de Visemarais, « Les Prés à l'Eau » et « Le Visemarais Est »


Port de Quentovic, artisanat et habitat du haut Moyen Âge


Époques :

  • Haut Moyen Âge


Pas-de-Calais


La Calotterie,

Chemin de Visemarais, « Les Prés à l'Eau » et « Le Visemarais Est »


Port de Quentovic, artisanat et habitat du haut Moyen Âge
 

Époques :

  • Haut Moyen Âge


Dans le cadre de l'aménagement de deux terrains se rapportant à un projet de lotissement de maisons individuelles, les parcelles AC 40 et AC 36 (AC 3p), situées dans le hameau de Visemarais, dans la partie septentrionale de la Calotterie, respectivement aux lieux-dits Le Visemarest Est et Les Prés à l'Eau, ont fait l'objet d'une fouille archéologique. L'opération s'est déroulée du 15 juin au 27 novembre 2009 sur les deux parcelles d'une surface totale de 1,50 ha environ. L'exploration complète de ces zones a permis de mettre au jour plus de mille structures attribuables au Moyen Âge et majoritairement au haut Moyen Âge.

Cette installation dense se matérialise par la présence d'un vaste réseau de chemins et de fossés délimitant des parcelles plus ou moins quadrangulaires. D'autres séparations comme des clôtures ou l'alignement de certaines fosses participent également au découpage des espaces. À l'extrémité sud-est, un large fossé semble se prolonger au-delà de la limite de fouille, sous la route actuelle. Orienté nord-est/sud-ouest, il présente un profil irrégulier en cuvette évasée et un comblement hétérogène composé de huit couches distinctes qui nous renseignent sur son fonctionnement, depuis son creusement jusqu'à son abandon. Les particularités de ce fossé sont non seulement ses grandes dimensions comparativement aux autres fossés mais également et surtout la présence de deux niveaux de clayonnage servant à renforcer les berges. Le premier niveau, situé en partie basse, est resté en place lors de son comblement final. Il se compose de dix-sept poteaux verticaux et d'un clayonnage présent sur une hauteur d’environ 20 cm. Quelques pieux supplémentaires, au nombre de seize, complètent le dispositif à environ 0,30 m à 0,40 m à l'intérieur du fossé Le second niveau s'est certainement effondré à l'intérieur et a été retrouvé couché. De ce renfort, il reste surtout les pieux mais également quelques portions du clayonnage.

 

L'ensemble de l'occupation correspond à dix parcelles au minimum au sein desquelles se développe une occupation sous la forme de bâtiments majoritairement sur poteaux accompagnés de nombreuses fosses à vocation domestique et artisanale, de quelques silos et de quelques latrines ou fosses à rejet de latrines. Deux fonds de cabane ont également été repérés. Les bâtiments sont basés sur quatre poteaux au minimum et généralement plus de dix. Les plus grands comportent parfois des extensions et des séparations internes. Le plus souvent, ils sont disposés le long des fossés et des chemins, parallèlement ou perpendiculairement à ceux-ci. Ils sont quasiment tous orientés nord-est/sud-ouest ou nord-ouest/sud-est. Ils couvrent des surfaces comprises approximativement entre 10 et 100 m². Aucun foyer dans les bâtiments ou à proximité n'a été repéré. Seuls les vestiges sous forme de parois de four ou de fragments de terre rubéfiée, trouvés en rejet dans les fosses, nous laissent supposer l’existence de ce type de structure.

 

Une des singularités du site est de receler vingt-six puits répartis sur la totalité de l'emprise archéologique. Chacune de ces structures comporte des particularités notamment au niveau de la mise en place du cuvelage, avec ou sans creusement d'un avant-trou par exemple, mais deux types principaux ont pu être déterminés. En effet, le cuvelage de vingt-deux d'entre eux présente un remploi de tonneaux tandis que les autres sont confectionnés à partir de pieux verticaux et de branchages entrelacés.

Dix-huit puits avec remploi de tonneau ont révélé un cuvelage simple. Les tonneaux ont un diamètre maximal apparemment compris entre 0,60 et 0,80 m. Ils sont composés de planches ou douelles dont le nombre varie entre douze et vingt-huit et dont la longueur peut atteindre 1,20 m. L'épaisseur des douelles fluctue jusqu'à 0,05 m pour les plus épaisses. Les planches sont maintenues entre elles par des cerclages ou cerceaux faits de branches de bois souple fendues à moitié et parfois enveloppées d'un autre bois souple de type osier. Ils présentent de nombreuses traces d'outils mais également des marques comme une croix. Les fonds des tonneaux ont été presque systématiquement enlevés avant d'introduire le tonneau dans le fond du trou. Sur l'ensemble des tonneaux, seuls deux ont conservé leur fond dont un était encore en place mais légèrement détaché du cuvelage et le second, retrouvé en vrac dans le comblement du cuvelage, a certainement bougé lors de l'insertion du tonneau au fond. Régulièrement, l'aménagement du fond du puits est soigné par la présence d'un lit de moellons de silex. La majorité des puits ont une profondeur oscillant entre 1,50 m et 2,20 m et atteignent largement la couche sableuse bleu-gris aquifère. Deux se distinguent par la présence d'un double cuvelage. Deux autres puits ont révélé l'absence de douves alors que les cerceaux sont restés en place. L'hypothèse qui semble la plus probable est la récupération des planches par les habitants lors de l’abandon des puits. Le second type mis au jour sur le site est le puits en bois tressé. À la place du tonneau, un système formé de pieux verticaux simples ou doubles et de branchages entrelacés est présent, formant une sorte de panier en bois souple. Le creusement et les dimensions sont similaires aux autres puits.

 

Deux sépultures à inhumation isolées marquent aussi le site et semblent l'encadrer chronologiquement au regard de la stratigraphie relative relevée. La première est une fosse à inhumation d'un individu adulte de sexe masculin, âgé entre 20 et 49 ans et allongé sur le côté gauche. Il est accompagné d'un couteau, d'une probable clef, d'une boucle et d'une monnaie en argent. La seconde concerne un individu de sexe féminin, âgé entre 20 et 29 ans et allongé sur le dos. Elle a été inhumée sans mobilier.

 

Le mobilier recueilli dans l'ensemble des structures est majoritairement constitué de faune, de malacofaune, de micro-faune et de vestiges ichtyologiques mais également de tessons de céramiques, d'objets métalliques (monnaies, poignards, anses...), de fragments de verre, de torchis portant la trace du clayonnage et de l'enduit ou encore d'artefacts en pierre (mortiers, pierres à aiguiser) et en cuir (chaussure, doigtier). De nombreux petits objets travaillés ont été mis au jour comme des peignes en os à simple ou double denture et décors incisés, des éléments de tabletterie avec des décors d'ocelles ou des fusaïoles.

 

Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération.

Contacter Delphine Cense


ARTICLES :

CENSE D., « L'occupation du Haut Moyen Âge sur le site de La Calotterie (62). Bilan provisoire des fouilles réalisées en 2009 sur les parcelles AC 40 et AC 3p », Actes de la table-ronde internationale de Boulogne-sur-Mer, 2011.

 

CENSE D., "La Calotterie (Pas-de-Calais). Chemin de Visemarais", Chroniques des fouilles médiévales en France 2009, Archéologie médiévale, n° 40, 2010.

 

CENSE D.,  « L'habitat alto-médiéval de La Calotterie », Archéologia, Dossier Nord-Pas-de-Calais – De la Préhistoire à la Grande Guerre, n° 498, Paris, avril 2012, p. 44.

 

CENSE D., LEROY I., ROUTIER J.-Cl. et VERSLYPE L., « Les occupations funéraires de la basse vallée de la Canche entre Antiquité et Moyen Âge », Communauté des vivants, compagnie des morts, 35e Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM, Douai, 9-11 octobre 2014, Bulletin de liaison n° 38, Caen, 2014, p. 20.

 

CENSE D., « L’habitat alto-médiéval de La Calotterie (Pas-de-Calais) », dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, 2015, p. 161.

 

CENSE D., « La tabletterie de l’habitat alto-médiéval de La Calotterie (Pas-de-Calais) » dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, 2015, p. 130-131.

 

CENSE D., « L’occupation du haut Moyen Âge sur le site de La Calotterie, « Chemin de Visemarais » (France – Pas-de-Calais). Premiers résultats de la fouille réalisée sur les parcelles AC 40 et AC 3p », Les cultures des littoraux au haut Moyen Âge, Cadre et modes de vie dans l’espace maritime Manche-Mer du Nord du IIIe au Xe s., Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, Hors-série n° 24, Villeneuve d’Ascq, Université de Lille III, 2016, p. 187-215.

 

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Responsable d'opération :

Delphine Cense-Bacquet


Superficie :

15 000 m2


Aménageur :

Mme Catherine de Prémont


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

Dans le cadre de l'aménagement de deux terrains se rapportant à un projet de lotissement de maisons individuelles, les parcelles AC 40 et AC 36 (AC 3p), situées dans le hameau de Visemarais, dans la partie septentrionale de la Calotterie, respectivement aux lieux-dits Le Visemarest Est et Les Prés à l'Eau, ont fait l'objet d'une fouille archéologique. L'opération s'est déroulée du 15 juin au 27 novembre 2009 sur les deux parcelles d'une surface totale de 1,50 ha environ. L'exploration complète de ces zones a permis de mettre au jour plus de mille structures attribuables au Moyen Âge et majoritairement au haut Moyen Âge.

Cette installation dense se matérialise par la présence d'un vaste réseau de chemins et de fossés délimitant des parcelles plus ou moins quadrangulaires. D'autres séparations comme des clôtures ou l'alignement de certaines fosses participent également au découpage des espaces. À l'extrémité sud-est, un large fossé semble se prolonger au-delà de la limite de fouille, sous la route actuelle. Orienté nord-est/sud-ouest, il présente un profil irrégulier en cuvette évasée et un comblement hétérogène composé de huit couches distinctes qui nous renseignent sur son fonctionnement, depuis son creusement jusqu'à son abandon. Les particularités de ce fossé sont non seulement ses grandes dimensions comparativement aux autres fossés mais également et surtout la présence de deux niveaux de clayonnage servant à renforcer les berges. Le premier niveau, situé en partie basse, est resté en place lors de son comblement final. Il se compose de dix-sept poteaux verticaux et d'un clayonnage présent sur une hauteur d’environ 20 cm. Quelques pieux supplémentaires, au nombre de seize, complètent le dispositif à environ 0,30 m à 0,40 m à l'intérieur du fossé Le second niveau s'est certainement effondré à l'intérieur et a été retrouvé couché. De ce renfort, il reste surtout les pieux mais également quelques portions du clayonnage.

L'ensemble de l'occupation correspond à dix parcelles au minimum au sein desquelles se développe une occupation sous la forme de bâtiments majoritairement sur poteaux accompagnés de nombreuses fosses à vocation domestique et artisanale, de quelques silos et de quelques latrines ou fosses à rejet de latrines. Deux fonds de cabane ont également été repérés. Les bâtiments sont basés sur quatre poteaux au minimum et généralement plus de dix. Les plus grands comportent parfois des extensions et des séparations internes. Le plus souvent, ils sont disposés le long des fossés et des chemins, parallèlement ou perpendiculairement à ceux-ci. Ils sont quasiment tous orientés nord-est/sud-ouest ou nord-ouest/sud-est. Ils couvrent des surfaces comprises approximativement entre 10 et 100 m². Aucun foyer dans les bâtiments ou à proximité n'a été repéré. Seuls les vestiges sous forme de parois de four ou de fragments de terre rubéfiée, trouvés en rejet dans les fosses, nous laissent supposer l’existence de ce type de structure.

Une des singularités du site est de receler vingt-six puits répartis sur la totalité de l'emprise archéologique. Chacune de ces structures comporte des particularités notamment au niveau de la mise en place du cuvelage, avec ou sans creusement d'un avant-trou par exemple, mais deux types principaux ont pu être déterminés. En effet, le cuvelage de vingt-deux d'entre eux présente un remploi de tonneaux tandis que les autres sont confectionnés à partir de pieux verticaux et de branchages entrelacés.

Dix-huit puits avec remploi de tonneau ont révélé un cuvelage simple. Les tonneaux ont un diamètre maximal apparemment compris entre 0,60 et 0,80 m. Ils sont composés de planches ou douelles dont le nombre varie entre douze et vingt-huit et dont la longueur peut atteindre 1,20 m. L'épaisseur des douelles fluctue jusqu'à 0,05 m pour les plus épaisses. Les planches sont maintenues entre elles par des cerclages ou cerceaux faits de branches de bois souple fendues à moitié et parfois enveloppées d'un autre bois souple de type osier. Ils présentent de nombreuses traces d'outils mais également des marques comme une croix. Les fonds des tonneaux ont été presque systématiquement enlevés avant d'introduire le tonneau dans le fond du trou. Sur l'ensemble des tonneaux, seuls deux ont conservé leur fond dont un était encore en place mais légèrement détaché du cuvelage et le second, retrouvé en vrac dans le comblement du cuvelage, a certainement bougé lors de l'insertion du tonneau au fond. Régulièrement, l'aménagement du fond du puits est soigné par la présence d'un lit de moellons de silex. La majorité des puits ont une profondeur oscillant entre 1,50 m et 2,20 m et atteignent largement la couche sableuse bleu-gris aquifère. Deux se distinguent par la présence d'un double cuvelage. Deux autres puits ont révélé l'absence de douves alors que les cerceaux sont restés en place. L'hypothèse qui semble la plus probable est la récupération des planches par les habitants lors de l’abandon des puits. Le second type mis au jour sur le site est le puits en bois tressé. À la place du tonneau, un système formé de pieux verticaux simples ou doubles et de branchages entrelacés est présent, formant une sorte de panier en bois souple. Le creusement et les dimensions sont similaires aux autres puits.

Deux sépultures à inhumation isolées marquent aussi le site et semblent l'encadrer chronologiquement au regard de la stratigraphie relative relevée. La première est une fosse à inhumation d'un individu adulte de sexe masculin, âgé entre 20 et 49 ans et allongé sur le côté gauche. Il est accompagné d'un couteau, d'une probable clef, d'une boucle et d'une monnaie en argent. La seconde concerne un individu de sexe féminin, âgé entre 20 et 29 ans et allongé sur le dos. Elle a été inhumée sans mobilier.

Le mobilier recueilli dans l'ensemble des structures est majoritairement constitué de faune, de malacofaune, de micro-faune et de vestiges ichtyologiques mais également de tessons de céramiques, d'objets métalliques (monnaies, poignards, anses...), de fragments de verre, de torchis portant la trace du clayonnage et de l'enduit ou encore d'artefacts en pierre (mortiers, pierres à aiguiser) et en cuir (chaussure, doigtier). De nombreux petits objets travaillés ont été mis au jour comme des peignes en os à simple ou double denture et décors incisés, des éléments de tabletterie avec des décors d'ocelles ou des fusaïoles.


Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération.

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ARTICLES :

CENSE D., « L'occupation du Haut Moyen Âge sur le site de La Calotterie (62). Bilan provisoire des fouilles réalisées en 2009 sur les parcelles AC 40 et AC 3p », Actes de la table-ronde internationale de Boulogne-sur-Mer, 2011.


CENSE D., "La Calotterie (Pas-de-Calais). Chemin de Visemarais", Chroniques des fouilles médiévales en France 2009, Archéologie médiévale, n° 40, 2010.


CENSE D., « L'habitat alto-médiéval de La Calotterie », Archéologia, Dossier Nord-Pas-de-Calais – De la Préhistoire à la Grande Guerre, n° 498, Paris, avril 2012, p. 44.


CENSE D., LEROY I., ROUTIER J.-Cl. et VERSLYPE L., « Les occupations funéraires de la basse vallée de la Canche entre Antiquité et Moyen Âge », Communauté des vivants, compagnie des morts, 35 èmes Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM, Douai, 9-11 octobre 2014, Bulletin de liaison n° 38, Caen, 2014, p. 20.


CENSE D., « L’habitat alto-médiéval de La Calotterie (Pas-de-Calais) », dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, 2015, p. 161.


CENSE D., « La tabletterie de l’habitat alto-médiéval de La Calotterie (Pas-de-Calais) » dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, 2015, p. 130-131.



CENSE D., « L’occupation du haut Moyen Âge sur le site de La Calotterie, « Chemin de Visemarais » (France – Pas-de-Calais). Premiers résultats de la fouille réalisée sur les parcelles AC 40 et AC 3p », Les cultures des littoraux au haut Moyen Âge, Cadre et modes de vie dans l’espace maritime Manche-Mer du Nord du IIIe au Xe s., Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, Hors-série n° 24, Villeneuve d’Ascq, Université de Lille III, 2016, p. 187-215.

Responsable d'opération :

Delphine Cense-Bacquet

 

Superficie :

15 000 m2


Aménageur :

Mme Catherine de Prémont


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

Dans le cadre de l'aménagement de deux terrains se rapportant à un projet de lotissement de maisons individuelles, les parcelles AC 40 et AC 36 (AC 3p), situées dans le hameau de Visemarais, dans la partie septentrionale de la Calotterie, respectivement aux lieux-dits Le Visemarest Est et Les Prés à l'Eau, ont fait l'objet d'une fouille archéologique. L'opération s'est déroulée du 15 juin au 27 novembre 2009 sur les deux parcelles d'une surface totale de 1,50 ha environ. L'exploration complète de ces zones a permis de mettre au jour plus de mille structures attribuables au Moyen Âge et majoritairement au haut Moyen Âge.

Cette installation dense se matérialise par la présence d'un vaste réseau de chemins et de fossés délimitant des parcelles plus ou moins quadrangulaires. D'autres séparations comme des clôtures ou l'alignement de certaines fosses participent également au découpage des espaces. À l'extrémité sud-est, un large fossé semble se prolonger au-delà de la limite de fouille, sous la route actuelle. Orienté nord-est/sud-ouest, il présente un profil irrégulier en cuvette évasée et un comblement hétérogène composé de huit couches distinctes qui nous renseignent sur son fonctionnement, depuis son creusement jusqu'à son abandon. Les particularités de ce fossé sont non seulement ses grandes dimensions comparativement aux autres fossés mais également et surtout la présence de deux niveaux de clayonnage servant à renforcer les berges. Le premier niveau, situé en partie basse, est resté en place lors de son comblement final. Il se compose de dix-sept poteaux verticaux et d'un clayonnage présent sur une hauteur d’environ 20 cm. Quelques pieux supplémentaires, au nombre de seize, complètent le dispositif à environ 0,30 m à 0,40 m à l'intérieur du fossé Le second niveau s'est certainement effondré à l'intérieur et a été retrouvé couché. De ce renfort, il reste surtout les pieux mais également quelques portions du clayonnage.

 

L'ensemble de l'occupation correspond à dix parcelles au minimum au sein desquelles se développe une occupation sous la forme de bâtiments majoritairement sur poteaux accompagnés de nombreuses fosses à vocation domestique et artisanale, de quelques silos et de quelques latrines ou fosses à rejet de latrines. Deux fonds de cabane ont également été repérés. Les bâtiments sont basés sur quatre poteaux au minimum et généralement plus de dix. Les plus grands comportent parfois des extensions et des séparations internes. Le plus souvent, ils sont disposés le long des fossés et des chemins, parallèlement ou perpendiculairement à ceux-ci. Ils sont quasiment tous orientés nord-est/sud-ouest ou nord-ouest/sud-est. Ils couvrent des surfaces comprises approximativement entre 10 et 100 m². Aucun foyer dans les bâtiments ou à proximité n'a été repéré. Seuls les vestiges sous forme de parois de four ou de fragments de terre rubéfiée, trouvés en rejet dans les fosses, nous laissent supposer l’existence de ce type de structure.

 

Une des singularités du site est de receler vingt-six puits répartis sur la totalité de l'emprise archéologique. Chacune de ces structures comporte des particularités notamment au niveau de la mise en place du cuvelage, avec ou sans creusement d'un avant-trou par exemple, mais deux types principaux ont pu être déterminés. En effet, le cuvelage de vingt-deux d'entre eux présente un remploi de tonneaux tandis que les autres sont confectionnés à partir de pieux verticaux et de branchages entrelacés.

Dix-huit puits avec remploi de tonneau ont révélé un cuvelage simple. Les tonneaux ont un diamètre maximal apparemment compris entre 0,60 et 0,80 m. Ils sont composés de planches ou douelles dont le nombre varie entre douze et vingt-huit et dont la longueur peut atteindre 1,20 m. L'épaisseur des douelles fluctue jusqu'à 0,05 m pour les plus épaisses. Les planches sont maintenues entre elles par des cerclages ou cerceaux faits de branches de bois souple fendues à moitié et parfois enveloppées d'un autre bois souple de type osier. Ils présentent de nombreuses traces d'outils mais également des marques comme une croix. Les fonds des tonneaux ont été presque systématiquement enlevés avant d'introduire le tonneau dans le fond du trou. Sur l'ensemble des tonneaux, seuls deux ont conservé leur fond dont un était encore en place mais légèrement détaché du cuvelage et le second, retrouvé en vrac dans le comblement du cuvelage, a certainement bougé lors de l'insertion du tonneau au fond. Régulièrement, l'aménagement du fond du puits est soigné par la présence d'un lit de moellons de silex. La majorité des puits ont une profondeur oscillant entre 1,50 m et 2,20 m et atteignent largement la couche sableuse bleu-gris aquifère. Deux se distinguent par la présence d'un double cuvelage. Deux autres puits ont révélé l'absence de douves alors que les cerceaux sont restés en place. L'hypothèse qui semble la plus probable est la récupération des planches par les habitants lors de l’abandon des puits. Le second type mis au jour sur le site est le puits en bois tressé. À la place du tonneau, un système formé de pieux verticaux simples ou doubles et de branchages entrelacés est présent, formant une sorte de panier en bois souple. Le creusement et les dimensions sont similaires aux autres puits.

 

Deux sépultures à inhumation isolées marquent aussi le site et semblent l'encadrer chronologiquement au regard de la stratigraphie relative relevée. La première est une fosse à inhumation d'un individu adulte de sexe masculin, âgé entre 20 et 49 ans et allongé sur le côté gauche. Il est accompagné d'un couteau, d'une probable clef, d'une boucle et d'une monnaie en argent. La seconde concerne un individu de sexe féminin, âgé entre 20 et 29 ans et allongé sur le dos. Elle a été inhumée sans mobilier.

 

Le mobilier recueilli dans l'ensemble des structures est majoritairement constitué de faune, de malacofaune, de micro-faune et de vestiges ichtyologiques mais également de tessons de céramiques, d'objets métalliques (monnaies, poignards, anses...), de fragments de verre, de torchis portant la trace du clayonnage et de l'enduit ou encore d'artefacts en pierre (mortiers, pierres à aiguiser) et en cuir (chaussure, doigtier). De nombreux petits objets travaillés ont été mis au jour comme des peignes en os à simple ou double denture et décors incisés, des éléments de tabletterie avec des décors d'ocelles ou des fusaïoles.

 

Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération.

Contacter Delphine Cense


ARTICLES :

CENSE D., « L'occupation du Haut Moyen Âge sur le site de La Calotterie (62). Bilan provisoire des fouilles réalisées en 2009 sur les parcelles AC 40 et AC 3p », Actes de la table-ronde internationale de Boulogne-sur-Mer, 2011.

 

CENSE D., "La Calotterie (Pas-de-Calais). Chemin de Visemarais", Chroniques des fouilles médiévales en France 2009, Archéologie médiévale, n° 40, 2010.

 

CENSE D.,  « L'habitat alto-médiéval de La Calotterie », Archéologia, Dossier Nord-Pas-de-Calais – De la Préhistoire à la Grande Guerre, n° 498, Paris, avril 2012, p. 44.

 

CENSE D., LEROY I., ROUTIER J.-Cl. et VERSLYPE L., « Les occupations funéraires de la basse vallée de la Canche entre Antiquité et Moyen Âge », Communauté des vivants, compagnie des morts, 35e Journées internationales d'archéologie mérovingienne de l'AFAM, Douai, 9-11 octobre 2014, Bulletin de liaison n° 38, Caen, 2014, p. 20.

 

CENSE D., « L’habitat alto-médiéval de La Calotterie (Pas-de-Calais) », dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, 2015, p. 161.

 

CENSE D., « La tabletterie de l’habitat alto-médiéval de La Calotterie (Pas-de-Calais) » dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, 2015, p. 130-131.

 

CENSE D., « L’occupation du haut Moyen Âge sur le site de La Calotterie, « Chemin de Visemarais » (France – Pas-de-Calais). Premiers résultats de la fouille réalisée sur les parcelles AC 40 et AC 3p », Les cultures des littoraux au haut Moyen Âge, Cadre et modes de vie dans l’espace maritime Manche-Mer du Nord du IIIe au Xe s., Revue du Nord, Archéologie de la Picardie et du Nord de la France, Hors-série n° 24, Villeneuve d’Ascq, Université de Lille III, 2016, p. 187-215.


Responsable d'opération :

Delphine Cense-Bacquet


Superficie :

15 000 m2


Aménageur :

Mme Catherine de Prémont


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

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