Chantier 8 PRÉVENTIF- Lille Malpart

Chantiers archéologiques 

Nord


Lille,

« Rue Malpart, Rue Lydéric et Place Gentil Muiron »


Îlot urbain à proximité des remparts XIIe-XXe s., cimetière des malades de l’Hospice Gantois

Époques :

  • Moyen Âge
  • Bas Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine

Nord


Lille,

« Rue Malpart, Rue Lydéric et Place Gentil Muiron » 


Îlot urbain à proximité des remparts XIIe-XXe s., cimetière des malades de l’Hospice Gantois

Époques :

  • Moyen Âge
  • Bas Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine


Nord


Lille,

« Rue Malpart, Rue Lydéric et Place Gentil Muiron » 


Îlot urbain à proximité des remparts XIIe-XXe s., cimetière des malades de l’Hospice Gantois

Époques :

  • Moyen Âge
  • Bas Moyen Âge
  • Temps modernes
  • Époque contemporaine 

Dans le cadre de la construction d'appartements en plein centre-ville de Lille (59) et à l'issue d'un diagnostic dirigé par Virginie Decoupigny (Inrap), deux emprises du projet dit du « Clos Malpart » ont fait l'objet d'une prescription pour une fouille archéologique. L'opération menée par Archéopole s'est déroulée du 01 juin au 29 septembre 2017 sur une surface approximative de 2900 m². Le terrain naturel se compose de limons de plateau reposant sur des sables landéniens et/ou de la craie blanche apparaissant à des altitudes variables et de manière irrégulière sur le site. Le pendage du terrain est marqué du nord-ouest vers le sud-est, soit vers l'un des canaux de la Deûle, la Riviérette. À proximité immédiate, différentes opérations archéologiques ont permis de mettre en valeur et confirmer le potentiel archéologique du quartier à l'image de la fouille de l'Hospice Gantois réalisée en 2002 par Archéopole. La parcelle cadastrale (TS001) était jusqu'alors occupée en grande partie par les bâtiments de l'ancienne maternité Salengro construite dans les années 1960 dans le cadre d'un programme plus vaste de rénovation urbaine du quartier Saint-Sauveur. Elle sera transformée en auberge de jeunesse en 1996 jusqu'à son abandon et sa démolition en 2016. Il s'agit d'une construction en béton armé dont les fondations sont constituées d'un réseau de longrines formant un quadrillage et renforcé par des plots plus imposants aux angles. L'ampleur de cette construction a profondément marqué le site et donc la conservation des vestiges sous-jacents.

En l'état actuel d'avancement de la post-fouille, un « bruit de fond » attribuable à la période antique est décelable à travers plusieurs fossés, quelques fosses et trous de poteaux et une cuvette colmatée ayant fourni du mobilier céramique. Le premier état d'occupation intervient seulement à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle avec l'intégration, attestée dans les sources écrites, du secteur à la paroisse Saint-Sauveur et se poursuit jusqu'à la fondation de l'hospice Gantois au XVe siècle. Cette phase est renseignée par la formation d'une trame urbaine organisée avec l'implantation de plusieurs îlots. Celui nous concernant est encadré au nord par la rue Rue du Bois Saint-Sauveur présentant plusieurs niveaux de circulation et d'exhaussements successifs, des fossés à l'est et au sud et probablement le rempart médiéval à l'ouest révélé par la mise au jour de deux plots en calcaire et d'un fossé bordier. À l'intérieur, des structures d'habitat basées sur des poteaux et des sablières basses se dessinent en front de rue et de part et d'autre de l'axe de circulation mis en valeur, l'arrière des habitats semblant être dévolu aux jardins et activités diverses. De multiples fosses ont en effet fourni un mobilier important principalement céramique et faunique. Des niveaux de sol constitués d'argile jaune compacte et des niveaux d'abandon sous forme de lentilles charbonneuses sont de même conservés. La structuration est peut-être plus importante au sein des îlots avec des effets de contrainte perceptibles au niveau de l'implantation des fosses. Le secteur sud se distingue par l’organisation des vestiges et la nature des comblements et du mobilier recueilli qui laisse présager d'un artisanat particulier. En effet, un ensemble de fosses sub-quadrangulaires, au remplissage organique ayant livré quelques éléments en cuir (semelles, chutes...), s'organise le long du rempart médiéval et d'un fossé longeant la rue Malpart dont la première trace écrite remonte au XVe siècle mais dont l'existence est probablement antérieure.

La phase suivante dévoile les différentes transformations de la trame parcellaire et de l'occupation à la fin du Moyen Âge et à l'époque moderne sur la base de la structuration mise en place dès le XIIIe siècle. En effet, dans les années 1460, Jean de le Cambe dit Gantois (commerce d'albâtre avec Angleterre) rachète les terres à Georges de Bruges (1459) pour fonder un hôpital (fondation dédiée à Saint-Jean Baptiste) donnant sur un axe majeur de Lille, la rue des Malades (rue Pierre Mauroy, ancienne rue de Paris). Dès 1462, la communauté des sœurs augustines est attachée à l'institution et à l'accueil de chartriers. Sur l'emprise du site, on se situe alors principalement dans les jardins de l'hospice bornés par la rue Malpart au sud, la rue Saint-Michel à l'ouest dont le percement est plus tardif et date de l'extension de la ville au XVIIe s. même si un tracé plus ancien du cheminement longeant le rempart est suspecté et la rue du Bois Saint-Sauveur connue dès la fin du XIIe siècle. Les différents plans et représentations comme le plan du géographe Jacques de Deventer réalisé en 1560 permettent d'illustrer et d'attester les différents changements. De même, les archives écrites livrent des précisions sur les aménagements et les transformations à l'arrière de l'hospice Gantois comme les réparations sur le mur de clôture de la rue du Bois Saint-Sauveur par exemple. Les jardins qui recouvrent les habitats médiévaux se composent de chemins en craie damée mêlée de limon ocre très compact et de fragments de terre menant principalement depuis l'hospice à l'arrière de la parcelle vers le rempart. Un quadrillage des espaces laisse entrevoir un aménagement paysager développé comportant des fosses de plantations en arc de cercle aux abords de l'hospice et le long des chemins. En bordure orientale, une partie des jardins est dévolu au cimetière. D'après les textes, un mur de séparation permettait la distinction entre les jardins et le cimetière. L'aire funéraire est conservée sur une superficie d'environ 45 m² au sein de laquelle 65 squelettes ont été enterrés dans un niveau général de cimetière comprenant de nombreux ossements en vrac. Les premières observations ont permis de déterminer un état différentiel de conservation des squelettes, une homogénéité globale des dépôts même si quelques particularités dans la position du corps par exemple sont décelables, des traces de cercueil avec la présence de clous en position fonctionnelle, la présence d'hommes et de femmes qui présentent pour la plupart un âge avancé (traces d'arthrose, pertes de dents...) et un mobilier classique comprenant quelques épingles et objets (médaille, boucle de ceinture...).

Au début du XVIIe siècle, un nouvel agrandissement des fortifications de la ville est opéré. Le plan de la ville de Lille en 1572, établi au XVIIe siècle, montre une superposition des différents remparts au niveau du champ d'investigation. Les transformations concernent, à l'emplacement même du premier état, la mise en place, sur une largeur totale d’environ 4,85 m, d'une fondation et d'une élévation constituées d'assises de blocs de calcaire et de briques liées par un mortier de chaux. Ce dernier est jouxté, comme le précédent, par un large fossé. Les derniers changements interviennent avec le démantèlement du rempart pour l'extension de la ville à partir des années 1860 sous la pression de l'urbanisation grandissante qui a quasiment entièrement fait disparaître l'architecture de celui-ci dont il ne reste, le plus souvent, que la trace fantôme issue de la récupération de la maçonnerie. Les halles Gentil Muiron sont construites en lieu et place du rempart et empiètent sur les jardins de l'hospice Gantois dont la superficie est ainsi diminuée mais pour lesquels l'organisation générale mise en place au XVe siècle est préservée et perdure malgré quelques modifications depuis la construction de maisons de louages le long de la rue du Bois Saint-Sauveur au XVIe siècle et jusqu’à l'agrandissement (doublement et pavement) de cette dernière au début du XXe siècle.

La post-fouille et les études spécialisées sont en cours et ne permettent pas d'aller, pour le moment, plus avant dans le travail de phasage, de description et d'interprétation. Les principaux objectifs sont de replacer le champ d’investigation dans son contexte historique, iconographique et documentaire en établissant le potentiel antique de Lille, le développement de l'occupation à partir de la fin du XIIe siècle, les transformations de la trame urbaine et du bâti à partir des XVe-XVIe siècles et jusqu’à l'époque contemporaine et les différentes étapes et modifications du rempart de la ville.

 

Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération

Contacter Delphine Cense

Responsable d'opération :

Delphine Cense-Bacquet


Superficie :

2 900 m²


Aménageur :

Linkcity


 

Dans le cadre de la construction d'appartements en plein centre-ville de Lille (59) et à l'issue d'un diagnostic dirigé par Virginie Decoupigny (Inrap), deux emprises du projet dit du « Clos Malpart » ont fait l'objet d'une prescription pour une fouille archéologique. L'opération menée par Archéopole s'est déroulée du 01 juin au 29 septembre 2017 sur une surface approximative de 2900 m². Le terrain naturel se compose de limons de plateau reposant sur des sables landéniens et/ou de la craie blanche apparaissant à des altitudes variables et de manière irrégulière sur le site. Le pendage du terrain est marqué du nord-ouest vers le sud-est, soit vers l'un des canaux de la Deûle, la Riviérette. À proximité immédiate, différentes opérations archéologiques ont permis de mettre en valeur et confirmer le potentiel archéologique du quartier à l'image de la fouille de l'Hospice Gantois réalisée en 2002 par Archéopole. La parcelle cadastrale (TS001) était jusqu'alors occupée en grande partie par les bâtiments de l'ancienne maternité Salengro construite dans les années 1960 dans le cadre d'un programme plus vaste de rénovation urbaine du quartier Saint-Sauveur. Elle sera transformée en auberge de jeunesse en 1996 jusqu'à son abandon et sa démolition en 2016. Il s'agit d'une construction en béton armé dont les fondations sont constituées d'un réseau de longrines formant un quadrillage et renforcé par des plots plus imposants aux angles. L'ampleur de cette construction a profondément marqué le site et donc la conservation des vestiges sous-jacents.

En l'état actuel d'avancement de la post-fouille, un « bruit de fond » attribuable à la période antique est décelable à travers plusieurs fossés, quelques fosses et trous de poteaux et une cuvette colmatée ayant fourni du mobilier céramique. Le premier état d'occupation intervient seulement à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle avec l'intégration, attestée dans les sources écrites, du secteur à la paroisse Saint-Sauveur et se poursuit jusqu'à la fondation de l'hospice Gantois au XVe siècle. Cette phase est renseignée par la formation d'une trame urbaine organisée avec l'implantation de plusieurs îlots. Celui nous concernant est encadré au nord par la rue Rue du Bois Saint-Sauveur présentant plusieurs niveaux de circulation et d'exhaussements successifs, des fossés à l'est et au sud et probablement le rempart médiéval à l'ouest révélé par la mise au jour de deux plots en calcaire et d'un fossé bordier. À l'intérieur, des structures d'habitat basées sur des poteaux et des sablières basses se dessinent en front de rue et de part et d'autre de l'axe de circulation mis en valeur, l'arrière des habitats semblant être dévolu aux jardins et activités diverses. De multiples fosses ont en effet fourni un mobilier important principalement céramique et faunique. Des niveaux de sol constitués d'argile jaune compacte et des niveaux d'abandon sous forme de lentilles charbonneuses sont de même conservés. La structuration est peut-être plus importante au sein des îlots avec des effets de contrainte perceptibles au niveau de l'implantation des fosses. Le secteur sud se distingue par l’organisation des vestiges et la nature des comblements et du mobilier recueilli qui laisse présager d'un artisanat particulier. En effet, un ensemble de fosses sub-quadrangulaires, au remplissage organique ayant livré quelques éléments en cuir (semelles, chutes...), s'organise le long du rempart médiéval et d'un fossé longeant la rue Malpart dont la première trace écrite remonte au XVe siècle mais dont l'existence est probablement antérieure.

La phase suivante dévoile les différentes transformations de la trame parcellaire et de l'occupation à la fin du Moyen Âge et à l'époque moderne sur la base de la structuration mise en place dès le XIIIe siècle. En effet, dans les années 1460, Jean de le Cambe dit Gantois (commerce d'albâtre avec Angleterre) rachète les terres à Georges de Bruges (1459) pour fonder un hôpital (fondation dédiée à Saint-Jean Baptiste) donnant sur un axe majeur de Lille, la rue des Malades (rue Pierre Mauroy, ancienne rue de Paris). Dès 1462, la communauté des sœurs augustines est attachée à l'institution et à l'accueil de chartriers. Sur l'emprise du site, on se situe alors principalement dans les jardins de l'hospice bornés par la rue Malpart au sud, la rue Saint-Michel à l'ouest dont le percement est plus tardif et date de l'extension de la ville au XVIIe s. même si un tracé plus ancien du cheminement longeant le rempart est suspecté et la rue du Bois Saint-Sauveur connue dès la fin du XIIe siècle. Les différents plans et représentations comme le plan du géographe Jacques de Deventer réalisé en 1560 permettent d'illustrer et d'attester les différents changements. De même, les archives écrites livrent des précisions sur les aménagements et les transformations à l'arrière de l'hospice Gantois comme les réparations sur le mur de clôture de la rue du Bois Saint-Sauveur par exemple. Les jardins qui recouvrent les habitats médiévaux se composent de chemins en craie damée mêlée de limon ocre très compact et de fragments de terre menant principalement depuis l'hospice à l'arrière de la parcelle vers le rempart. Un quadrillage des espaces laisse entrevoir un aménagement paysager développé comportant des fosses de plantations en arc de cercle aux abords de l'hospice et le long des chemins. En bordure orientale, une partie des jardins est dévolu au cimetière. D'après les textes, un mur de séparation permettait la distinction entre les jardins et le cimetière. L'aire funéraire est conservée sur une superficie d'environ 45 m² au sein de laquelle 65 squelettes ont été enterrés dans un niveau général de cimetière comprenant de nombreux ossements en vrac. Les premières observations ont permis de déterminer un état différentiel de conservation des squelettes, une homogénéité globale des dépôts même si quelques particularités dans la position du corps par exemple sont décelables, des traces de cercueil avec la présence de clous en position fonctionnelle, la présence d'hommes et de femmes qui présentent pour la plupart un âge avancé (traces d'arthrose, pertes de dents...) et un mobilier classique comprenant quelques épingles et objets (médaille, boucle de ceinture...).

Au début du XVIIe siècle, un nouvel agrandissement des fortifications de la ville est opéré. Le plan de la ville de Lille en 1572, établi au XVIIe siècle, montre une superposition des différents remparts au niveau du champ d'investigation. Les transformations concernent, à l'emplacement même du premier état, la mise en place, sur une largeur totale d’environ 4,85 m, d'une fondation et d'une élévation constituées d'assises de blocs de calcaire et de briques liées par un mortier de chaux. Ce dernier est jouxté, comme le précédent, par un large fossé. Les derniers changements interviennent avec le démantèlement du rempart pour l'extension de la ville à partir des années 1860 sous la pression de l'urbanisation grandissante qui a quasiment entièrement fait disparaître l'architecture de celui-ci dont il ne reste, le plus souvent, que la trace fantôme issue de la récupération de la maçonnerie. Les halles Gentil Muiron sont construites en lieu et place du rempart et empiètent sur les jardins de l'hospice Gantois dont la superficie est ainsi diminuée mais pour lesquels l'organisation générale mise en place au XVe siècle est préservée et perdure malgré quelques modifications depuis la construction de maisons de louages le long de la rue du Bois Saint-Sauveur au XVIe siècle et jusqu’à l'agrandissement (doublement et pavement) de cette dernière au début du XXe siècle.


La post-fouille et les études spécialisées sont en cours et ne permettent pas d'aller, pour le moment, plus avant dans le travail de phasage, de description et d'interprétation. Les principaux objectifs sont de replacer le champ d’investigation dans son contexte historique, iconographique et documentaire en établissant le potentiel antique de Lille, le développement de l'occupation à partir de la fin du XIIe siècle, les transformations de la trame urbaine et du bâti à partir des XVe-XVIe siècles et jusqu’à l'époque contemporaine et les différentes étapes et modifications du rempart de la ville.


Delphine Cense-Bacquet, Responsable d'opération

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Responsable d'opération :

Delphine Cense-Bacquet


Superficie :

2 900 m²



Aménageur :

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