Chantier 19 PRÉVENTIF- Marquette-lez-Lille

Chantiers archéologiques 

Nord


Marquette-lez-Lille,

« ZAC du Haut-Touquet », tranche 1


Occupation rurale gallo-romaine et cimetière mérovingien


Époques :

  • Haut-Empire
  • Haut Moyen Âge
  • Temps modernes


Nord


Marquette-lez-Lille,

« ZAC du Haut-Touquet », tranche 1


Occupation rurale gallo-romaine et cimetière mérovingien

 


Époques :

  • Haut-Empire
  • Haut Moyen Âge
  • Temps modernes

Nord


Marquette-lez-Lille,

« ZAC du Haut-Touquet », tranche 1


Occupation rurale gallo-romaine et cimetière mérovingien
 

Époques :

  • Haut-Empire
  • Haut Moyen Âge
  • Temps modernes

La commune de Marquette est située au nord de Lille. Elle se développe de part et d’autre de deux rivières canalisées, la Basse-Deûle et son affluent, la Marque. Le gisement concerné s’étend à proximité de leur confluence, à hauteur d’un large méandre, dans un secteur peu encaissé et encore assez marécageux. Le cimetière, fouillé durant l’hiver 2005-2006, y est positionné sur un léger versant bordant un ancien talweg. C’est dans le cadre de la création d’un vaste quartier, la ZAC du Haut-Touquet, que plusieurs diagnostics et fouilles y ont eu lieu. Ainsi, de l’autre côté du talweg, un cercle funéraire de l’âge du Bronze, quelques structures d’habitat et de nombreux faits funéraires dont trois mausolées, y occupent l’espace entre la période laténienne et le IIe s. (DENIMAL 2008). Ils paraissent liés à une vaste occupation diagnostiquée au nord du cimetière et jusqu’ici préservée, dont une infime partie a pu être fouillée. Elle concerne les alentours d’un bâtiment de type agro-pastoral mais aisé, construit sur semelles calcaires et des puits à eau, qui remplacent déjà une occupation un peu plus légère du Ier s. Le tout est détruit par un incendie vers le début du IIIe s. Nous sommes peut-être là au cœur d’un vicus. Le contexte funéraire antique est présent sur l’emprise même du cimetière, puisque 13 tombes à crémation, très pauvres en matériel, mais dont certaines ont pu être datées de la fin du IIe au IIIe siècle, y ont aussi été mises au jour. Si le cimetière s’inscrit aux marges d’un important pôle, notamment funéraire, protohistorique et antique, les opérations environnantes n’ont pas permis de dévoiler l’habitat contemporain du cimetière. Par défaut, il est probable qu’il soit positionné plus à l’ouest, vers le centre de la commune actuelle.

Sur une emprise de 1 500 m² environ, le cimetière a révélé 134 tombes à inhumation, réparties sur huit orientations. Il se poursuit au nord et à l’ouest sans qu’on puisse déterminer un nombre total de sépultures. À proximité d’une zone plus lâche, la sépulture d’un cheval y est apparue. Les datations radio-carbone la datent à plus de 95 % de probabilités entre 256 et 413. On ne peut toutefois l’associer à coup sûr au cimetière dans la mesure où les tombes fouillées les plus anciennes, si elles se trouvent à proximité, y sont datées de la seconde moitié, voire de la fin du Ve siècle.

 

La nature du sédiment n’a pas permis une bonne préservation des matières organiques. Si quelques calottes crâniennes, couronnes dentaires et fragments d’os longs ont parfois gardé un peu de volume, les corps ne sont souvent plus décelables que par une ombre grasse. Le taux de pillage, estimé à moins de la moitié des sépultures, en est donc soumis à caution. Il en est de même pour les contenants, souvent repérables à vue, mais dont il ne reste généralement qu’un liseré blanchâtre à verdâtre plus ou moins subtil. Ils ont toutefois permis la caractérisation de plusieurs types, présents toutes périodes confondues, comme des cercueils à parois verticales ou évasées, des monoxyles, des brancards sur traverses ou non et des chambres funéraires. Quelques traces de couvercles ont été aperçues, ces derniers sont généralement cloués. Les fosses elles aussi ont été aménagées à l’occasion, à l’aide de quelques planches posées ponctuellement au fond, à plat ou de chant, voire d’un réel coffrage. En l’absence de restes osseux, la détermination des âges et des sexes n’a pu être proposée que sur la base de la taille des contenants et de la nature des dépôts. Ainsi, sur 134 sépultures, on dénombre 106 individus de taille adulte (dont 34 hommes et 21 femmes assurées) et 21 enfants (dont 3 garçons et 8 filles assurées).

En combinant les données stratigraphiques, le mobilier et les résultats de la permutation matricielle (effectuée par René Legoux), 94 tombes sur 134 ont pu être assurément datées. Par la suite, par extrapolations, plusieurs autres l’ont été de manière plus hypothétique. Ainsi, quatre grandes phases ont pu être divisées en sept états. L’état 1 (proto-méro) totalise 2 tombes, les états 2a, 2b et 2c (Méro Ancien 1, 2 et 3) en comptent 66, soit près de la moitié du corpus, et voient une évolution progressive du cimetière vers le nord. Il s’agit de la phase la plus riche, en nombre de sépultures comme en qualité, puisque les 3 chambres funéraires mises au jour ici correspondent à l’état 2b (MA2). L’une d’entre elles a d’ailleurs livré, entre autres, 1 mors de cheval, 1 éperon, les restes d’un bassin en cuivre et un triens en or au nom de Justinien Ier. Les états 3a et 3b (Méro Récent 1 et 2-3) correspondent à un éclatement de l’espace funéraire et totalisent 25 sépultures, dont seulement 2 pour le MR3. L’état 4 (carolingien) n’est quant à lui représenté que par une seule sépulture, observée partiellement, mais pourvue d’un dépôt céramique, en l’occurrence un pot à fond lenticulaire (oule) à l’emplacement des pieds du défunt.

 

Le corpus matériel est lui aussi important puisque 117 sépultures sur 134 ont livré au moins 1 objet. Une petite moitié des tombes se sont vues recevoir un dépôt céramique (1/3 des hommes, ¾ des femmes et la moitié des enfants attestés), le plus souvent aux pieds, mais pour 3 cas à la tête et 1 cas au milieu du contenant. 4 cas comprennent 2 vases, et 1 seul cas 3 vases, dont 1 dans le comblement. Les 5 verreries mises au jour ( 2 gobelets apodes, 2 flacons et 1 bol évasé) l’ont toutes été dans des tombes féminines. Par ailleurs, 36 tombes ont livré de l’armement : 1 épée, 4 scramasaxes, 23 fers de lance, 14 haches, 13 fers de flèche, 1 angon, 2 umbos ont été comptabilisés (2 sépultures ont même livré 4 armes). Les 69 boucles simples ou plaque-boucles, parfois richement décorées, en fer ou en base-cuivre, concernent 55 sépultures. Par ailleurs, 11 tombes ont livré un total de 20 fibules (discoïdes cloisonnées, en “S”, digitées, à plateau, à umbo, ansée symétrique...). 7 tombes ont livré une paire de boucles d’oreilles (petites à polyèdre ou avec pendentif à verroteries ou grenats), et 2 autres une épingle à cheveux. On dénombre également 2 bagues et 1 bracelet en argent. Un total de 1048 perles fait aussi partie du corpus (33 sépultures, dont 22 femmes, 3 hommes et 6 petites filles supposées), 2 d’entre elles en comptent plus de 250. D’autres objets usuels ont aussi été rencontrés, comme de nombreux couteaux (pour 35 tombes), des fermoirs d’aumônière, des pinces à épiler, des fusaïoles, des clés, une paire de forces, des fiches à bélière et des briquets. Ce corpus matériel, s’il permet d’emblée de mettre en évidence une certaine hiérarchisation sociale, notamment par l’entremise des trois “tombes de chefs” mises au jour, atteste aussi des influences culturelles et des échanges puisqu’il comprend quelques éléments thuringiens, anglo-saxons et wisigothiques.

 

Avec les cimetières de Houplin-Ancoisne et de Lesquin, le cimetière de Marquette « Haut-Touquet » est l’un des seuls a avoir été fouillé récemment sur l’arrondissement lillois. Ces trois gisements offrent déjà plusieurs similitudes qu’il convient de caractériser de manière plus poussée, notamment en termes de topographie, de chronologie et de mobilier.

 

Laurent Gubellini, Responsable de l’opération

Contacter Laurent Gubellini

 

ARTICLE :

GUBELLINI L., « La nécropole mérovingienne de Marquette-lez-Lille (Nord) », dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, Arkeos, Douai, 2015, p. 223.

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Responsable d'opération :

Laurent Gubellini

Superficie :

2 500 m2

Aménageur :

Eiffage Immobilier

Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

La commune de Marquette est située au nord de Lille. Elle se développe de part et d’autre de deux rivières canalisées, la Basse-Deûle et son affluent, la Marque. Le gisement concerné s’étend à proximité de leur confluence, à hauteur d’un large méandre, dans un secteur peu encaissé et encore assez marécageux. Le cimetière, fouillé durant l’hiver 2005-2006, y est positionné sur un léger versant bordant un ancien talweg. C’est dans le cadre de la création d’un vaste quartier, la ZAC du Haut-Touquet, que plusieurs diagnostics et fouilles y ont eu lieu. Ainsi, de l’autre côté du talweg, un cercle funéraire de l’âge du Bronze, quelques structures d’habitat et de nombreux faits funéraires dont trois mausolées, y occupent l’espace entre la période laténienne et le IIe s. (DENIMAL 2008). Ils paraissent liés à une vaste occupation diagnostiquée au nord du cimetière et jusqu’ici préservée, dont une infime partie a pu être fouillée. Elle concerne les alentours d’un bâtiment de type agro-pastoral mais aisé, construit sur semelles calcaires et des puits à eau, qui remplacent déjà une occupation un peu plus légère du Ier s. Le tout est détruit par un incendie vers le début du IIIe s. Nous sommes peut-être là au cœur d’un vicus. Le contexte funéraire antique est présent sur l’emprise même du cimetière, puisque 13 tombes à crémation, très pauvres en matériel, mais dont certaines ont pu être datées de la fin du IIe au IIIe siècle, y ont aussi été mises au jour. Si le cimetière s’inscrit aux marges d’un important pôle, notamment funéraire, protohistorique et antique, les opérations environnantes n’ont pas permis de dévoiler l’habitat contemporain du cimetière. Par défaut, il est probable qu’il soit positionné plus à l’ouest, vers le centre de la commune actuelle.

Sur une emprise de 1 500 m² environ, le cimetière a révélé 134 tombes à inhumation, réparties sur huit orientations. Il se poursuit au nord et à l’ouest sans qu’on puisse déterminer un nombre total de sépultures. À proximité d’une zone plus lâche, la sépulture d’un cheval y est apparue. Les datations radio-carbone la datent à plus de 95 % de probabilités entre 256 et 413. On ne peut toutefois l’associer à coup sûr au cimetière dans la mesure où les tombes fouillées les plus anciennes, si elles se trouvent à proximité, y sont datées de la seconde moitié, voire de la fin du Ve siècle.

 

La nature du sédiment n’a pas permis une bonne préservation des matières organiques. Si quelques calottes crâniennes, couronnes dentaires et fragments d’os longs ont parfois gardé un peu de volume, les corps ne sont souvent plus décelables que par une ombre grasse. Le taux de pillage, estimé à moins de la moitié des sépultures, en est donc soumis à caution. Il en est de même pour les contenants, souvent repérables à vue, mais dont il ne reste généralement qu’un liseré blanchâtre à verdâtre plus ou moins subtil. Ils ont toutefois permis la caractérisation de plusieurs types, présents toutes périodes confondues, comme des cercueils à parois verticales ou évasées, des monoxyles, des brancards sur traverses ou non et des chambres funéraires. Quelques traces de couvercles ont été aperçues, ces derniers sont généralement cloués. Les fosses elles aussi ont été aménagées à l’occasion, à l’aide de quelques planches posées ponctuellement au fond, à plat ou de chant, voire d’un réel coffrage. En l’absence de restes osseux, la détermination des âges et des sexes n’a pu être proposée que sur la base de la taille des contenants et de la nature des dépôts. Ainsi, sur 134 sépultures, on dénombre 106 individus de taille adulte (dont 34 hommes et 21 femmes assurées) et 21 enfants (dont 3 garçons et 8 filles assurées).

En combinant les données stratigraphiques, le mobilier et les résultats de la permutation matricielle (effectuée par René Legoux), 94 tombes sur 134 ont pu être assurément datées. Par la suite, par extrapolations, plusieurs autres l’ont été de manière plus hypothétique. Ainsi, quatre grandes phases ont pu être divisées en sept états. L’état 1 (proto-méro) totalise 2 tombes, les états 2a, 2b et 2c (Méro Ancien 1, 2 et 3) en comptent 66, soit près de la moitié du corpus, et voient une évolution progressive du cimetière vers le nord. Il s’agit de la phase la plus riche, en nombre de sépultures comme en qualité, puisque les 3 chambres funéraires mises au jour ici correspondent à l’état 2b (MA2). L’une d’entre elles a d’ailleurs livré, entre autres, 1 mors de cheval, 1 éperon, les restes d’un bassin en cuivre et un triens en or au nom de Justinien Ier. Les états 3a et 3b (Méro Récent 1 et 2-3) correspondent à un éclatement de l’espace funéraire et totalisent 25 sépultures, dont seulement 2 pour le MR3. L’état 4 (carolingien) n’est quant à lui représenté que par une seule sépulture, observée partiellement, mais pourvue d’un dépôt céramique, en l’occurrence un pot à fond lenticulaire (oule) à l’emplacement des pieds du défunt.

 

Le corpus matériel est lui aussi important puisque 117 sépultures sur 134 ont livré au moins 1 objet. Une petite moitié des tombes se sont vues recevoir un dépôt céramique (1/3 des hommes, ¾ des femmes et la moitié des enfants attestés), le plus souvent aux pieds, mais pour 3 cas à la tête et 1 cas au milieu du contenant. 4 cas comprennent 2 vases, et 1 seul cas 3 vases, dont 1 dans le comblement. Les 5 verreries mises au jour ( 2 gobelets apodes, 2 flacons et 1 bol évasé) l’ont toutes été dans des tombes féminines. Par ailleurs, 36 tombes ont livré de l’armement : 1 épée, 4 scramasaxes, 23 fers de lance, 14 haches, 13 fers de flèche, 1 angon, 2 umbos ont été comptabilisés (2 sépultures ont même livré 4 armes). Les 69 boucles simples ou plaque-boucles, parfois richement décorées, en fer ou en base-cuivre, concernent 55 sépultures. Par ailleurs, 11 tombes ont livré un total de 20 fibules (discoïdes cloisonnées, en “S”, digitées, à plateau, à umbo, ansée symétrique...). 7 tombes ont livré une paire de boucles d’oreilles (petites à polyèdre ou avec pendentif à verroteries ou grenats), et 2 autres une épingle à cheveux. On dénombre également 2 bagues et 1 bracelet en argent. Un total de 1048 perles fait aussi partie du corpus (33 sépultures, dont 22 femmes, 3 hommes et 6 petites filles supposées), 2 d’entre elles en comptent plus de 250. D’autres objets usuels ont aussi été rencontrés, comme de nombreux couteaux (pour 35 tombes), des fermoirs d’aumônière, des pinces à épiler, des fusaïoles, des clés, une paire de forces, des fiches à bélière et des briquets. Ce corpus matériel, s’il permet d’emblée de mettre en évidence une certaine hiérarchisation sociale, notamment par l’entremise des trois “tombes de chefs” mises au jour, atteste aussi des influences culturelles et des échanges puisqu’il comprend quelques éléments thuringiens, anglo-saxons et wisigothiques.

 

Avec les cimetières de Houplin-Ancoisne et de Lesquin, le cimetière de Marquette « Haut-Touquet » est l’un des seuls a avoir été fouillé récemment sur l’arrondissement lillois. Ces trois gisements offrent déjà plusieurs similitudes qu’il convient de caractériser de manière plus poussée, notamment en termes de topographie, de chronologie et de mobilier.

 

Laurent Gubellini, Responsable de l’opération

Contacter Laurent Gubellini

 

ARTICLE :

GUBELLINI L., « La nécropole mérovingienne de Marquette-lez-Lille (Nord) », dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, Arkeos, Douai, 2015, p. 223.

 

Responsable d'opération :

Laurent Gubellini

 

Superficie :

2 500 m2


Aménageur :

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Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

La commune de Marquette est située au nord de Lille. Elle se développe de part et d’autre de deux rivières canalisées, la Basse-Deûle et son affluent, la Marque. Le gisement concerné s’étend à proximité de leur confluence, à hauteur d’un large méandre, dans un secteur peu encaissé et encore assez marécageux. Le cimetière, fouillé durant l’hiver 2005-2006, y est positionné sur un léger versant bordant un ancien talweg. C’est dans le cadre de la création d’un vaste quartier, la ZAC du Haut-Touquet, que plusieurs diagnostics et fouilles y ont eu lieu. Ainsi, de l’autre côté du talweg, un cercle funéraire de l’âge du Bronze, quelques structures d’habitat et de nombreux faits funéraires dont trois mausolées, y occupent l’espace entre la période laténienne et le IIe s. (DENIMAL 2008). Ils paraissent liés à une vaste occupation diagnostiquée au nord du cimetière et jusqu’ici préservée, dont une infime partie a pu être fouillée. Elle concerne les alentours d’un bâtiment de type agro-pastoral mais aisé, construit sur semelles calcaires et des puits à eau, qui remplacent déjà une occupation un peu plus légère du Ier s. Le tout est détruit par un incendie vers le début du IIIe s. Nous sommes peut-être là au cœur d’un vicus. Le contexte funéraire antique est présent sur l’emprise même du cimetière, puisque 13 tombes à crémation, très pauvres en matériel, mais dont certaines ont pu être datées de la fin du IIe au IIIe siècle, y ont aussi été mises au jour. Si le cimetière s’inscrit aux marges d’un important pôle, notamment funéraire, protohistorique et antique, les opérations environnantes n’ont pas permis de dévoiler l’habitat contemporain du cimetière. Par défaut, il est probable qu’il soit positionné plus à l’ouest, vers le centre de la commune actuelle.

Sur une emprise de 1 500 m² environ, le cimetière a révélé 134 tombes à inhumation, réparties sur huit orientations. Il se poursuit au nord et à l’ouest sans qu’on puisse déterminer un nombre total de sépultures. À proximité d’une zone plus lâche, la sépulture d’un cheval y est apparue. Les datations radio-carbone la datent à plus de 95 % de probabilités entre 256 et 413. On ne peut toutefois l’associer à coup sûr au cimetière dans la mesure où les tombes fouillées les plus anciennes, si elles se trouvent à proximité, y sont datées de la seconde moitié, voire de la fin du Ve siècle.

 

La nature du sédiment n’a pas permis une bonne préservation des matières organiques. Si quelques calottes crâniennes, couronnes dentaires et fragments d’os longs ont parfois gardé un peu de volume, les corps ne sont souvent plus décelables que par une ombre grasse. Le taux de pillage, estimé à moins de la moitié des sépultures, en est donc soumis à caution. Il en est de même pour les contenants, souvent repérables à vue, mais dont il ne reste généralement qu’un liseré blanchâtre à verdâtre plus ou moins subtil. Ils ont toutefois permis la caractérisation de plusieurs types, présents toutes périodes confondues, comme des cercueils à parois verticales ou évasées, des monoxyles, des brancards sur traverses ou non et des chambres funéraires. Quelques traces de couvercles ont été aperçues, ces derniers sont généralement cloués. Les fosses elles aussi ont été aménagées à l’occasion, à l’aide de quelques planches posées ponctuellement au fond, à plat ou de chant, voire d’un réel coffrage. En l’absence de restes osseux, la détermination des âges et des sexes n’a pu être proposée que sur la base de la taille des contenants et de la nature des dépôts. Ainsi, sur 134 sépultures, on dénombre 106 individus de taille adulte (dont 34 hommes et 21 femmes assurées) et 21 enfants (dont 3 garçons et 8 filles assurées).

En combinant les données stratigraphiques, le mobilier et les résultats de la permutation matricielle (effectuée par René Legoux), 94 tombes sur 134 ont pu être assurément datées. Par la suite, par extrapolations, plusieurs autres l’ont été de manière plus hypothétique. Ainsi, quatre grandes phases ont pu être divisées en sept états. L’état 1 (proto-méro) totalise 2 tombes, les états 2a, 2b et 2c (Méro Ancien 1, 2 et 3) en comptent 66, soit près de la moitié du corpus, et voient une évolution progressive du cimetière vers le nord. Il s’agit de la phase la plus riche, en nombre de sépultures comme en qualité, puisque les 3 chambres funéraires mises au jour ici correspondent à l’état 2b (MA2). L’une d’entre elles a d’ailleurs livré, entre autres, 1 mors de cheval, 1 éperon, les restes d’un bassin en cuivre et un triens en or au nom de Justinien Ier. Les états 3a et 3b (Méro Récent 1 et 2-3) correspondent à un éclatement de l’espace funéraire et totalisent 25 sépultures, dont seulement 2 pour le MR3. L’état 4 (carolingien) n’est quant à lui représenté que par une seule sépulture, observée partiellement, mais pourvue d’un dépôt céramique, en l’occurrence un pot à fond lenticulaire (oule) à l’emplacement des pieds du défunt.

 

Le corpus matériel est lui aussi important puisque 117 sépultures sur 134 ont livré au moins 1 objet. Une petite moitié des tombes se sont vues recevoir un dépôt céramique (1/3 des hommes, ¾ des femmes et la moitié des enfants attestés), le plus souvent aux pieds, mais pour 3 cas à la tête et 1 cas au milieu du contenant. 4 cas comprennent 2 vases, et 1 seul cas 3 vases, dont 1 dans le comblement. Les 5 verreries mises au jour ( 2 gobelets apodes, 2 flacons et 1 bol évasé) l’ont toutes été dans des tombes féminines. Par ailleurs, 36 tombes ont livré de l’armement : 1 épée, 4 scramasaxes, 23 fers de lance, 14 haches, 13 fers de flèche, 1 angon, 2 umbos ont été comptabilisés (2 sépultures ont même livré 4 armes). Les 69 boucles simples ou plaque-boucles, parfois richement décorées, en fer ou en base-cuivre, concernent 55 sépultures. Par ailleurs, 11 tombes ont livré un total de 20 fibules (discoïdes cloisonnées, en “S”, digitées, à plateau, à umbo, ansée symétrique...). 7 tombes ont livré une paire de boucles d’oreilles (petites à polyèdre ou avec pendentif à verroteries ou grenats), et 2 autres une épingle à cheveux. On dénombre également 2 bagues et 1 bracelet en argent. Un total de 1048 perles fait aussi partie du corpus (33 sépultures, dont 22 femmes, 3 hommes et 6 petites filles supposées), 2 d’entre elles en comptent plus de 250. D’autres objets usuels ont aussi été rencontrés, comme de nombreux couteaux (pour 35 tombes), des fermoirs d’aumônière, des pinces à épiler, des fusaïoles, des clés, une paire de forces, des fiches à bélière et des briquets. Ce corpus matériel, s’il permet d’emblée de mettre en évidence une certaine hiérarchisation sociale, notamment par l’entremise des trois “tombes de chefs” mises au jour, atteste aussi des influences culturelles et des échanges puisqu’il comprend quelques éléments thuringiens, anglo-saxons et wisigothiques.

 

Avec les cimetières de Houplin-Ancoisne et de Lesquin, le cimetière de Marquette « Haut-Touquet » est l’un des seuls a avoir été fouillé récemment sur l’arrondissement lillois. Ces trois gisements offrent déjà plusieurs similitudes qu’il convient de caractériser de manière plus poussée, notamment en termes de topographie, de chronologie et de mobilier.

 

Laurent Gubellini, Responsable de l’opération

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ARTICLE :

GUBELLINI L., « La nécropole mérovingienne de Marquette-lez-Lille (Nord) », dans Catalogue d’exposition Le haut Moyen Âge dans le nord de la France. Des Francs aux premiers comtes de Flandre, de la fin du IVe au milieu du Xe siècle, Arkeos, Douai, 2015, p. 223.

 


Responsable d'opération :

Laurent Gubellini


Superficie :

2 500 m2


Aménageur :

Eiffage Immobilier


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

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