Chantier 6 PRÉVENTIF- Toufflers

Chantiers archéologiques 

Nord



Toufflers,

« Rue des Déportés »


Ruisseau et sépultures antiques, Nécropole mérovingienne

Époques :

  • Antiquité
  • Haut Moyen Âge
  • Temps modernes

Nord


Toufflers,

« Rue des Déportés » 



Ruisseau et sépultures antiques, Nécropole mérovingienne

Époques :

  • Antiquité
  • Haut Moyen Âge
  • Temps modernes


  • Nord


    Toufflers,

    « Rue des Déportés » 


    Ruisseau et sépultures antiques, Nécropole mérovingienne

    Époques :

    • Antiquité
    • Haut Moyen Âge
    • Temps modernes


    La fouille de la « Rue des Déportés », sur la commune de Toufflers, se situe dans le département du Nord, à 650 m de la frontière belge, face à la province du Hainaut. Le site, d'une surface de 3 000 m², a été découvert au cours d'un diagnostic dirigé par Evelyne Gillet (Inrap) en mars 2018.

     

    Aux époques romaine et mérovingienne, le territoire de Toufflers appartient à la cité des Ménapiens, qui deviendra le diocèse de Tournai. Tournai est située sur l'Escaut, une limite de la Neustrie au VIe s., et un fleuve dont le ruisseau placé en bordure de la fouille est un affluent. Ce cours d'eau temporaire longe la limite nord-ouest du terrain de fouille. Deux tracés anciens ont été mis au jour, un état probablement antérieur au Haut-Empire et un chenal plus récent comblé à l'époque moderne.

     

    Un ensemble de 302 structures a été mis au jour au cours de la fouille. Quatre sépultures à crémation romaines sont installées à proximité du ruisseau antique, avec un réseau de fossés de même période. Une nécropole mérovingienne se développe ensuite, avec 73 sépultures à inhumation placées le long de deux fossés parallèles. Un nouveau réseau de fossés se développe après le XVIe s. et s'inscrit dans l'orientation du ruisseau et des parcelles actuelles.

     

    Les sépultures à inhumation d'époque mérovingienne présentent une orientation générale ouest/est avec tête à l'ouest, quand les crânes sont conservés. Les fosses sépulcrales apparaissent sous la forme d'un creusement de plan quadrangulaire, dont le comblement légèrement plus clair contraste faiblement dans les niveaux de colluvions. Un alignement de quatre moellons en calcaire carbonifère friable et de couleur bleue a été observé en léger affaissement dans le comblement d'une tombe et sur son axe longitudinal, peut-être les derniers vestiges d’un marquage au sol.

     

    Les aménagements internes observés en stratigraphie comprennent 52 coffrages ou cercueils en bois, cinq monoxyles (taillés dans une seule pièce de bois) et deux planches. Ils sont installés dans 30 sépultures sur une à trois traverses déposées au fond du creusement. Des planches de couverture ont été observées dans 12 cas. L'assemblage des coffrages ou cercueils en bois est effectué à l'aide de clous en fer. La présence d'inhumations en pleine terre n'a pu être déterminée, du fait du mauvais état de conservation des squelettes. La mise au jour d'une tête d'épingle dans l’une d’entre elles peut laisser supposer la présence de linceul. Plusieurs tombes présentent des traces de pillage.

     

    Les vestiges mobiliers montrent un degré de conservation variable. Les restes organiques offrent un état contrasté mais généralement médiocre. Les ossements ont disparu dans la majorité des sépultures. Trente et une d'entre-elles recèlent les négatifs d'un squelette ou de quelques os, dont le matériau spongieux et effondré ne peut être prélevé. Cet état limite drastiquement les observations de nature ostéologique. Les rares attestations de faune donnent lieu au même constat. Les vestiges de bois des sépultures sont décelables sous la forme d'un matériau argileux blanc à bleuté/verdâtre avec sur la face supérieure un résidu carboné et noirâtre. Les matériaux résineux tels que l'ambre sont parfaitement préservés. Les restes métalliques sont fortement minéralisés et fragilisés par ce processus, à l'exception des objets en argent et or. Les effets des conditions de conservation sont imperceptibles sur la terre cuite, le verre, la gemme et tout autre minéral.

     

    Les tombes ont livré plus de 660 objets et reflètent les pratiques funéraires habituelles avec une bonne dotation en éléments mobiliers. Les dépôts, composés d’éléments d’armement et d’objets usuels, sont placés dans le contenant sépulcral pour la plupart, à l'exception d'un contenant en céramique placé au-dessus de la planche de couverture. Le mobilier lié au costume funéraire est porté par le défunt ou déposé sur lui ou à ses côtés, à l’intérieur du contenant sépulcral. Les sépultures comportent l’assemblage épée longue/scramasaxe (couteau franc) et pour d'autres des spatha (longues épées), des angons (javelots), des lances et des haches, tous en fer. Elles livrent, parfois associés aux éléments précités ou non, des objets liés au vêtement, avec des boucles et ardillons, des plaque-boucles étamées à décor de gravures, une applique de courroie de baudrier, des fibules discoïdes en argent à décor de granules et gemmes cloisonnées et des rivets scutiformes. La parure comprend des colliers de perles en verre et en ambre (avec parfois plusieurs centaines d'exemplaires par ensemble), de grandes épingles en alliage cuivreux, des anneaux en argent et en alliage cuivreux et des boucles d'oreilles en argent, en or ou agrémentées d’une gemme. L'outillage englobe des couteaux, des paires de forces et des briquets en fer associés à un éclat de silex. Les contenants incluent des aumônières (bourses portées à la ceinture), des éléments en terre cuite (gourde et pots) et en verre soufflé ou moulé à décor.

      

    Thibault Legrand, Responsable d'opération


    ARTICLE :

    LEGRAND TH., coll. WANÈGUE M., « Toufflers, Rue des Déportés », Nord (59), Archéologie médiévale, Chroniques des fouilles médiévales en France, T. 50, Paris, 2020, p. 347-348.


    PLAQUETTE :

    LEGRAND TH., GUBELLINI L., coll. FIÉVET S., Toufflers, une nécropole mérovingienne entre Lille et Tournai, « Archéologie des Hauts-de-France », DRAC Service Régional de l'Archéologie des Hauts-de-France, n°31, 2022.

    Responsable d'opération :

    Thibault Legrand


    Superficie :

    3 000 m²


    Aménageur :

    Vilogia

    

    Rapport final d'opération :

    Rapport disponible auprès de la DRAC des Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie.

     

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