Chantier 27 PRÉVENTIF- Seclin

Chantiers archéologiques 

Nord



Seclin,

« 29 Route de Lille »

Habitat rural, carrière d’extraction de craie, tranchées de la Première Guerre mondiale

 

 

Époques :

  • La Tène ancienne
  • Haut-Empire
  • Contemporain

Nord



Seclin,

« 29 Route de Lille »

Habitat rural, carrière d’extraction de craie, tranchées de la Première Guerre mondiale

 

 

Époques :

  • La Tène ancienne
  • Haut-Empire
  • Époque contemporaine

Nord



Seclin,

« 29 Route de Lille »

Habitat rural, carrière d’extraction de craie, tranchées de la Première Guerre mondiale
 

Époques :

  • La Tène ancienne
  • Haut-Empire
  • Contemporaine

La fouille, menée au « 29 Route de Lille » à Seclin, a été réalisée sur trois secteurs pour une superficie totale de 5 250 m2, dans le cadre du développement d’un pôle tertiaire par la société Cortona Seclin Developpement. L’emprise se situe à moins de 2 km au nord du ruisseau la Naviette, affluent de la Deûle, sur une formation sénonienne, constituée de craie blanche. L’opération archéologique a permis de mettre au jour quatre grandes occupations couvrant la période de la fin de l’âge du Fer aux périodes contemporaines.

  

La première occupation est datée de La Tène ancienne (La Tène A-B2/C1). Elle évolue, essentiellement dans le secteur 1, dans un espace ouvert sur une surface minimale de 833 m2. Elle se caractérise par un bâtiment rectangulaire à 6 poteaux à la fonction indéterminée d’une superficie de 35 m2. Un ensemble de 5 fosses et un silo rayonnent autour de l’édifice. Le silo a livré notamment de l’orge, du blé et du millet, céréales cultivées durant de la période de l’âge du Fer dans la moitié nord de la France. La présence de structures de stockage et d’activités agricoles témoigne d’une occupation domestique agro-pastorale. Cette occupation s’inscrit dans une trame classique, caractéristique du début du second âge du Fer, comparable aux sites de « Delta 3, Plate-forme multimodale » (BLANCQUAERT et alli 2007) et de l' « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 - Lot 2 » (CENSE-BACQUET 2021).

  

La deuxième occupation est datée entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. principalement dans le secteur 2. Elle correspond à l’exploitation, la réutilisation opportuniste et l’abandon d’une carrière de calcaire à ciel ouvert, associée à un ensemble de fosses périphériques en marge de la cavité. L’installation et l’utilisation de la carrière s’établissent entre le Ier siècle avant J.-C. et la période augusto-tibérienne. La circulation démarre au sud de la carrière depuis deux rampes et un escalier qui tournent et forment une boucle autour d’une des quatre zones d’extraction, correspondant à des phases ultimes d’exploitation. L’une des rampes comporte des traces d’ornières. Les zones, exploitées vraisemblablement vers la fin du Ier siècle avant J.-C., portent des traces d’outils (marteau, taillant, ciseau droit, gradine, gouge ?). Les données métriques de la carrière (30 m x 25 m x 3,80 m) ont permis d’évaluer le volume global de craie extraite, à environ 1 540 m3. Cette dernière, identifiée comme la « pierre de Lezennes », originaire des environs de Lille dans le bassin de la Lys-Deûle, pouvait être utilisée pour alimenter les fours à chaux, amender les terres ou asseoir les voiries, les sols et les fondations de murs. Cette phase d’exploitation laisse place à une phase d’utilisation opportuniste de la cavité à la période augusto-tibériennne. Elle se caractérise par l’installation d’une tombe-bûcher, d’une fosse à résidus de crémation et de fosses de rejets (amas de faune et rejets de torchis). Cette réutilisation de carrière en espace funéraire est connue sur le site de Louvres (VIGOT et alii 2014). Les deux individus retrouvés dans les sépultures, le premier, un adulte mature de sexe féminin, et le second, un individu périnatal de sexe indéterminé, posent la question de leur contemporanéité au sein de la cavité réinvestie. Des tests ADN pourraient conforter ou infirmer un lien de parenté entre ces deux individus et éventuellement appuyer l’interprétation d’un accouchement qui aurait mal tourné. La dernière phase de la carrière correspond à son abandon daté entre le milieu du Ier siècle ap. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. Elle est marquée par une dynamique de 12 comblements. L’important mobilier recueilli (céramique, faune, macro-outillage, lithique, métal et scories) a permis de nous éclairer sur les activités et les pratiques alimentaires notamment avec la consommation de faune (bœuf, équidé, capriné, porc, chien, mouton, cheval, oie et coq). Cette dernière, comparable notamment à celle de la carrière de Douchy-les-Mines, semble toutefois être modeste et de tradition laténienne contrairement aux caractéristiques alimentaires de la carrière de Rouvroy, attestant d’un statut plus aisé de par la présence de cerf et de mollusques marins et l’absence de consommation de cheval et de chien. L’alimentation ne se cantonne pas à de la viande puisqu’un pain sub-complet carbonisé a été retrouvé. La fabrication de pain est attestée par la présence d’un fragment de four à pain en cloche mobile et par une activité de mouture, avérée par la mise au jour de trois fragments de meule. Enfin, une possible activité de métallurgie en marge de la carrière est suggérée par le remploi de fragments de meules, d’aiguisoirs/percuteurs, de grattoirs en silex et la présence de scories de fer pour l’entretien et la réparation des outils. L’ensemble du mobilier issu du comblement de la carrière, daté entre le milieu du Ier siècle et le IIe siècle ap. J.-C., permet d’envisager son utilisation comme décharge dans un contexte d’habitat, en marge de l’emprise de fouille, comme c’est le cas pour le site de Rouvroy (HOSDEZ 2011).

  

La troisième occupation se caractérise par l’installation d’un système militaire défensif allemand durant la Première Guerre mondiale, reliant les forts de Noyelles-les-Seclin et Seclin. Localisé dans les secteurs 2 et 3, il s’organise en deux lignes de défense, espacées de 33 m l’une de l’autre. Située au nord, la première ligne offre un plan à tranchées à traverses en U et à traverses tournantes, greffées de deux abris en arrière-ligne et d’un avant-poste (poste de surveillance). La seconde ligne, positionnée au sud, s’agence en un boyau sinueux irrégulier, donnant accès à deux abris en arrière de ligne. De nombreux aménagements ont été trouvés au sein des structures des deux lignes. Les tranchées peuvent comporter des banquettes de tir permettant aux soldats de se positionner lors des affrontements, des rigoles d’évacuation d’eaux usées parfois planchéiées et des escaliers facilitant leur accès. Les abris sont généralement rattachés aux tranchées par un boyau de communication, excepté l’avant-poste qui se démarque par une double entrée reliée à deux tranchées. D’une superficie comprise entre 20,40 m2 et 66,37 m2, ils sont agrémentés d’escaliers planchéiés et cloutés, pouvant être desservis par un caillebotis qui permettent leur accès, de puisards situés à l’entrée des abris pour recueillir les eaux usées, de trous de poteau, de mur de refend ou encore de sablières basses pour l’installation de planchers en bois ou de murs. Le mobilier (céramique, métal, faune) illustre les conditions de vie quotidiennne dans les tranchées par la nourriture (boîte de conserve), la consommation opportuniste de lapin et la vaisselle (porcelaine). Il documente aussi l’architecture des tranchées et des abris au travers des assemblages de pièces (boulons, agrafes, charnières), des outils employés (pelles), de la construction des rigoles (fragments de canalisation) et sur l’armement employé (grenade fumigène de 1917) et les moyens défensifs usités (fils de fer). Du point de vue historique, ce système défensif est opérationnel entre le 22 octobre 1916 et le 11 octobre 1917. Les origines de ce système allemand restent sans réponse mais elles ne peuvent être antérieures au mois d’août 1914 avec l’arrivée des allemands sur la place forte de Lille.

  

La dernière occupation correspond aux vestiges d’anciennes usines implantées à partir des années 1950. Caractérisés par des plots, une cuve, deux bâtiments bétonnés, assisés de parpaings pour le premier et de briques pour le second, ces reliquats témoignent de l’ère industrielle du XXe siècle.

     

Jérôme Marian, Responsable d'opération

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Responsable d'opération :

Jérôme Marian

 

Superficie :

5 250 m2

Aménageur :

Société Cortona Seclin Developpement


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

La fouille, menée au « 29 Route de Lille » à Seclin, a été réalisée sur trois secteurs pour une superficie totale de 5 250 m2, dans le cadre du développement d’un pôle tertiaire par la société Cortona Seclin Developpement. L’emprise se situe à moins de 2 km au nord du ruisseau la Naviette, affluent de la Deûle, sur une formation sénonienne, constituée de craie blanche. L’opération archéologique a permis de mettre au jour quatre grandes occupations couvrant la période de la fin de l’âge du Fer aux périodes contemporaines.

  

La première occupation est datée de La Tène ancienne (La Tène A-B2/C1). Elle évolue, essentiellement dans le secteur 1, dans un espace ouvert sur une surface minimale de 833 m2. Elle se caractérise par un bâtiment rectangulaire à 6 poteaux à la fonction indéterminée d’une superficie de 35 m2. Un ensemble de 5 fosses et un silo rayonnent autour de l’édifice. Le silo a livré notamment de l’orge, du blé et du millet, céréales cultivées durant de la période de l’âge du Fer dans la moitié nord de la France. La présence de structures de stockage et d’activités agricoles témoigne d’une occupation domestique agro-pastorale. Cette occupation s’inscrit dans une trame classique, caractéristique du début du second âge du Fer, comparable aux sites de « Delta 3, Plate-forme multimodale » (BLANCQUAERT et alli 2007) et de l' « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 - Lot 2 » (CENSE-BACQUET 2021).

  

La deuxième occupation est datée entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. principalement dans le secteur 2. Elle correspond à l’exploitation, la réutilisation opportuniste et l’abandon d’une carrière de calcaire à ciel ouvert, associée à un ensemble de fosses périphériques en marge de la cavité. L’installation et l’utilisation de la carrière s’établissent entre le Ier siècle avant J.-C. et la période augusto-tibérienne. La circulation démarre au sud de la carrière depuis deux rampes et un escalier qui tournent et forment une boucle autour d’une des quatre zones d’extraction, correspondant à des phases ultimes d’exploitation. L’une des rampes comporte des traces d’ornières. Les zones, exploitées vraisemblablement vers la fin du Ier siècle avant J.-C., portent des traces d’outils (marteau, taillant, ciseau droit, gradine, gouge ?). Les données métriques de la carrière (30 m x 25 m x 3,80 m) ont permis d’évaluer le volume global de craie extraite, à environ 1 540 m3. Cette dernière, identifiée comme la « pierre de Lezennes », originaire des environs de Lille dans le bassin de la Lys-Deûle, pouvait être utilisée pour alimenter les fours à chaux, amender les terres ou asseoir les voiries, les sols et les fondations de murs. Cette phase d’exploitation laisse place à une phase d’utilisation opportuniste de la cavité à la période augusto-tibériennne. Elle se caractérise par l’installation d’une tombe-bûcher, d’une fosse à résidus de crémation et de fosses de rejets (amas de faune et rejets de torchis). Cette réutilisation de carrière en espace funéraire est connue sur le site de Louvres (VIGOT et alii 2014). Les deux individus retrouvés dans les sépultures, le premier, un adulte mature de sexe féminin, et le second, un individu périnatal de sexe indéterminé, posent la question de leur contemporanéité au sein de la cavité réinvestie. Des tests ADN pourraient conforter ou infirmer un lien de parenté entre ces deux individus et éventuellement appuyer l’interprétation d’un accouchement qui aurait mal tourné. La dernière phase de la carrière correspond à son abandon daté entre le milieu du Ier siècle ap. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. Elle est marquée par une dynamique de 12 comblements. L’important mobilier recueilli (céramique, faune, macro-outillage, lithique, métal et scories) a permis de nous éclairer sur les activités et les pratiques alimentaires notamment avec la consommation de faune (bœuf, équidé, capriné, porc, chien, mouton, cheval, oie et coq). Cette dernière, comparable notamment à celle de la carrière de Douchy-les-Mines, semble toutefois être modeste et de tradition laténienne contrairement aux caractéristiques alimentaires de la carrière de Rouvroy, attestant d’un statut plus aisé de par la présence de cerf et de mollusques marins et l’absence de consommation de cheval et de chien. L’alimentation ne se cantonne pas à de la viande puisqu’un pain sub-complet carbonisé a été retrouvé. La fabrication de pain est attestée par la présence d’un fragment de four à pain en cloche mobile et par une activité de mouture, avérée par la mise au jour de trois fragments de meule. Enfin, une possible activité de métallurgie en marge de la carrière est suggérée par le remploi de fragments de meules, d’aiguisoirs/percuteurs, de grattoirs en silex et la présence de scories de fer pour l’entretien et la réparation des outils. L’ensemble du mobilier issu du comblement de la carrière, daté entre le milieu du Ier siècle et le IIe siècle ap. J.-C., permet d’envisager son utilisation comme décharge dans un contexte d’habitat, en marge de l’emprise de fouille, comme c’est le cas pour le site de Rouvroy (HOSDEZ 2011).

  

La troisième occupation se caractérise par l’installation d’un système militaire défensif allemand durant la Première Guerre mondiale, reliant les forts de Noyelles-les-Seclin et Seclin. Localisé dans les secteurs 2 et 3, il s’organise en deux lignes de défense, espacées de 33 m l’une de l’autre. Située au nord, la première ligne offre un plan à tranchées à traverses en U et à traverses tournantes, greffées de deux abris en arrière-ligne et d’un avant-poste (poste de surveillance). La seconde ligne, positionnée au sud, s’agence en un boyau sinueux irrégulier, donnant accès à deux abris en arrière de ligne. De nombreux aménagements ont été trouvés au sein des structures des deux lignes. Les tranchées peuvent comporter des banquettes de tir permettant aux soldats de se positionner lors des affrontements, des rigoles d’évacuation d’eaux usées parfois planchéiées et des escaliers facilitant leur accès. Les abris sont généralement rattachés aux tranchées par un boyau de communication, excepté l’avant-poste qui se démarque par une double entrée reliée à deux tranchées. D’une superficie comprise entre 20,40 m2 et 66,37 m2, ils sont agrémentés d’escaliers planchéiés et cloutés, pouvant être desservis par un caillebotis qui permettent leur accès, de puisards situés à l’entrée des abris pour recueillir les eaux usées, de trous de poteau, de mur de refend ou encore de sablières basses pour l’installation de planchers en bois ou de murs. Le mobilier (céramique, métal, faune) illustre les conditions de vie quotidiennne dans les tranchées par la nourriture (boîte de conserve), la consommation opportuniste de lapin et la vaisselle (porcelaine). Il documente aussi l’architecture des tranchées et des abris au travers des assemblages de pièces (boulons, agrafes, charnières), des outils employés (pelles), de la construction des rigoles (fragments de canalisation) et sur l’armement employé (grenade fumigène de 1917) et les moyens défensifs usités (fils de fer). Du point de vue historique, ce système défensif est opérationnel entre le 22 octobre 1916 et le 11 octobre 1917. Les origines de ce système allemand restent sans réponse mais elles ne peuvent être antérieures au mois d’août 1914 avec l’arrivée des allemands sur la place forte de Lille.

  

La dernière occupation correspond aux vestiges d’anciennes usines implantées à partir des années 1950. Caractérisés par des plots, une cuve, deux bâtiments bétonnés, assisés de parpaings pour le premier et de briques pour le second, ces reliquats témoignent de l’ère industrielle du XXe siècle.

  

Jérôme Marian, Responsable d'opération

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Responsable d'opération :

Jérôme Marian

 

Superficie :

5 250 m2


Aménageur :

Société Cortona Seclin Developpement


Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie


La fouille, menée au « 29 Route de Lille » à Seclin, a été réalisée sur trois secteurs pour une superficie totale de 5 250 m2, dans le cadre du développement d’un pôle tertiaire par la société Cortona Seclin Developpement. L’emprise se situe à moins de 2 km au nord du ruisseau la Naviette, affluent de la Deûle, sur une formation sénonienne, constituée de craie blanche. L’opération archéologique a permis de mettre au jour quatre grandes occupations couvrant la période de la fin de l’âge du Fer aux périodes contemporaines.

  

La première occupation est datée de La Tène ancienne (La Tène A-B2/C1). Elle évolue, essentiellement dans le secteur 1, dans un espace ouvert sur une surface minimale de 833 m2. Elle se caractérise par un bâtiment rectangulaire à 6 poteaux à la fonction indéterminée d’une superficie de 35 m2. Un ensemble de 5 fosses et un silo rayonnent autour de l’édifice. Le silo a livré notamment de l’orge, du blé et du millet, céréales cultivées durant de la période de l’âge du Fer dans la moitié nord de la France. La présence de structures de stockage et d’activités agricoles témoigne d’une occupation domestique agro-pastorale. Cette occupation s’inscrit dans une trame classique, caractéristique du début du second âge du Fer, comparable aux sites de « Delta 3, Plate-forme multimodale » (BLANCQUAERT et alli 2007) et de l' « Extension de la plate-forme multimodale Delta 3 - Lot 2 » (CENSE-BACQUET 2021).

  

La deuxième occupation est datée entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. principalement dans le secteur 2. Elle correspond à l’exploitation, la réutilisation opportuniste et l’abandon d’une carrière de calcaire à ciel ouvert, associée à un ensemble de fosses périphériques en marge de la cavité. L’installation et l’utilisation de la carrière s’établissent entre le Ier siècle avant J.-C. et la période augusto-tibérienne. La circulation démarre au sud de la carrière depuis deux rampes et un escalier qui tournent et forment une boucle autour d’une des quatre zones d’extraction, correspondant à des phases ultimes d’exploitation. L’une des rampes comporte des traces d’ornières. Les zones, exploitées vraisemblablement vers la fin du Ier siècle avant J.-C., portent des traces d’outils (marteau, taillant, ciseau droit, gradine, gouge ?). Les données métriques de la carrière (30 m x 25 m x 3,80 m) ont permis d’évaluer le volume global de craie extraite, à environ 1 540 m3. Cette dernière, identifiée comme la « pierre de Lezennes », originaire des environs de Lille dans le bassin de la Lys-Deûle, pouvait être utilisée pour alimenter les fours à chaux, amender les terres ou asseoir les voiries, les sols et les fondations de murs. Cette phase d’exploitation laisse place à une phase d’utilisation opportuniste de la cavité à la période augusto-tibériennne. Elle se caractérise par l’installation d’une tombe-bûcher, d’une fosse à résidus de crémation et de fosses de rejets (amas de faune et rejets de torchis). Cette réutilisation de carrière en espace funéraire est connue sur le site de Louvres (Vigot et alii 2014). Les deux individus retrouvés dans les sépultures, le premier, un adulte mature de sexe féminin, et le second, un individu périnatal de sexe indéterminé, posent la question de leur contemporanéité au sein de la cavité réinvestie. Des tests ADN pourraient conforter ou infirmer un lien de parenté entre ces deux individus et éventuellement appuyer l’interprétation d’un accouchement qui aurait mal tourné. La dernière phase de la carrière correspond à son abandon daté entre le milieu du Ier siècle ap. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. Elle est marquée par une dynamique de 12 comblements. L’important mobilier recueilli (céramique, faune, macro-outillage, lithique, métal et scories) a permis de nous éclairer sur les activités et les pratiques alimentaires notamment avec la consommation de faune (bœuf, équidé, capriné, porc, chien, mouton, cheval, oie et coq). Cette dernière, comparable notamment à celle de la carrière de Douchy-les-Mines, semble toutefois être modeste et de tradition laténienne contrairement aux caractéristiques alimentaires de la carrière de Rouvroy, attestant d’un statut plus aisé de par la présence de cerf et de mollusques marins et l’absence de consommation de cheval et de chien. L’alimentation ne se cantonne pas à de la viande puisqu’un pain sub-complet carbonisé a été retrouvé. La fabrication de pain est attestée par la présence d’un fragment de four à pain en cloche mobile et par une activité de mouture, avérée par la mise au jour de trois fragments de meule. Enfin, une possible activité de métallurgie en marge de la carrière est suggérée par le remploi de fragments de meules, d’aiguisoirs/percuteurs, de grattoirs en silex et la présence de scories de fer pour l’entretien et la réparation des outils. L’ensemble du mobilier issu du comblement de la carrière, daté entre le milieu du Ier siècle et le IIe siècle ap. J.-C., permet d’envisager son utilisation comme décharge dans un contexte d’habitat, en marge de l’emprise de fouille, comme c’est le cas pour le site de Rouvroy (HOSDEZ 2011)

  

La troisième occupation se caractérise par l’installation d’un système militaire défensif allemand durant la Première Guerre mondiale, reliant les forts de Noyelles-les-Seclin et Seclin. Localisé dans les secteurs 2 et 3, il s’organise en deux lignes de défense, espacées de 33 m l’une de l’autre. Située au nord, la première ligne offre un plan à tranchées à traverses en U et à traverses tournantes, greffées de deux abris en arrière-ligne et d’un avant-poste (poste de surveillance). La seconde ligne, positionnée au sud, s’agence en un boyau sinueux irrégulier, donnant accès à deux abris en arrière de ligne. De nombreux aménagements ont été trouvés au sein des structures des deux lignes. Les tranchées peuvent comporter des banquettes de tir permettant aux soldats de se positionner lors des affrontements, des rigoles d’évacuation d’eaux usées parfois planchéiées et des escaliers facilitant leur accès. Les abris sont généralement rattachés aux tranchées par un boyau de communication, excepté l’avant-poste qui se démarque par une double entrée reliée à deux tranchées. D’une superficie comprise entre 20,40 m2 et 66,37 m2, ils sont agrémentés d’escaliers planchéiés et cloutés, pouvant être desservis par un caillebotis qui permettent leur accès, de puisards situés à l’entrée des abris pour recueillir les eaux usées, de trous de poteau, de mur de refend ou encore de sablières basses pour l’installation de planchers en bois ou de murs. Le mobilier (céramique, métal, faune) illustre les conditions de vie quotidiennne dans les tranchées par la nourriture (boîte de conserve), la consommation opportuniste de lapin et la vaisselle (porcelaine). Il documente aussi l’architecture des tranchées et des abris au travers des assemblages de pièces (boulons, agrafes, charnières), des outils employés (pelles), de la construction des rigoles (fragments de canalisation) et sur l’armement employé (grenade fumigène de 1917) et les moyens défensifs usités (fils de fer). Du point de vue historique, ce système défensif est opérationnel entre le 22 octobre 1916 et le 11 octobre 1917. Les origines de ce système allemand restent sans réponse mais elles ne peuvent être antérieures au mois d’août 1914 avec l’arrivée des allemands sur la place forte de Lille.

  

La dernière occupation correspond aux vestiges d’anciennes usines implantées à partir des années 1950. Caractérisés par des plots, une cuve, deux bâtiments bétonnés, assisés de parpaings pour le premier et de briques pour le second, ces reliquats témoignent de l’ère industrielle du XXe siècle.

  

Jérôme Marian, Responsable d'opération

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Responsable d'opération :

Jérôme Marian


Superficie :

5 250 m2


Aménageur :

Société Cortona Seclin Developpement



Rapport final d'opération :

Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie

 

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