Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie
Chantiers archéologiques
Hardifort
Meulen Veld
Occupations rurales laténienne, antique et médiévale
Le projet d’aménagement d’une zone d’activité artisanale à Hardifort, par la communauté de communes du Pays de Cassel, a donné lieu en avril 2009 à un diagnostic réalisé sur près de 7 ha. Les vestiges mis au jour ont permis de distinguer deux zones de concentrations de structures protohistoriques distantes entre elles de près de 200 m. La fouille de ces deux secteurs (A : 3500 m² et B : 2,10 ha) s’est déroulée de juin à septembre 2010. Elle a permis de mettre au jour une succession d’occupations datées du second Âge du Fer à la fin du XVIe s. Des hiatus sont observés sur chacune des emprises de fouilles et la densité de structures est disparate d’un secteur à l’autre.
Les premières occupations répertoriées sur le site sont datées de La Tène ancienne (phase I). Il s’agit, tant sur le secteur A que le secteur B, de petites zones ouvertes sans organisation apparente caractérisées par la présence de fosses aux fonctions non déterminées.
Dès le début de La Tène moyenne, deux occupations se développent, dans la moitié orientale du secteur B, de part et d’autre d’un long fossé qui traverse l’emprise de fouille (phase II). La plus orientale correspond à un établissement agricole composé d’un bâtiment à une nef, d’un petit grenier aérien et de fosses de rejets. On dénote également une petite activité métallurgique avec des rejets de mobiliers liés au travail de forge (culots, parois de forge, scories). La seconde occupation est caractérisée par la présence de deux enclos quadrangulaires délimitant des espaces clos d’environ 100 m². Ces derniers sont distants l’un de l’autre d’une cinquantaine de mètres et se répartissent dans un vaste espace de plus de 3000 m² pratiquement vide de structures. établie entre le IIIe et IIe siècle avant notre ère, cette occupation continue à être entretenue et remise en valeur par la population dès la période suivante.
Durant La Tène finale, une partie de l’occupation précédente perdure et s’intensifie autour de l’un des enclos quadrangulaires créé dès La Tène moyenne (phase III). Celui-ci est remis en valeur et intégré à l’une des parcelles d’un plus vaste enclos trapézoïdal. Dans la parcelle orientale, un puissant bâtiment sur trous de poteaux, puis sur sablières basses, est édifié sur un petit promontoire naturel. Il est ceinturé par un enclos quadrangulaire dont l’orientation et les dimensions rappellent celles de l’enclos précédemment décrit et situé 20 m en contrebas. Cette vaste occupation, datée entre 110 et 40 avant notre ère, est la continuité de celle mise en place dès La Tène moyenne. Ces enclos quadrangulaires délimitent probablement des espaces dits « sacrés » rattachés à une activité cultuelle qui se déroule notamment à l’intérieur du bâtiment central (foyers internes, dépôt de fauchard dans un trou de poteau, mise en scène sur un petit promontoire...).
Aucune rupture n’a lieu sur le site entre l’époque laténienne et romaine, l’aspect funéraire se développe, notamment au IIe s. de notre ère, avec la mise en place d’une tombe à crémation dans l’angle nord-est de l’enclos laténien 2086 (phase IV). En dehors de l’espace cultuel, un vaste parcellaire est mis en place, orienté nord-ouest/sud-est, voué aux cultures ou au pacage.
Après un long hiatus, deux unités domestiques distinctes sont implantées sur les deux secteurs de fouille, entre 975 et 1025. La plus dense localisée sur le secteur A, en bas de pente, est délimitée par de puissants fossés de drainage et desservie par un chemin d’accès. À l’intérieur s’agence une vaste habitation centrale de près de 160 m² (phase VI-1). Très rapidement, l’habitation va être détruite et cette parcelle de terrain va être dévolue à l’artisanat et aux activités agricoles avec notamment la présence de nombreux restes carpologiques typiques d’une activité de séchage du grain. L’habitat semble avoir été déplacé vers l’est avec la présence d’une construction sur poteaux, puis sur sablière basse (phase VI-2). Durant la première moitié du XIe siècle, les bâtiments liés à l’unité domestique ont disparu et les parcelles redeviennent des zones de pacage et de culture (phase VI-3). Sur le secteur B, au nord-ouest de l’emprise, un bâtiment, de même envergure et surtout de même orientation que celui mis en place sur le secteur A (phase VI-1) va être établi à l’intérieur d’un parcellaire très lâche délimitant de vastes parcelles agricoles. L’occupation s’est probablement plus largement développée au nord, hors emprise.
Après la période carolingienne, le même phénomène s’observe sur les secteurs A et B, les parcelles redeviennent des terres agricoles (phase VII, VIII, IX et X).
La fouille avait pour objectif de mettre en évidence une occupation protohistorique rurale non caractérisée. Cette dernière a notamment permis de mettre au jour, sur le secteur B, un établissement agricole des III-IIe siècles avant notre ère ainsi qu’une longue occupation cultuelle mise en place dès La Tène moyenne et toujours en usage jusqu’au IIe siècle de notre ère. L’extension de l’occupation laténienne est assurée au nord et au nord-ouest de l’emprise.
Sur le secteur A, l’occupation protohistorique a été moins dense que prévue, mais la fouille a permis de dégager, contre toute attente, une unité domestique carolingienne se développant vers le sud et l’est.
Hélène DUVIVIER, Responsable d'opération
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