Suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en 2005, une importante villa gallo-romaine à plan axial a pu être en grande partie étudiée. Positionnée sur un versant prononcé des contreforts des monts de Flandres et se poursuivant vers l’est et l’ouest, au-delà de l’emprise prescrite, elle a pu livrer de nombreux éléments témoignant d’un statut socio-économique très élevé de ses occupants : de nombreuses fondations en grès local, une cave, une citerne et un bassin d’agrément matérialisant l’accès à la partie résidentielle en témoignent, tout comme les nombreux éléments matériels qui y ont été retrouvés : verres à vitre, ardoises, marbres parfois importés depuis les Pyrénées orientales, tubulures, enduits peints, ainsi qu’une grande proportion de céramiques importées (Italie, Espagne, Liban...). Cela est aussi confirmé par les restes fauniques mis au jour, qui témoignent, depuis la création, d’une acculturation romaine manifeste, même si dans de rares cas, le cheval et le chien semblent consommés.
Elle semble avoir été créée ex-nihilo. Son premier état, daté du tout début du Ier siècle de notre ère, bien que lacunaire, est constitué de bâtiments sur poteaux mais aussi d’une cave maçonnée. Un puits matérialise le passage à la partie résidentielle. Dans la partie agro-pastorale, à l’est, plusieurs petits bâtiments existent, séparés par un réseau de fossés de partition qui paraît distribuer les diverses activités (stockage, petite forge (?), gestion de productions céréalières, notamment le blé amidonnier) autour d’une grande cour centrale. La partie résidentielle est ensuite progressivement reconstruite en dur à partir de la seconde moitié du même siècle. Elle comprend à présent 2 ailes parallèles au nord et au sud, reliées en façade par un imposant bassin longiligne, de près de 35 mètres de long, qui jouxte une citerne située dans son parfait prolongement. Elle paraît munie d’un escalier. Ces nouveaux éléments de façade sont entièrement tapissés de mortier de tuileau. Le bassin a semble-t-il gardé les traces de l’arrachage d’un système d’adduction d’eau associé. Étrangement, la cave paraît disparaître dès cette période. Dans la partie agro-pastorale, certains bâtiments disparaissent, d’autres voient le jour. C’est aussi le cas de plusieurs fossés de partition, même si la configuration générale de la propriété reste inchangée. C’est durant cette période qu’une activité dédiée au pressage apparaît sur le site. À l’extrémité nord-ouest de la partie agro-pastorale, plusieurs bases de pressoirs ont en effet vu le jour.
Le début du IIe siècle est marqué par une campagne de reconstruction partielle qui va de concert avec la suppression de la citerne jouxtant le bassin, puis du bassin. Ces disparitions prématurées ne sont aucunement liées à un quelconque contexte économique ou social. Elles paraissent avoir été délaissées rapidement en raison d’une forte déstabilisation du puits antérieur, ayant entraîné une partie des sols et des fondations de ces éléments par suffosion. À cette occasion, le sol de la citerne est d’ailleurs passé progressivement à la verticale. La reconstruction partielle des deux ailes de la partie résidentielle, au nord et au sud, va de paire avec la création d’un petit muret les séparant de la partie agro-pastorale. Au sud-est, un bâtiment circulaire voit le jour. Il serait tentant, de par son plan, de l’associer à un contexte de thermes, mais aucun élément matériel ne peut venir étayer cette hypothèse, cette partie du site, située plus en hauteur, a en effet subi un arasement plus important qu’ailleurs. La partie agro-pastorale continue quant à elle d’évoluer, voyant la disparition de certains anciens bâtiments au profit de nouveaux, toujours agencés sur poteaux, sauf pour un : au sud, ce qui ressemble à une grande grange, munie de plusieurs contreforts externes, et apparemment entièrement ouverte vers la partie habitat, qui elle est construite en dur, selon le même appareillage que les bâtiments de la partie résidentielle. Le réseau fossoyé opère de nouvelles modifications, toujours mineures, et plusieurs autres bases de pressoirs apparaissent toujours dans le secteur nord-ouest. Les nombreux prélèvements carpologiques qui y ont été effectués indiquent que le traitement des récoltes avait lieu sur place, au niveau de l’aile septentrionale. L’aile méridionale était quant à elle dévolue au stockage du fourrage et des épillets, ce qui est confirmé par la présence de la grange. La villa en tant que telle ne perdure pas au-delà du milieu du IIIe siècle. C’est à cette période que de nouvelles activités se développent à l’ouest avec l’apparition de plusieurs pressoirs dont l’utilisation précise reste à déterminer.
La fin de l’occupation antique du site n’est pas postérieure au 2eme tiers du IIIe siècle. Comme souvent dans la région, après l’apparition d’un réseau parcellaire médiéval, le site parait inerte jusqu’à la bataille de la Lys en avril 1918, date à laquelle il est constellé de trous d’obus.
Laurent GUBELLINI, Responsable de l’opération
Contacter Laurent Gubellini
ARTICLE :
GUBELLINI L., « Bailleul, une
villa
à plan axial »,
Cahiers du cercle archéologique de Bailleul
n°10, ville de Bailleul, 2009.
PLAQUETTE :
GUBELLINI L., Coll. LAGACHE B., FIEVET S.,
Bailleul, la ZAC des Collines, une villa gallo-romaine en Flandre, Archéologie en Nord-Pas-de-Calais, DRAC-SRA, n° 23, 2009.
Responsable d'opération :
Laurent Gubellini
Superficie :
25 000 m2
Aménageur :
Ville de Bailleul
Rapport final d'opération :
Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie
Suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en 2005, une importante villa gallo-romaine à plan axial a pu être en grande partie étudiée. Positionnée sur un versant prononcé des contreforts des monts de Flandres et se poursuivant vers l’est et l’ouest, au-delà de l’emprise prescrite, elle a pu livrer de nombreux éléments témoignant d’un statut socio-économique très élevé de ses occupants : de nombreuses fondations en grès local, une cave, une citerne et un bassin d’agrément matérialisant l’accès à la partie résidentielle en témoignent, tout comme les nombreux éléments matériels qui y ont été retrouvés : verres à vitre, ardoises, marbres parfois importés depuis les Pyrénées orientales, tubulures, enduits peints, ainsi qu’une grande proportion de céramiques importées (Italie, Espagne, Liban...). Cela est aussi confirmé par les restes fauniques mis au jour, qui témoignent, depuis la création, d’une acculturation romaine manifeste, même si dans de rares cas, le cheval et le chien semblent consommés.
Elle semble avoir été créée ex-nihilo. Son premier état, daté du tout début du Ier siècle de notre ère, bien que lacunaire, est constitué de bâtiments sur poteaux mais aussi d’une cave maçonnée. Un puits matérialise le passage à la partie résidentielle. Dans la partie agro-pastorale, à l’est, plusieurs petits bâtiments existent, séparés par un réseau de fossés de partition qui paraît distribuer les diverses activités (stockage, petite forge (?), gestion de productions céréalières, notamment le blé amidonnier) autour d’une grande cour centrale. La partie résidentielle est ensuite progressivement reconstruite en dur à partir de la seconde moitié du même siècle. Elle comprend à présent 2 ailes parallèles au nord et au sud, reliées en façade par un imposant bassin longiligne, de près de 35 mètres de long, qui jouxte une citerne située dans son parfait prolongement. Elle paraît munie d’un escalier. Ces nouveaux éléments de façade sont entièrement tapissés de mortier de tuileau. Le bassin a semble-t-il gardé les traces de l’arrachage d’un système d’adduction d’eau associé. Étrangement, la cave paraît disparaître dès cette période. Dans la partie agro-pastorale, certains bâtiments disparaissent, d’autres voient le jour. C’est aussi le cas de plusieurs fossés de partition, même si la configuration générale de la propriété reste inchangée. C’est durant cette période qu’une activité dédiée au pressage apparaît sur le site. À l’extrémité nord-ouest de la partie agro-pastorale, plusieurs bases de pressoirs ont en effet vu le jour.
Le début du IIe siècle est marqué par une campagne de reconstruction partielle qui va de concert avec la suppression de la citerne jouxtant le bassin, puis du bassin. Ces disparitions prématurées ne sont aucunement liées à un quelconque contexte économique ou social. Elles paraissent avoir été délaissées rapidement en raison d’une forte déstabilisation du puits antérieur, ayant entraîné une partie des sols et des fondations de ces éléments par suffosion. À cette occasion, le sol de la citerne est d’ailleurs passé progressivement à la verticale. La reconstruction partielle des deux ailes de la partie résidentielle, au nord et au sud, va de paire avec la création d’un petit muret les séparant de la partie agro-pastorale. Au sud-est, un bâtiment circulaire voit le jour. Il serait tentant, de par son plan, de l’associer à un contexte de thermes, mais aucun élément matériel ne peut venir étayer cette hypothèse, cette partie du site, située plus en hauteur, a en effet subi un arasement plus important qu’ailleurs. La partie agro-pastorale continue quant à elle d’évoluer, voyant la disparition de certains anciens bâtiments au profit de nouveaux, toujours agencés sur poteaux, sauf pour un : au sud, ce qui ressemble à une grande grange, munie de plusieurs contreforts externes, et apparemment entièrement ouverte vers la partie habitat, qui elle est construite en dur, selon le même appareillage que les bâtiments de la partie résidentielle. Le réseau fossoyé opère de nouvelles modifications, toujours mineures, et plusieurs autres bases de pressoirs apparaissent toujours dans le secteur nord-ouest. Les nombreux prélèvements carpologiques qui y ont été effectués indiquent que le traitement des récoltes avait lieu sur place, au niveau de l’aile septentrionale. L’aile méridionale était quant à elle dévolue au stockage du fourrage et des épillets, ce qui est confirmé par la présence de la grange. La villa en tant que telle ne perdure pas au-delà du milieu du IIIe siècle. C’est à cette période que de nouvelles activités se développent à l’ouest avec l’apparition de plusieurs pressoirs dont l’utilisation précise reste à déterminer.
La fin de l’occupation antique du site n’est pas postérieure au 2eme tiers du IIIe siècle. Comme souvent dans la région, après l’apparition d’un réseau parcellaire médiéval, le site parait inerte jusqu’à la bataille de la Lys en avril 1918, date à laquelle il est constellé de trous d’obus.
Laurent GUBELLINI, Responsable de l’opération
Contacter Laurent Gubellini
ARTICLE :
GUBELLINI L., « Bailleul, une
villa à plan axial »,
Cahiers du cercle archéologique de Bailleul
n°10, ville de Bailleul, 2009.
PLAQUETTE :
GUBELLINI L., Coll. LAGACHE B., FIEVET
S.,
Bailleul, la ZAC des Collines, une villa gallo-romaine en Flandre, Archéologie en Nord-Pas-de-Calais, DRAC-SRA, n° 23, 2009.
Responsable d'opération :
Laurent Gubellini
Superficie :
25 000 m2
Aménageur :
Ville de Bailleul
Rapport final d'opération :
Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie
Suite à un diagnostic réalisé par l’Inrap en 2005, une importante villa gallo-romaine à plan axial a pu être en grande partie étudiée. Positionnée sur un versant prononcé des contreforts des monts de Flandres et se poursuivant vers l’est et l’ouest, au-delà de l’emprise prescrite, elle a pu livrer de nombreux éléments témoignant d’un statut socio-économique très élevé de ses occupants : de nombreuses fondations en grès local, une cave, une citerne et un bassin d’agrément matérialisant l’accès à la partie résidentielle en témoignent, tout comme les nombreux éléments matériels qui y ont été retrouvés : verres à vitre, ardoises, marbres parfois importés depuis les Pyrénées orientales, tubulures, enduits peints, ainsi qu’une grande proportion de céramiques importées (Italie, Espagne, Liban...). Cela est aussi confirmé par les restes fauniques mis au jour, qui témoignent, depuis la création, d’une acculturation romaine manifeste, même si dans de rares cas, le cheval et le chien semblent consommés.
Elle semble avoir été créée ex-nihilo. Son premier état, daté du tout début du Iee siècle de notre ère, bien que lacunaire, est constitué de bâtiments sur poteaux mais aussi d’une cave maçonnée. Un puits matérialise le passage à la partie résidentielle. Dans la partie agro-pastorale, à l’est, plusieurs petits bâtiments existent, séparés par un réseau de fossés de partition qui paraît distribuer les diverses activités (stockage, petite forge (?), gestion de productions céréalières, notamment le blé amidonnier) autour d’une grande cour centrale. La partie résidentielle est ensuite progressivement reconstruite en dur à partir de la seconde moitié du même siècle. Elle comprend à présent 2 ailes parallèles au nord et au sud, reliées en façade par un imposant bassin longiligne, de près de 35 mètres de long, qui jouxte une citerne située dans son parfait prolongement. Elle paraît munie d’un escalier. Ces nouveaux éléments de façade sont entièrement tapissés de mortier de tuileau. Le bassin a semble-t-il gardé les traces de l’arrachage d’un système d’adduction d’eau associé. Étrangement, la cave paraît disparaître dès cette période. Dans la partie agro-pastorale, certains bâtiments disparaissent, d’autres voient le jour. C’est aussi le cas de plusieurs fossés de partition, même si la configuration générale de la propriété reste inchangée. C’est durant cette période qu’une activité dédiée au pressage apparaît sur le site. À l’extrémité nord-ouest de la partie agro-pastorale, plusieurs bases de pressoirs ont en effet vu le jour.
Le début du IIe siècle est marqué par une campagne de reconstruction partielle qui va de concert avec la suppression de la citerne jouxtant le bassin, puis du bassin. Ces disparitions prématurées ne sont aucunement liées à un quelconque contexte économique ou social. Elles paraissent avoir été délaissées rapidement en raison d’une forte déstabilisation du puits antérieur, ayant entraîné une partie des sols et des fondations de ces éléments par suffosion. À cette occasion, le sol de la citerne est d’ailleurs passé progressivement à la verticale. La reconstruction partielle des deux ailes de la partie résidentielle, au nord et au sud, va de paire avec la création d’un petit muret les séparant de la partie agro-pastorale. Au sud-est, un bâtiment circulaire voit le jour. Il serait tentant, de par son plan, de l’associer à un contexte de thermes, mais aucun élément matériel ne peut venir étayer cette hypothèse, cette partie du site, située plus en hauteur, a en effet subi un arasement plus important qu’ailleurs. La partie agro-pastorale continue quant à elle d’évoluer, voyant la disparition de certains anciens bâtiments au profit de nouveaux, toujours agencés sur poteaux, sauf pour un : au sud, ce qui ressemble à une grande grange, munie de plusieurs contreforts externes, et apparemment entièrement ouverte vers la partie habitat, qui elle est construite en dur, selon le même appareillage que les bâtiments de la partie résidentielle. Le réseau fossoyé opère de nouvelles modifications, toujours mineures, et plusieurs autres bases de pressoirs apparaissent toujours dans le secteur nord-ouest. Les nombreux prélèvements carpologiques qui y ont été effectués indiquent que le traitement des récoltes avait lieu sur place, au niveau de l’aile septentrionale. L’aile méridionale était quant à elle dévolue au stockage du fourrage et des épillets, ce qui est confirmé par la présence de la grange. La villa en tant que telle ne perdure pas au-delà du milieu du IIIe siècle. C’est à cette période que de nouvelles activités se développent à l’ouest avec l’apparition de plusieurs pressoirs dont l’utilisation précise reste à déterminer.
La fin de l’occupation antique du site n’est pas postérieure au 2eme tiers du IIIe siècle. Comme souvent dans la région, après l’apparition d’un réseau parcellaire médiéval, le site parait inerte jusqu’à la bataille de la Lys en avril 1918, date à laquelle il est constellé de trous d’obus.
Laurent GUBELLINI, Responsable de l’opération
ARTICLE :
GUBELLINI L., « Bailleul, une
villa à plan axial »,
Cahiers du cercle archéologique de Bailleul
n°10, ville de Bailleul, 2009.
PLAQUETTE :
GUBELLINI L., Coll. LAGACHE B., FIEVET S., Bailleul, la ZAC des Collines, une villa gallo-romaine en Flandre, Archéologie en Nord-Pas-de-Calais, DRAC-SRA, n° 23, 2009.
Responsable d'opération :
Laurent Gubellini
Superficie :
25 000 m2
Aménageur :
Ville de Bailleul
Rapport final d'opération :
Rapport disponible auprès de la DRAC Hauts-de-France, Service Régional de l'Archéologie